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Le Tour du Web avec Gilbert Ahnee
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Le Tour du Web avec Gilbert Ahnee
Îles durables : La Réunion, la vertueuse
La semaine dernière, les 18 et 19 octobre, ont eu lieu, au Centre Swami Vivekananda de Pailles, les premières Rencontres professionnelles du développement durable. Elles avaient pour but de favoriser le partage d’expérience entre La Réunion et Maurice, ainsi que la coopération technique. Verte, vertigineuse, vertueuse, La Réunion, l’île à grand spectacle nous donne bien des choses à voir.
Signe des temps, l’île-sœur place son projet-phare sous le signe du bilinguisme. Gerri peut vouloir évoquer, en anglais, Green Energy Revolution : Réunion Island ou encore, en français, Grenelle de l’environnement à La Réunion : réussir l’innovation. Ce projet, selon sa plaquette de présentation, selon également le site web du ministère français de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie, « se fixe pour ambition l’objectif de faire de La Réunion, d’ici 2030, un territoire d’exception intégrant toutes les innovations environnementales intéressant la mobilité, l’énergie et ses usages, l’urbanisme, la construction et le tourisme ».
Depuis son lancement en 2008, Gerri ne s’est pas contenté, comme notre projet Maurice île durable, d’enthousiasmer quelques écologistes idéalistes et de laisser à un petit nombre de scientifiques la lourde tâche d’aller convaincre administratifs et politiques. Aussi de combattre des lobbys ethniques en apparence dépourvus de facultés de raison, du moins de conscience environnementale. Quand on ne s’épuise pas à convaincre industriels et financiers qu’une économie verte veut pas forcément dire une activité au ralenti, du chômage et de la récession.
A La Réunion, il faut certes tenir compte de l’intérêt que représente le département, en tant que territoire expérimental, pour la France, cela s’ajoutant aux traditionnels transferts publics dont a depuis longtemps bénéficié l’île. Ainsi, c’est un budget de 400 millions d’euros (quelque 16 milliards de roupies) qui a été consenti au Conseil régional pour la rénovation thermique de tous ses bâtiments, cela en vue d’un réduction de la facture énergétique. «On veut mettre le plus tôt possible en place le plan Gerri. La croissance énergétique de la Réunion était de 8% par an dans les années 2000 et de 3% aujourd’hui. En 2020, nous devrons arriver à un accroissement de 1,5%. C’est un pari fou qui est pris aujourd’hui dans la mise en place de l’isolement thermique des bâtiments de la Région», notait, voici un an, le directeur d’Electricité de France (EDF) à La Réunion. Outre les aides publiques à l’équipement et leur incidence sur l’activité économique, le monde réunionnais de l’entreprise, moins conservateur que le nôtre, plus innovant, voire, hélas, peut-être même plus citoyen, a compris bien avant les Mauriciens que l’économie verte était porteuse.
A la décharge de nos compatriotes, il convient de noter qu’il y a déjà 12 ans que La Réunion a lancé sa stratégie d’autonomie énergétique, Prerure, Plan régional d’exploitation et d’exploration des énergies renouvelables et de l’utilisation rationnelle de l’énergie. Et, dès 2000, nos voisins se donnaient pour objectif d’atteindre l’autonomie électrique en 2025. Cela au moyen de trois axes : les économies d’énergie, les renouvelables ainsi que le stockage et la régulation d’énergie. «Au-delà des considérations techniques, le Prerure cherche à mobiliser l’ensemble des parties prenantes réunionnaises car une telle stratégie n’a de sens que si elle est faite pour les Réunionnais et par ces derniers », note l’arer, l’agence régionale énergie Réunion.
La sensibilisation et l’engagement des Réunionnais se déploie vers tous, des tout petits, par exemple avec des sites web ludiques, aux grands adolescents et jeunes en âge d’être formés, avec un Bac professionnel énergétique, des formation de techniciens comme d’ingénieurs dans divers domaines liés à la maîtrise de l’énergie. S’intéresser au secteur de l’énergie, à La Réunion, c’est également découvrir, au passage, une diversité et une originalité indéniable en matière de sites web, des pages sans fioritures mais à l’architecture claire, aisément navigables. Le site de l’arer, par exemple, combine fort judicieusement un profil institutionnel fixe et une plate-forme mobile d’information.
Il est également intéressant de prendre connaissance des problématiques développées par les architectes et les urbanistes en matière de gestion de l’énergie, ce qui comprend également un retour vers la climatisation naturelle. Il s’agit de construire écologique, de développer aussi des éco-quartiers, durables, en utilisant davantage de végétaux pour le refroidissement de l’air. Pour ceux qui ont besoin d’être conseillés, il existe à La Réunion un Conseil d’architecture, d’urbanisme et d’environnement (CAUE), dont les conseils sont prodigués gratuitement.
Les ambitions réunionnaises, soumises à des échéances raisonnables mais motivantes, ont été rigoureusement réfléchies. Du point de vue de la gestion énergétique, elles impliquent une réduction de la dépendance du fossile, pour passer au photovoltaïque, à l’éolien, à l’hydraulique et à la biomasse. A plus long terme, aux sources marémotrices.
Dans cette île où le parc automobile est très étendu, la politique des transports, note Gerri, «prévoit d’une part le développement des transports collectifs, des modes doux, des plans de déplacements d’entreprise, et d’autre part la généralisation des véhicules économes en hydrocarbures, notamment les véhicules hybrides et les véhicules électriques. La réalisation du projet de tram train, prévu pour relier dans un premier temps l’aéroport à Saint Denis et Saint Paul améliorera notoirement l’offre de transports en commun».
La Réunion, par ailleurs, atteindra ses objectifs si ses cabinets d’architectes et ses urbanistes poursuivent les recherches déjà engagées.
A Maurice, au rond-point de St-Jean, des entrepreneurs réunionnais nous disait-on, voulaient construire un énième palais du béton. Pour venir rendre un peu plus dense une circulation déjà infernale. Le chantier est une ruine aujourd’hui. Et on apprend que le projet était une arnaque. Dire qu’il y avait tellement mieux à retenir de La Réunion.
 
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