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Le Venezuela accorde l'asile humanitaire à Edward Snowden

6 juillet 2013, 05:54

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Le Venezuela accorde l'asile humanitaire à Edward Snowden

 

Le Venezuela a annoncé vendredi qu'il accordait l'asile à Edward Snowden, l'ancien consultant de la National Security Agency (NSA) à l'origine des révélations sur l'ampleur des programmes de surveillance et d'espionnage des services américains.

"J'ai décidé d'offrir l'asile humanitaire à ce jeune Américain, Edward Snowden, de sorte qu'il puisse venir dans la patrie de Bolivar et de Chavez et y vivre à l'écart de la persécution impérialiste nord-américaine", a dit le président Nicolas Maduro lors d'un défilé marquant l'indépendance du Venezuela.

Un autre pays latino-américain, le Nicaragua, s'est dit lui aussi prêt à accueillir le jeune informaticien "si les circonstances le permettent".

Edward Snowden est bloqué depuis le 23 juin en zone de transit de l'aéroport de Moscou-Cheremetievo, où il est arrivé en provenance de Hong Kong. Sa présence prolongée commence à indisposer les autorités russes, qui ont exclu de lui accorder l'asile et l'ont appelé jeudi à "choisir un endroit où aller".

Recherché par les Etats-Unis qui veulent le juger pour espionnage et ont annulé son passeport, il a déposé des demandes d'asile auprès d'une vingtaine de pays mais peine à trouver un pays d'accueil.

La France, qui figurait sur sa liste, a ainsi refusé jeudi de donner une suite favorable à sa demande.

A Washington, la Maison blanche a refusé de faire le moindre commentaire sur l'annonce de Caracas.

Nicolas Maduro a expliqué sa décision par les détails que Snowden a livrés sur les programmes d'espionnage des Etats-Unis qui, a-t-il ajouté, ont révélé les "procédés infâmes de l'empire".

"Qui est le coupable ? Un jeune homme qui dénonce des plans guerriers ou le gouvernement des Etats-Unis qui lance des bombes et arme l'opposition syrienne contre le peuple et le président légitime Bachar al Assad ? Qui est le terroriste ? Qui est le délinquant global ?", s'est interrogé le successeur d'Hugo Chavez.

COUP DE FROID TRANSATLANTIQUE

Edward Snowden, qui travaillait dans une antenne de la NSA à Hawaï, a transmis à des journalistes du Guardian et du Washington Post des informations sur l'existence du programme Prism, un vaste réseau de cybersurveillance permettant au renseignement américain de surveiller les communications téléphoniques et électroniques.

Il est aussi à l'origine des révélations de l'hebdomadaire allemand Der Spiegel, corroborées par le Guardian britannique, sur la mise sur écoute de représentations de l'Union européenne, aux Etats-Unis, à l'Onu et jusqu'au siège des institutions communautaires à Bruxelles, ainsi que d'Etats membres de l'UE, dont l'Allemagne et la France.

Ces accusations ont jeté un froid sur les relations entre Européens et Américains au moment où les deux blocs doivent lancer, ce lundi, les négociations d'un traité de libre échange transatlantique (TTIP).

Le calendrier de ces discussions, que certains dont la France souhaitaient repousser, a été maintenu mais des groupes de travail euro-américains seront mis en place pour discuter des activités des services de renseignements américains et de la protection des données liées à la vie privée.

Par ailleurs, l'Union européenne envisage de suspendre deux accords offrant aux Etats-Unis, depuis les attentats du 11 septembre 2001, un accès à des bases de données financières et de transport aérien si Washington n'affiche pas son intention de respecter les règles européennes sur le secret des informations.

Barack Obama a promis lui, en début de semaine, de fournir à ses alliés européens toutes les informations relatives aux programmes de surveillance américains.

Mais le président américain, qui s'exprimait lundi lors de son déplacement en Tanzanie, a ajouté que "tous les services de renseignement, y compris ceux de l'Union européenne, essayent de comprendre ce qui se passe dans les capitales du monde entier à l'aide d'informations qui ne proviennent pas des médias".

Snowden est aussi, mais très indirectement, la cause d'un incident diplomatique entre l'Amérique latine et plusieurs Etats européens, dont la France, qui ont temporairement fermé cette semaine leur espace aérien à l'avion ramenant le président bolivien Evo Morales d'une conférence sur l'énergie à Moscou.

Cette décision aurait été motivée par des rumeurs selon lesquelles le "lanceur d'alerte" se trouvait à bord.