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La France veut doubler ses échanges avec l’Afrique

5 décembre 2013, 12:39

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La France veut doubler ses échanges avec l’Afrique

La France a donné hier mercredi 4 décembre le coup d’envoi de l’offensive économique qu’elle entend mener en Afrique dans un contexte de forte concurrence de nouveaux acteurs qui ont réduit de moitié en dix ans sa part de marché au sud du Sahara.

 

Lors d’une conférence économique en prélude au sommet pour la paix et la sécurité qui s’ouvre vendredi à Paris, François Hollande a lancé l’objectif de doubler en cinq ans les échanges avec le continent africain, ce qui pourrait selon lui créer 200 000 emplois en France.

 

«La France doit doubler ses échanges avec l’Afrique», a dit le président, désireux de tirer parti des 5% de croissance annuelle moyenne du continent noir. «C’est une chance, une chance pour le continent, une chance pour elle-même».

 

François Hollande a cité au nombre des domaines dans lesquels la France peut tirer son épingle du jeu l’énergie, les nouvelles technologies, la ville durable et l’agroalimentaire.

 

Il a aussi appelé au doublement de l’aide française «sous toutes ses formes», évoquant la somme de «20 milliards d’euros» mis à disposition de «projets de développement sur les cinq prochaines années, contre 10 milliards entre 2008 et 2013».

 

Un demi-millier de représentants d’entreprises africaines et françaises ont assisté à Bercy à la conférence sur le «nouveau modèle de partenariat économique» avec l’Afrique.

 

«La France n’a pas suffisamment vu, perçu qu’il y avait de nouvelles concurrences, que nos positions n’étaient plus exclusives, plus acquises», a estimé le ministre de l’Economie Pierre Moscovici, lors d’une conférence de presse.

 

Face à la concurrence, la France doit passer d’une «position de rente à une position offensive», a-t-il ajouté.

 

Une thèse défendue par Hubert Védrine, dont le rapport sur la nouvelle dynamique économique entre l’Afrique et la France a été présenté lors de cette conférence organisée par le ministère de l’Economie et le Medef.

 

L’ancien chef de la diplomatie y fait 15 propositions pour redonner un nouveau souffle aux échanges franco-africains. Il suggère notamment de faciliter les procédures de visas économiques, de soutenir le financement des infrastructures, de faire appel à la diaspora africaine et de sécuriser l’investissement français en Afrique.

 

L’enjeu est de taille: la France, qui reste le premier investisseur en Afrique hors hydrocarbures, doit faire face à la concurrence chinoise et à celle de nouveaux acteurs comme le Brésil, les pays du Golfe, la Turquie ou encore la Malaisie. Entre 2000 et 2011, la part de marché de la France au sud du Sahara a décliné de 10,1 % à 4,7 %.

 

En l’espace de 20 ans, la part de marché de la Chine sur le continent africain est passée de moins de 2 % (1990) à plus de 16 % (2011). Et l’Afrique, dont le taux de croissance devrait atteindre 5,6 % en 2013 et 6,1 % en 2014, attire les convoitises.

 

«Il n’y a pas de territoire conquis, nous avons des moyens limités par rapport à la Chine mais des atouts considérables», souligne Philippe Gautier, directeur du Medef international.

 

«Quand on dit que l’Afrique est un investissement risqué, on dit que ce qui est risqué aujourd’hui, c’est plutôt de ne pas y aller», a-t-il ajouté, mettant notamment en avant le savoir-faire des entreprises françaises en matière d’infrastructures.

 

Signe de l’intérêt porté à l’ensemble du continent africain et non plus seulement aux zones francophones, Laurent Fabius s’est rendu dans des pays situés hors de la sphère d’influence historique de la France comme l’Ethiopie ou l’Angola.

 

Mais malgré la concurrence grandissante, la France conserve des prés carrés en zone franc, note Arnaud Louis, directeur associé chez Fitch Ratings.

 

«Au Congo, Total est encore la compagnie qui a la position dominante la plus affirmée, ils ont 60% du marché, là c’est eux qui investissent pour relancer la production», déclarait-il mardi lors d’une conférence.

 

Si la place qui était avant assurée pour les investisseurs traditionnels se réduit, «je pense que la place des investisseurs français est encore importante» en zone franc, a-t-il ajouté. «Il y a des affinités culturelles, et disons traditionnelles qui jouent beaucoup. Surtout dans des pays où le climat des affaires est si compliqué, la proximité culturelle va jouer d’autant plus.»

 

Dans son discours, François Hollande a insisté sur le «comportement exemplaire» que devaient désormais adopter les entreprises françaises sur le continent.

 

«Être une entreprise française ne donne pas tous les droits. Ce n’est pas parce qu’une entreprise est française qu’elle peut prétendre accéder aux marchés», a-t-il dit.