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La dette publique : un générateur de croissance qui se retrouve au banc des accusés

13 mai 2012, 00:00

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La dette publique : un générateur de croissance qui se retrouve au banc des accusés

Une des principales vertus attribuées à la dette publique est qu’elle est un excellent moyen pour générer la croissance. Mais elle est parfois sujette à des controverses vu que la ligne de démarcation entre endettement, l’utilisation qu’on en fait et la capacité de remboursement n’est pas toujours évidente.

Les statistiques provisoires les plus récentes indiquent que le montant total de la dette publique s’élève à Rs 187 milliards, soit 57 % du Produit intérieur brut (PIB), important indicateur économique qui sert à mesurer la production de richesses en termes de biens et de services réalisée dans une période donnée.

Est-ce une indication que le pays s’est endetté au point de mettre en péril son développement économique et de l’exposer à des risques aux conséquences incalculables comme cela a été le cas en Grèce ?

Au ministère des Finances, on considère que tel n’est pas le cas. On indique que l’approche la plus rationnelle pouvant permettre de prendre le pouls de l’état de situation de la dette publique, c’est de vérifier l’état des indicateurs au niveau de sa capacité de remboursement, de l’état des risques au crédit et les implications des risques associés à l’endettement en devises effectué auprès des bailleurs de fonds étrangers. On souligne que sur ces trois plans, les résultats sont plus que satisfaisants.

Le raisonnement est le suivant. Si les emprunts ont été investis dans des projets ayant un potentiel de croissance certain, il n’y a pas lieu de s’alarmer même si l’indice de l’endettement par tête d’habitant augmente considérablement. La croissance est considérée comme la parfaite illustration de la vitalité du pays pour ce qui est de sa capacité à honorer ses obligations de remboursement à l’égard de ses emprunteurs.

Dans les milieux du ministère des Finances, on précise qu’entre 2005 à 2011, l’indice de revenus par tête d’habitant a enregistré une augmentation de 70 %, soit une croissance de 31 % plus rapide que celle de l’indice d’endettement par tête d’habitant.

Le motif ayant nécessité le recours à l’endettement est également évoqué comme argument. Au ministère des Finances, on indique que l’argent provenant de l’endettement a été utilisé pour la réalisation de projets ayant un véritable potentiel de croissance directe et indirecte et qui, sur le long terme, vont créer les conditions indispensables pour favoriser la croissance de l’économie. On évoque, entre autres choses, les travaux pour l’amélioration des infrastructures routières et qui visent à réduire l’impact des bouchons sur l’ensemble des activités économiques.

Kee Chong Li Kwong Wing, député et porte-parole des finances du Mouvement militant mauricien (MMM) conteste la thèse selon laquelle les dettes encourues ont été utilisées pour la réalisation de projets à forte valeur de croissance. « La construction de nouvelles routes a provoqué entre autres une hausse dans la vente de nouvelles voitures et, par ricochet, une augmentation de la facture des carburants. De même qu’une réduction de la surface de la superficie agricole. »

Il estime que l’évolution de l’endettement public a malheureusement été beaucoup plus rapide que la croissance et tire la sonnette d’alarme : « Le montant versé à l’échéance des emprunts englobe une somme substantielle du budget national. Il est supérieur au budget combiné des ministères de la Santé et de l’Education. »

Kee Chong Li Kwong Wing se dit inquiet face aux risques associés à des emprunts effectués auprès des bailleurs de fonds étrangers même si cela pourrait comporter certains avantages au niveau du taux d’intérêt par exemple. Il s’interroge sur l’impact sur l’économie nationale de ce type d’endettement en cas de dévaluation de la roupie et d’une détérioration de la situation au niveau du taux de changes. Il s’insurge contre le recours à des emprunts locaux selon un régime de remboursement sur le long terme. « On hypothèque l’avenir des générations futures. »

« La dette publique est sous contrôle », explique l’économiste Eric Ng. Il s’appuie sur le fait qu’à 57 % du PIB, la dette publique se situe bien en dessous du seuil préconisé sur le plan international. Il note avec intérêt le fait que le gouvernement veut aller plus loin dans ce sens. En effet, la Public Debt Act de 2008 qui fixe les règles en matière de gestion de la dette publique a été amendée en 2010 pour fixer à 2018 la date à laquelle le taux de la dette publique devrait être ramené à 50 % du PIB. Cependant, lors de la lecture du dernier discours-programme, Monique Ohsan-Bellepeau, président par intérim, a avancé cette échéance de trois ans. Elle a indiqué que dès 2015, le pays devrait être en mesure de ramener le taux de sa dette publique au niveau des 51 % du PIB.