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L''ambition chinoise menace l''unité de l''Asie du Sud-Est
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L''ambition chinoise menace l''unité de l''Asie du Sud-Est
Le rapprochement entre la Chine et le Cambodge, l''''un des pays les plus pauvres de la région, met à l''épreuve l''unité entre les pays d''Asie du Sud-Est, en particulier les Philippines et le Vietnam, plongés dans une dispute territoriale avec Pékin en mer de Chine méridionale.
Les investissements chinois au Cambodge ont atteint l''équivalent de 1,55 milliard d''euros, plus du double de l''ensemble des sommes investies par les pays de l''Association des nations d''Asie du Sud-Est (Asean), qui rassemble, aux côtés de Phnom Penh, la Birmanie, le Laos, l''Indonésie, la Malaisie, la Thaïlande, les Philippines, le Vietnam, Singapour et Brunei.
Un ressentiment grandissant
"Alors que les prêts et les projets d''infrastructures chinois ont bénéficié à la région, il existe un ressentiment grandissant", souligne Bonnie Glaser, chercheuse au Center for Strategic and International Studies (CSIS) de Washington."Il y a des inquiétudes sur une dépendance excessive à la Chine, ainsi que des craintes d''une vulnérabilité accrue aux pressions économiques", ajoute-t-elle.
L''industrie du tourisme cambodgien espère attirer un million de Chinois par an d''ici 2020, alors que 151 887 visiteurs chinois sont déjà venus au cours du premier semestre 2012, soit une hausse de 33% par rapport à la même période de l''an dernier. Signe du rapprochement avec la Chine, 40 000 Cambodgiens se sont inscrits dans des écoles de mandarin, alors que les habitants des pays voisins sont plutôt enclins à apprendre l''anglais."Ce sera plus utile que l''anglais", affirme Heng Guechly, qui apprend le chinois dans une école privée. "Il y a beaucoup de demande et la Chine a une bonne relation avec le Cambodge, donc il y aura plus de Chinois qui viendront faire des affaires ici."
Blocage de Pékin
Ce rapprochement, également entamé avec le Laos et la Birmanie, les deux autres pays les plus pauvres de l''Asean, permet en pratique à Pékin de bloquer, malgré son statut d''invité, des décisions au sein de l''organisation, qui doivent être prises à l''unanimité.
Le mois dernier, un sommet des ministres des Affaires étrangères de l''Asean s''est conclu sans communiqué commun pour la première fois en 45 ans, un résultat attribué par les Philippines au blocage de Pékin, qui aurait, selon Manille, poussé le Cambodge à refuser toute mention des disputes en mer de Chine méridionale. Selon des diplomates de l''Asean, le Laos et la Birmanie auraient aussi soutenu le refus cambodgien.
Pékin a récemment commencé à contrebalancer la traditionnelle influence vietnamienne sur le Laos, en y construisant des routes, des ponts et des stades. Elle a également offert des cursus gratuits dans les universités chinoises à des centaines d''étudiants laotiens. La Chine a, en outre, accru ses investissements dans les secteurs pétrolier et gazier en Birmanie, même si la suspension cette année de la majorité des sanctions occidentales contre Rangoon pourrait atténuer l''influence chinoise.
Une division qui profite à la Chine
La division de l''Asean sert la stratégie de Pékin qui cherche à négocier bilatéralement avec ses rivaux en mer de Chine méridionale, ce qui lui permettrait de se retrouver en position de force et de mettre à l''écart Washington.
Les Etats-Unis, attirés par la croissance économique dans la région, se sont rapprochés, suivant leur stratégie dite du "pivot", de plusieurs pays de l''Asean, notamment le Vietnam et les Philippines, en signant des traités de coopération militaire qui les ont renforcés dans leurs disputes territoriales face à la Chine.
Photo : Pont en cours de construction financé par la Chine à Phnom Penh.
Source : Par Prak Chan Thul et Martin Petty/Reuters.
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