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Le besoin d’appartenir
Etymologiquement : faire partie de… Tout le débat autour du Best Loser System (BLS), ces derniers jours, est révélateur d’un imaginaire collectif qui se construit autour de la notion d’une collectivité reposant sur des critères définis. On peut comprendre qu’il y a ce besoin d’identification et d’appartenance à un groupe donné. Que ce soit religieusement ou socialement. Il faut croire qu’on n’est bien qu’entre soi. C’est une pathologie propre aux sociétés pluriethniques. Le repli, dès lors, est un réflexe naturel. Les réactions et les prises de position autour du BLS indiquent une pétaudière où chacun croit détenir la vérité.
La pusillanimité de nos politiques, le conservatisme d’un certain nombre de citoyens et le déficit d’audace de la société civile démontrent clairement que l’île Maurice n’est prête à avancer que sur le plan économique, et non sur le plan social et culturel.
Lorsqu’on parle du BLS, sans le mentionner explicitement, on fait état de la peur des minorités, plus particulièrement des musulmans et des créoles, d’être sous-représentées au Parlement.
L’argument tient sur un plan émotionnel. Mais pas sur le plan rationnel.
Un député correctif musulman ou créole est censé représenté les citoyens de sa communauté.
Entre parenthèses, «communauté», c’est un terme qu’on devrait bannir à Maurice tant il est devenu dépréciatif. Dans son principe même, le député correctif est une perversion dans le régime démocratique. On a des élus pour représenter toute une nation et non des groupes spécifiques.
Et, l’exemple nous a été donné à maintes reprises que ces députés correctifs ne font souvent que dans les boniments.
Au fond, tout cela est relatif. Nous pouvons facilement concevoir qu’il y a des individus qui profitent d’un système pour se garantir un strapontin au Parlement. On ne peut reprocher à des hommes de profiter des faiblesses d’un mécanisme en place.
Par contre, ce qui ressort clairement de tout ce débat, c’est la crédulité de certains électeurs à croire qu’ils sont effectivement représentés par des députés de leurs communautés. Certes, cela a une valeur symbolique. Or, en politique, souvent, le symbole ne profite que celui qui se retrouve au pouvoir. Quelle place, dans cette logique, à la méritocratie, à la compétence, au savoir-faire…?
Nous votons pour des décideurs, pour des dirigeants, pour des femmes et des hommes capables de gouverner et de faire preuve de vision.
Et non pour qu’ils nous représentent en tant qu’hindou, musulman ou créole. Alors cessons de critiquer les politiques et analysons plutôt nos propres réflexes de citoyens. Dans un pays où règne la sensiblerie, ce serait peut-être trop demander. Toutefois, sans trop demander, on n’obtient rien.
 
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