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Le Tour du Web avec Gilbert Ahnee

5 novembre 2012, 00:00

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Le Tour du Web avec Gilbert Ahnee

États-Unis : les multiples scrutins de ce mardi 6

Tous les deux ans, le mardi suivant le premier lundi de novembre, soit entre le 2 et le 8 de ce mois, c’est Election Day aux États-Unis. Au niveau de proximité et à celui des États, les votants vont élire des administrations locales, des State Attorney Generals, des juges, des gouverneurs. Puis, au niveau fédéral, les sièges de 33 sénateurs ainsi que ceux de tous les représentants seront mis en jeu. Finalement, les citoyens se rendant aux urnes désigneront - selon une formule sans appel de winner-takes-all - les grands électeurs qui, le 17 décembre, éliront formellement le président et le vice-président des États-Unis.

La politique étrangère d’une administration américaine, notamment sa présence militaire aux points chauds de la planète, étant susceptible de grandement affecter la vie de citoyens d’autres pays, l’élection du président des États-Unis en est arrivée à prendre une indéniable dimension planétaire. Cela est un objet de conversation incontournable. En 2004 déjà, un sondage online de la BBC établissait que la population mondiale était, de manière écrasante, en faveur de John Kerry, le challenger de George W. Bush, soit un choix qui ne fut pas partagé par les électeurs américains. Également effectué cette année, cet exercice donne 50% de soutien mondial à Barack Obama, contre seulement 9% à Mitt Romney. Mais on ne vote pas à Paris (72% de Français pro-Obama), ni même à Toronto ou Vancouver (66% de Canadiens pro-Obama). On vote en Floride, dans l’Ohio, au Nevada ainsi que dans quelques autres Swing States, là où se joue réellement une élection présidentielle américaine.

On assume que les terres d’Anil Baichoo, au No 9, n’éliront jamais un candidat MMM, alors que le fief de Paul Bérenger, au No 19, restera l’imprenable village d’Astérix de la tribu mauve. Et certains nous diront que cela traduit le poids d’allégeances aveugles, étrangères à l’argumentation politique. Peut-être, mais quelle ressemblance avec les États-Unis : 60,7% d’intentions de vote pour Obama dans l’État de New-York, 55,7% d’électeurs pro-Romney au Texas. D’un côté, une vision du monde, un horizon, peut-être une idéologie, de l’autre une sociologie, un poids de tradition, dans les deux cas, pas vraiment de délibération et de décision. Les Américains ne votent pas en masse et ceux qui votent expriment davantage une fidélité à leurs valeurs qu’un choix politique éclairé. Et si les résultats de ces États de tradition démocrate ou républicaine sont largement prévisibles, la victoire est arrachée dans ces battleground States où il existe des électeurs indépendants, là où les projets politiques ou des insatisfactions peuvent faire basculer un électorat.

Désormais donné en légère avance dans les États qui compteront, Barack Obama se trouve, aujourd’hui, dans une situation qui pourrait paraître fort étrange. Élu pour arracher l’Amérique aux va-t-en guerre néo-conservateurs et reconstruire le lien social d’un pays aux protections insuffisantes, ce président démocrate aura peut-être, finalement, été plus apprécié par les conservateurs et les milieux d’argent que par sa propre famille de pensée. L’ancien Army Chief of Staff et ancien secrétaire d’État républicain Colin Powell ayant déjà endorse le candidat Obama en 2008, son soutien du 25 octobre dernier est paru moins surprenant. En revanche, la marque d’appréciation du gouverneur républicain du New Jersey, Chris Christie fut pour le moins inattendue, sans doute tributaire de l’engagement du président en faveur des victimes de l’ouragan Sandy. Mais peut-être également de la volonté du gouverneur de favoriser l’élimination de Romney, ce qui lui ouvrirait la porte du ticket républicain en 2016. Cela s’ajoutant au soutien à Obama du maire, désormais indépendant, de New York, Michael Bloomberg. On aura aussi noté l’appui, un peu marchandé mais accordé quand même, du magazine conservateur britannique The Economist qui note que le président américain a bien géré la crise de l’économie et des marchés financiers. Alors que les électeurs de 2008 de l’hôte de la Maison-Blanche considèrent parfois qu’il n’a pas tenu toutes ses promesses, notamment au plan social.

Tous les deux ans, les électeurs américains renouvellent entièrement les 435 élus qui siègent à la chambre fédérale de représentants. Le Congrès sortant comprenait une majorité de 241 républicains contre 191 démocrates. Lors des précédentes élections, environ une vingtaine de sièges en moyenne ont changé de bord. Que se passera-t-il cette fois ? Quant au Sénat, qui comprend 100 membres et qui est renouvelé pour un tiers tous les deux ans, son actuelle configuration comprend une majorité de 53 démocrates contre 47 républicains.Là également, la lutte est âpre. Il va sans dire que celui qui sera à la Maison-Blanche après le 20 janvier 2013 souhaitera trouver, au sein des Assemblées, des majorités prêtes à soutenir sa politique. Ce qui, à quelques jours du scrutin, ne semblait pas garanti.

Ce mardi 6 novembre, le parti qui obtiendra 270 grands électeurs aura conservé ou conquis la Maison-Blanche. Mais c’est la configuration des assemblées au Capitole qui délimitera les pouvoirs effectifs détenus dans le bureau ovale.