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La Somalie entre espoirs et soupçons pour la présidentielle

11 septembre 2012, 00:00

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La Somalie entre espoirs et soupçons pour la présidentielle

Les parlementaires somaliens sont appelés lundi à désigner le chef de l''''Etat dans le cadre d''un scrutin présenté comme le point d''orgue du retour à la normale après 20 ans de violences, mais que beaucoup jugent d''ores et déjà entaché de fraudes.

Deux douzaines de candidats, dont le président sortant, Cheikh Sharif Ahmed, et son Premier ministre, sont en lice. Le vote aura lieu à bulletins secrets à l''école de police de Mogadiscio. Si aucun des prétendants n''atteint la majorité des deux tiers au premier tour, la majorité simple suffira au second.

La Somalie est pratiquement privée de gouvernement depuis le début de la guerre civile, en 1991, et l''élection présidentielle est considérée comme le point d''ordre de l''accord de transition conclu le 17 février sous l''égide des Nations unies.

Ce scrutin sans précédent depuis plusieurs décennies n''aurait pas été possible sans l''appui de l''Union africaine, du Kenya et de l''Ethiopie, qui ont peu à peu chassé les islamistes d''Al Chabaab. Aujourd''hui, beaucoup de déplacés et de réfugiés jugent la situation suffisamment stable pour rentrer chez eux et entamer la reconstruction.

La reprise en main de l''administration ne se fait toutefois pas sans difficultés. Les soupçons de corruption restent vifs et, pour beaucoup, la prochaine équipe gouvernementale à de fortes chances de ressembler à la précédente.

"On estime que sept millions de dollars sont venus du Golfe et cet argent a pour but d''assurer la réélection du président Sharif", affirme un diplomate en poste à Mogadiscio ayant requis l''anonymat.

La somme provient selon lui d''intérêts somaliens dans le Golfe, dont certains sont liées aux chefs de guerre et qui veulent entretenir l''état de fait.

"Jusqu''ici, le processus a donné des résultats impressionnants. Nous craignons qu''il ne soit saboté à la dernière minute (...) Il y a désormais un affrontement entre ceux qui veulent le statu quo et ceux qui souhaitent le changement", poursuit-il, invitant les parlementaires à voter "en conscience".

Entre 2009 et 2010, sur dix dollars alloués au gouvernement fédéral de transition, sept n''ont jamais été versés dans les caisses de l''Etat, selon les conclusions rendues en juillet par une commission des Nations unies.

Malgré les risques de fraudes et la corruption, de nombreux Somaliens se réjouissent de la tenue du tenue du scrutin.
"C''est un moment historique. Nous devons en être les témoins et les acteurs, même si nous ne votons pas. Nous avons traversé des moments difficiles et, maintenant, c''est comme une naissance", se félicite Najmah Ahmed Abdi, qui anime un cercle de jeunes.

Les parlementaires "ont une énorme responsabilité sur les épaules. Demain, ce sera pour nous comme lorsque Barack Obama a été élu. Nous espérons avoir notre propre Obama", ajoute-t-il.

La capitale somalienne semble retrouver une vie relativement normale après avoir été traversée par des lignes de front pendant des années. En août dernier, les rebelles d''Al Chabaab ont dû s''en retirer sous le feu de l''armée et de l''Amisom, la force de l''Union africaine.

Bien que les troupes étrangères continuent à gagner du terrain hors de Mogadiscio, notamment dans le sud et le centre du pays, l''autorité du gouvernement central ne s''étend guère au-delà de la capitale.

(Source : Reuters)
Jean-Philippe Lefief