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Judex Jeannot : «Nos dirigeants doivent apprécier nos résultats à leur juste valeur»

31 octobre 2011, 00:00

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Judex Jeannot : «Nos dirigeants doivent apprécier nos résultats à leur juste valeur»

L’édition 2011 des Championnats du Monde n’aura pas été plus fructueuse que la précédente. Comme en Autriche il y a deux ans, Fabrice Bauluck foulera le sol mauricien le 3 novembre avec une médaille d’argent. La deuxième médaille mauricienne a été décrochée par Facson Perrine et elle a la couleur du bronze.

Avec ces deux médailles, le kick-boxing mauricien prouve sa constance…

C’est certes une performance honorable. Surtout que le niveau de la compétition a encore une fois monté de plusieurs crans. La médaille d’argent de Fabrice Bauluck est très prometteuse. Par son parcours, il confirme avoir la classe pour devenir champion du Monde. Ce titre, il essaiera de l’atteindre dans deux ans au Brésil. Quant à Facson Perrine, il a remporté ses trois combats à l’unanimité des juges. Pour un jeune de 18 ans qui en est à ses premiers Championnats du Monde, c’est énorme. Il mérite bien sa médaille.

Vainqueur à la dernière Coupe du Monde en mai, James Agathe n’arrive pas à confirmer chez les -81 kg. Est-ce la médaille qui vous manque ?

Après le bronze en 2009, on comptait certainement sur lui. C’est une déception mais objectivement sa défaite était logique. Face au Croate Bajic Zlatko, il avait mal boxé. Il n’a pas su imposer sa boxe. James n’en a fait qu’à sa tête. Il n’a pas écouté les consignes et tactiquement il a fait des mauvais choix. S’il veut continuer le haut niveau, il faudra qu’il se montre plus discipliné à l’avenir.

Un quatrième élément, Murvin Babajee, a été éliminé dès son premier combat dans le tournoi de K1. Est-ce une surprise ?
Murvin Babajee s’entraîne en France depuis trois ans. C’est un garçon motivé mais malheureusement, il n’a pas reçu la préparation adéquate pour une compétition de cette envergure. Cela a également été le cas de Niven Ramasubbu qui s’était préparé en Angleterre en 2009.

Les parcours de ces deux tireurs témoigne-t-il du fait que la progression d’un kick-boxer mauricien n’est pas forcément meilleure à l’étranger ?

A Maurice, nous avons notre propre école de kick-boxing. Nous avons toujours formé nos tireurs sans expertise étrangère. Jusqu’ici cela nous a été favorable. Le plus important pour un boxeur c’est de bien s’intégrer dans l’environnement dans lequel il s’entraîne. On se sent toujours mieux chez soi avec sa famille.

Vous misiez également sur un titre mondial pour Fabrice Bauluck. Qu’est-ce qui lui a manqué pour le décrocher ?

Un arbitrage moins partial. Au début du deuxième round, il écope d’un point négatif. Pourtant auparavant, notre boxeur n’avait reçu aucun avertissement. Selon le règlement, en cas de faute, il faut que l’arbitre donne un premier avertissement au boxeur avant de le pénaliser. Mais dans le cas de Fabrice, il a sauté les étapes. Qui plus est, Fabrice Bauluck s’alignait pour la finale quelques heures seulement après sa demi-finale alors que son adversaire Russe, Borsov Astemir, en était à son premier combat de la journée, son adversaire en demi-finale ayant été disqualifié pour excès de poids. Qui plus est, Fabrice Bauluck a infligé plusieurs coups efficaces à son adversaire qui n’ont pas été comptabilisés.

Vous semblez très aigris pour ces événements… Je suis dégoûté car Facson Perrine a, également, souffert d’un mauvais arbitrage contre le Russe Denis Lukashov en demi-finales. Je ne dis pas que nous devions gagner les deux combats. Mais nous méritions d’avoir des chances égales. Ce n’est pas parce que Maurice est une petite équipe qu’on doit nous négliger. Nos tireurs ont beaucoup donné pour pouvoir être de la partie.

L’or échappe peut-être à Fabrice Bauluck mais le tireur semble avoir remporté une plus grosse bataille. Qu’en pensez-vous ?

Il n’y a aucun doute là-dessus. Lors de ces Mondiaux, Fabrice Bauluck a retrouvé sa confiance en lui. Depuis sa blessure à l’œil gauche en mai 2010, il n’avait pas été si épanoui sur un ring. L’artiste a retrouvé toute sa classe.


Soixante-et-un pays ont participé à cette édition des Mondiaux. Ce record de participation montre que la discipline respire la santé au niveau international…

C’est un fait. Le niveau des participants a tout aussi progressé. Les tireurs des pays des l’Est, en particulier les Russes, sont de plus en plus forts. Lors de la première journée des finales tenue vendredi, la Russie a remporté six des huit finales à l’affiche en low-kick et K-1. D’autres pays comme la Turquie, le Brésil et la France sont en fulgurante progression.

Les tireurs mauriciens ont-ils la capacité de suivre la cadence ?

Nos boxeurs ont certainement beaucoup de capacité. Si on aspire à continuer à côtoyer le haut niveau, il faut qu’on ait plus de soutien. Si on continue au même rythme alors que les autres pays accélèrent, il nous sera difficile d’être sur le podium dans quelques années. Les meilleures équipes présentes en Macédoine semblent bénéficier à 100 % du soutien de leurs gouvernements respectifs. Chez nous, il y a trop d’hypocrisie. Même si nous produisons des résultats, il nous faut toujours mendier pour avoir les fonds pour payer nos billets d’avion. La politique de deux poids deux mesures a assez duré.


De quelle manière vous sentez-vous lésé ?

Par cette démarcation entre sport olympique et non-olympique. On a eu une augmentation dans notre budget pour compenser le coût des billets d’avion qui sont exorbitants de nos jours. Mais cette augmentation n’est pas suffisante pour côtoyer le haut niveau. Un sportif est un sportif. Peu importe la discipline qu’il pratique, il doit s’investir et faire les mêmes sacrifices. Si nos dirigeants politiques continuent à maintenir cette barrière, le kick-boxing est malheureusement condamné à régresser.

Quelle est votre revendication ?

Nous avons aujourd’hui à la tête de notre mouvement sportif, un ministre compréhensif et conciliant. Mais il faudrait que son état-major puisse comprendre et bien définir ce qu’est le sport de haut niveau. Il faut définir des objectifs concrets et qu’on apprécie les performances à leur juste valeur. Il faut que nos dirigeants aient comme la fédération l’ambition de voir les athlètes mauriciens briller au niveau mondial. Il faut une participation de l’Etat dans la construction de ces résultats comme cela a été le cas pour les derniers Jeux des îles. Pour que n’importe quelle discipline progresse au niveau international, il faut cette synergie entre les différentes parties.


Jennifer Pénélope-Lebrasse


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