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Le génocide rwandais en procès à Paris, une première
5 février 2014, 07:53
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Le génocide rwandais en procès à Paris, une première
Le premier procès français d'un complice présumé du génocide de 1994 au Rwanda s'est ouvert mardi devant la Cour d'assises de Paris, vingt ans après les faits.
Veste en cuir marron, jogging blanc et baskets noirs, Pascal Simbikangwa, 54 ans, paraplégique depuis un accident de la route en 1986, a fait face à une cour bondée et des parties civiles soulagées de voir enfin la France juger un premier suspect.
Il sera jugé pour complicité de génocide et complicité de crimes contre l'humanité, des crimes pour lesquels la France a acquis la compétence universelle en 1996.
Dénonçant une inégalité de moyens entre la défense et l'accusation durant toute la durée de l'instruction, ses avocats, commis d'office, ont demandé l'annulation des débats.
Mais leur demande, une "gesticulation" selon l'avocat général Bruno Sturlese, a été rejetée par la Cour.
"Il est trop tard pour se plaindre de la façon dont l'instruction s'est déroulée", a déclaré Bruno Sturlese, soulignant que la défense n'avait pas fait appel de l'ordonnance de mise en accusation.
Mis en cause pour avoir fourni des armes mais aussi des conseils, des encouragements et des instructions à des auteurs de meurtres à Kigali et Gisenyi, à l'ouest du pays, l'accusé a évoqué mardi son enfance et son choix de carrière.
"Dans l'armée j'avais des facilités, j'avais le bonheur d'y être", a ainsi expliqué ce militaire, disant apprécier "le commandement des hommes."
La Cour l'a longuement interrogé sur des contradictions et mensonges relatifs à son état civil, notamment lors de sa demande d'asile sous un autre nom à Mayotte, où il a été arrêté en 2008.
"On sait que beaucoup de gens qui demandent l'asile sont des gens malheureux, quand on est malheureux, on est menteur", s'est-il justifié.
"PERSONNALITÉ D'IMPORTANCE"
Pascal Simbikangwa, "méticuleux, impulsif" mais aussi "volontiers affabulateur", selon des expertises, nie les faits qui lui sont reprochés.
"C'est chargé d'émotion", a dit à la presse Alain Gauthier, co-fondateur du Collectif des parties civiles pour le Rwanda (CPCR). "Nous ne sommes pas là en notre nom personnel, mais au nom du million de victimes qui ont été exterminées au Rwanda en 1994."
"Personnalité d'importance au Rwanda", Pascal Simbikangwa, qui s'est décrit lui-même devant la Cour comme faisant partie des "autorités", a travaillé à la garde présidentielle jusqu'en 1986, puis au service des renseignements.
Un positionnement qui lui vaut, en 1994, d'être perçu sur la scène internationale comme pouvant influencer les événements.
L'association Human Rights Watch le cite en effet comme une personnalité capable, si elle le souhaite, de mettre fin aux violences, et le service de presse de la Maison Blanche l'exhorte a arrêter les massacres.
Surnommé le "tortionnaire" avant 1994, selon plusieurs témoins, il était connu dans le pays avant le génocide, explique Dafroza Gauthier, du CPCR.
"On savait très bien que si on passait dans ses bureaux, ça n'était pas un moment de liesse", dit-elle.
Ancien proche du président rwandais Juvénal Habyarimana, dont la mort dans un attentat, le 6 avril 1994, a précipité le génocide, Pascal Simbikangwa est souvent décrit comme un membre de "l'akazu", terme qui désigne le cercle restreint de la famille et belle-famille du président Habyarimana, au coeur duquel s'est constituée la ligne dure du régime.
Incarcéré à la prison de Fresnes, près de Paris, il encourt la réclusion à perpétuité, assortie d'une peine de sûreté qui pourrait être portée jusqu'à 22 ans.
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