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Kamben Padayachy Deputy CEO d’AfrAsia Bank : «Le secteur financier sera le moteur de la croissance économique cette année»

20 février 2013, 07:39

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Kamben Padayachy d’ « Afrasia Bank » soutient que face à la baisse des investissements privés dans l’hôtellerie et le textile, il revient à l’Etat d’investir dans les infrastructures publiques. Selon lui, l’estimation de croissance à 4 % en 2013 sera difficilement réalisable, compte tenu des pressions auxquelles font face les marchés traditionnels de Maurice. Il indique que le secteur financier est appelé à devenir un moteur de croissance.

Quel regard jetez- vous sur l’économie mauricienne en ce début d’année ?
Sur le plan macroéconomique, on peut dire que les grands équilibres sont maintenus, que ce soit au niveau de la dette publique, du déficit budgétaire ou même de l’inflation dans une certaine mesure. Mais là où le bât blesse, c’est au niveau de la croissance économique. Ce sera difficile d’atteindre un taux de 4 % cette année, comme en 2012.Le problème est que nos marchés traditionnels sont toujours en crise et que la diversification tant nécessaire en faveur de nouveaux marchés prend du temps à se matérialiser. De ce fait, l’investissement privé est en régression dans les secteurs de l’hôtellerie et du textile et il n’y a pas autant de centres commerciaux qu’on peut construire à Maurice. Il est donc important que l’Etat continue à investir dans les infrastructures publiques comme il l’a fait ces dernières années, d’autant plus qu’il a les moyens de le faire. Cela contribuera à pérenniser le secteur de la construction. Du côté du privé, l’immobilier résidentiel garde un certain dynamisme, mais c’est surtout le secteur financier, y compris le secteur bancaire, qui sera le moteur de la croissance économique cette année.

Vous parlez du secteur bancaire comme le moteur de croissance. Mais n’y a- t- il pas une montée des risques au sein du portefeuille des banques commerciales comme l’a souligné récemment le gouverneur de la Banque de Maurice dans sa Lettre aux opérateurs ?
Il y a certes des risques accrus, notamment par rapport aux crédits dus par les entreprises de certains secteurs. L’hôtellerie, par exemple, est un de ces secteurs où les entreprises ont investi massivement durant la période 2006- 2008, juste avant que la crise économique nous frappe. Automatiquement, avec les entreprises devant réduire les tarifs pour rester compétitives, leur cash- flow s’est retrouvé sévèrement affecté et certaines ont aujourd’hui du mal à rembourser leurs dettes, notamment le capital.Mais les banques sont relativement couvertes en termes de garanties sur ces crédits et s’il est vrai que les risques se sont dégradés, il n’y a pas lieu d’être alarmiste. Certaines entreprises devront définitivement passer par l’étape de la restructuration de leurs dettes et, souvent, le plus tôt on s’y attelle, le mieux c’est.Pour revenir à la croissance du secteur bancaire, celle- ci est surtout tirée par l’activité dite segment B, c’est- à- dire avec les non- résidents. En effet, l’activité du segment B dans le bilan consolidé du secteur bancaire ne cesse de croître. Elle est notamment tirée par la croissance du secteur Global Business avec de plus en plus de structures créées à Maurice pour des investissements transfrontaliers en Afrique. Mais aussi un rayonnement plus important de Maurice dans le Private Banking régional et international. Je pense que ce marché va croître davantage dans les années à venir, ce qui me fait dire que le secteur financier a la capacité d’être le moteur principal de la croissance économique des prochaines années. Dans ce contexte, il me paraît important pour l’Etat de tout mettre en oeuvre pour favoriser davantage ce pôle de croissance. Et, selon moi, il ne serait pas opportun de penser taxer davantage ce secteur au risque de briser son élan.

Est- ce que des taux d’intérêts réels négatifs peuvent poser des problèmes et créer notamment des bulles spéculatives ?
Tout d’abord, Maurice n’est pas le seul pays à avoir des taux d’intérêts réels négatifs aujourd’hui.Même les Etats- Unis et la Grande- Bretagne se trouvent dans cette situation. Des taux d’intérêts bas impliquent un loyer de l’argent en baisse pour les entreprises qui doivent ainsi réduire les coûts opérationnels et favoriser l’investissement. Cela bénéficie aussi à l’Etat de la même façon.D’autre part, nous n’avons nullement une situation de liquidités qui est tendue sur le marché monétaire. Il suffit de voir la tendance baissière des rendements des instruments émis par l’Etat. Si vous parlez de bulles spéculatives dans l’immobilier, par exemple, c’est, en effet, un risque que tout investisseur doit prendre en compte dans sa décision d’investir.Mais il ne faut pas oublier que le marché va s’étendre car les expatriés ont maintenant le droit d’acquérir des immeubles. Le souci des taux d’intérêts bas reste, en revanche, l’inflation. En Grande- Bretagne, le gouverneur de la Banque centrale a récemment déclaré que l’inflation sera au- dessus de l’objectif fixé et cela sur les deux prochaines années.Mais qu’il ne serait quand même pas opportun de durcir la politique monétaire, car cela risque d’entraîner le pays dans la récession. Je tends aussi à penser qu’il faut tout faire pour favoriser la croissance.

Vous être l’adjoint du CEO d’ « Afrasia Bank » . Quels sont les derniers développements ?
Nous poursuivons activement notre croissance organique. Nous venons de recruter trois spécialistes dans les domaines du Private Banking , du Corporate Banking pour le marché régional et également dans la trésorerie. La taille de notre bilan, qui se chiffrait à Rs 22,1 milliards en juin 2012, s’est accrue et se situe aujourd’hui à environ Rs 27,4 milliards.Parallèlement, nous nous appliquons à consolider les opérations des entités dans lesquelles nous avons investi et envisageons même d’y augmenter notre participation.
Et, nous prospectons d’autres marchés. Il y a donc pas mal d’activités qui vont certainement déboucher sur des développements d’ici juin 2013.

 

VILLEN ANGANAN