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Le pape intronisé prône la défense des plus pauvres
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Le pape intronisé prône la défense des plus pauvres
Le pape François a lancé mardi place Saint-Pierre, lors de la messe inaugurale de son pontificat, un vibrant appel en faveur de la défense des plus faibles et de la protection de l'environnement, engageant le monde à se débarrasser des "signes de la destruction et de la mort".
Par une matinée ensoleillée, devant une foule de 200.000 personnes, des chefs d'Etat et de gouvernement, des délégations venues de plus de 130 pays, le souverain pontife élu mercredi dernier a appelé au "respect pour toute créature de Dieu et pour l'environnement dans lequel nous vivons".
"La vocation de garder", a lancé le pape argentin en citant l'exemple de saint François d'Assise, "c'est le fait de garder les gens, d'avoir soin de tous, de chaque personne, avec amour, spécialement des enfants, des personnes âgées, de celles qui sont plus fragiles et qui souvent sont dans la périphérie de notre coeur".
L'ex-cardinal Jorge Bergoglio a pris le nom de François en hommage à saint Francois d'Assise, symbole de pauvreté, d'humilité, de charité et d'amour de la nature.
Fidèle au "style" imposé depuis son élection, tout en simplicité et humilité, la messe d'intronisation sur les marches de la basilique Saint-Pierre a été plus simple et plus courte - deux heures au lieu de trois - que celle, entourée de pompe et de splendeur baroque, de son prédécesseur Benoît XVI en avril 2005.
Il faut que tous les hommes soient "les gardiens des dons de Dieu", a souligné le pape dans son homélie. "Et quand l'homme manque à cette responsabilité, quand nous ne prenons pas soin de la création et des frères, alors la destruction trouve une place et le coeur s'endurcit."
"A chaque époque de l'histoire, malheureusement, il y a des 'Hérode' qui trament des desseins de mort, détruisent et défigurent le visage de l'homme et de la femme."
Le premier pape jésuite de l'histoire de l'Eglise, chef d'un milliard deux cent millions de catholiques à travers le monde, a appelé "tous ceux qui occupent des rôles de responsabilité dans le domaine économique, politique ou social" à être "'gardiens' de la création, du dessein de Dieu inscrit dans la nature, gardiens de l'autre, de l'environnement".
PALLIUM ET ANNEAU DU PÊCHEUR
Avant la messe, le pape François a fait le tour de la place Saint-Pierre dans un véhicule ouvert, afin de saluer les fidèles qui se massaient devant la basilique où la cérémonie a débuté à 09h30 (08h30 GMT).
Souhaitant rompre avec le style de son prédécesseur, le pape Francois a renoncé au véhicule aux vitres blindées utilisé par Benoît XVI et par Jean-Paul II, qui avait été victime d'un attentat sur cette même place en mai 1981. A un moment, il est descendu du véhicule pour bénir un homme handicapé, et s'est plusieurs fois arrêté pour embrasser des bébés.
Pour célébrer la messe, il portait les vêtements blancs associés depuis des siècles à la personne du pape, ornés d'or et de brun, et des chaussures noires, et non plus des mules rouges comme son prédécesseur.
A l'issue de la cérémonie, des centaines de prêtres, protégés du soleil par des ombrelles aux couleurs de l'Etat pontifical, jaune et blanc, ont distribué la communion aux fidèles, sous les yeux du pape assis sur son trône derrière l'autel.
Avant la célébration, le pontife avait reçu du cardinal français Jean-Louis Tauran le pallium, bande d'étoffe qui se pose sur les épaules et symbolise, avec l'"anneau du pêcheur", la papauté.
L'"anneau du pêcheur" a été passé à l'annulaire de la main gauche du pape par le doyen du collège des cardinaux, Mgr Angelo Sodano. En argent doré, il représente saint Pierre tenant les clefs du royaume de Dieu.
L'anneau et le pallium avaient reposé durant la nuit sur le tombeau de saint Pierre, sous la basilique.
En début de matinée, vers 07h30 (06h30 GMT), le pape avait appelé par téléphone son ancien archevêché de Buenos Aires, où des milliers de fidèles étaient rassemblés en pleine nuit devant des écrans géants sur la Plaza de Mayo, près de la cathédrale et du palais présidentiel. "Merci de vos prières, dont j'ai grand besoin (...) Malgré la distance, n'oubliez pas cet évêque qui pense tellement à vous", a dit le pape.
"CHOISI PARCE QUE PARDONNÉ"
Après la messe, concélébrée avec environ 150 cardinaux, dont les 114 "princes de l'Eglise" qui l'ont élu la semaine dernière, François a reçu les dirigeants étrangers présents à Rome.
Plus de 130 délégations, six souverains, dont le roi des Belges et le prince de Monaco, des chefs d'Etat, comme la présidente argentine Cristina Fernandez, des chefs de gouvernement, comme le Premier ministre français Jean-Marc Ayrault, la chancelière allemande Angela Merkel et le président du gouvernement espagnol Mariano Rajoy, ainsi que des dignitaires religieux sont venus du monde entier pour asssister à la cérémonie.
Le primat de l'Eglise orthodoxe de Constantinople, Bartholomée 1er, était également là - pour la première fois depuis le Grand Schisme d'Orient de 1054, un chef de l'Eglise orthodoxe assistait à la messe d'intronisation d'un pontife romain. Des représentants des communautés juives et musulmanes étaient aussi présents.
Le vice-président américain Joe Biden et le président zimbabwéen Robert Mugabe figuraient également parmi les personnalités. Robert Mugabe fait l'objet d'une interdiction de territoire européen depuis 2002 mais l'Etat du Vatican n'appartient pas à l'Union européenne.
Lundi, le Saint-Siège a révélé les armoiries du nouveau pape, semblables à celles qu'il avait adoptées lors de son élévation à l'archevêché de Buenos Aires en mars 2013 mais surmontées de la mitre et des clés de saint Pierre, symboles de la dignité pontificale.
L'écu sur fond bleu porte l'insigne de la Compagnie de Jésus, d'où est issu le nouveau pontife, c'est-à-dire un soleil rayonnant avec en lettres rouges le monogramme du Christ (IHS) surmonté d'une croix également rouge et, en pointe, trois clous noirs symbolisant la Passion.
Sous l'insigne des jésuites, une étoile d'or, symbole de la Vierge Marie, et une fleur de nard, symbole de saint Joseph, patron de l'Eglise catholique dont la fête tombe justement le 19 mars.
Le pape a pris comme devise "Miserando atque eligendo" ("Choisi parce que pardonné"), formule tirée d'une homélie de saint Bède le Vénérable, un moine anglais du VIIIe siècle, se rapportant à la conversion de saint Matthieu choisi par Jésus comme l'un de ses apôtres.
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