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Le procureur enquêtant sur le meurtre de Benazir Bhutto assassiné
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Le procureur enquêtant sur le meurtre de Benazir Bhutto assassiné
Le procureur pakistanais qui enquêtait sur l'assassinat de l'ancien Premier ministre Benazir Bhutto a été tué par balles vendredi à Islamabad, a-t-on appris de sources policières.
Chaudhry Zulfikar a été abattu de douze balles alors qu'il quittait son domicile. Ses agresseurs circulaient à moto.
Il dirigeait l'enquête sur la mort de Benazir Bhutto, assassinée en décembre 2007 à Rawalpindi, près d'Islamabad, alors qu'elle était en campagne électorale et qu'elle venait de rentrer dans son pays.
Le magistrat était également responsable de l'enquête au Pakistan sur les attentats de Bombay de 2008 qui ont fait 166 morts. L'Inde affirme que les commandos ayant semé la terreur dans la capitale économique du pays venaient du Pakistan.
Benazir Bhutto a été tuée dans un attentat suicide lors d'un meeting. Son père, Zulfikar Ali Bhutto, fondateur de l'actuel parti au pouvoir (Parti du peuple pakistanais, PPP), a été pendu par les militaires en 1979 après avoir dirigé le pays.
Dans un rapport publié en 2010, une commission d'enquête des Nations unies disait ne pas pouvoir exclure une implication dans l'attentat de membres des services de sécurité et de l'armée.
Benazir Bhutto était une adversaire farouche des taliban pakistanais et des organisations islamistes soutenus par certains au sein de l'armée. Elle faisait l'objet d'une forte suspicion de la part des militaires.
L'assassinat du procureur intervient une semaine après la mise en détention de l'ancien président et ancien chef d'état-major Pervez Musharraf, revenu en mars de quatre ans d'exil pour se présenter aux élections législatives du 11 mai prochain.
Colère de l'armée
C'était la première fois qu'un tel traitement était réservé à un haut gradé, remettant en cause la règle non écrite selon laquelle les militaires sont intouchables au Pakistan.
La Haute Cour de Peshawar, dans le nord-est du Pakistan, a jugé mardi que Musharraf était inéligible à vie, une décision justifiée selon les juges par les charges pesant contre l'ex-homme fort du Pakistan visé par des poursuites judiciaires.
L'arrêt de la cour a provoqué la colère du général Ashfaq Kayani, chef de l'armée pakistanaise, considéré comme l'homme le plus influent du pays.
"A mon avis, il ne s'agit pas d'une simple punition, mais la prise de conscience et la participation des masses pourraient vraiment mettre fin à ce jeu de cache-cache entre la démocratie et la dictature", a-t-il déclaré.
Depuis l'indépendance obtenue il y a 66 ans, l'armée a toujours joué un rôle déterminant au Pakistan, assumant le pouvoir pendant plus de la moitié de cette période.
Depuis quelques années, les militaires ont accordé une plus grande marge de manoeuvre aux civils, les laissant assumer les conséquences de certaines erreurs politiques, mais ont continué à oeuvrer en coulisses.
Les relations entre Kayani et le pouvoir civil ont toujours été délicates. Le général doit maintenant composer avec une Cour suprême de plus en plus interventionniste sur la question du respect des droits de l'homme par les militaires.
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