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Les enjeux du projet d''adhésion palestinien à l''Onu
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Les enjeux du projet d''adhésion palestinien à l''Onu
Le président de l''''Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a confirmé lundi au secrétaire général de l''Onu, Ban Ki-moon, son intention d''obtenir la reconnaissance à part entière d''un Etat palestinien devant l''Onu malgré l''opposition des Etats-Unis et d''Israël. Voici quelques-uns des enjeux et des éventuelles conséquences d''une telle reconnaissance.
Pourquoi les Palestiniens souhaitent cette reconnaissance ? Mahmoud Abbas estime que les négociations de paix menées depuis vingt ans avec Israël sous l''égide des Etats-Unis ont échoué. Pour tenter de débloquer la situation, il souhaite obtenir la reconnaissance d''un Etat palestinien à l''Onu tout en laissant la porte ouverte à une reprise des négociations avec l''Etat hébreu, indispensables selon lui à la création d''un Etat indépendant en tant que tel.
Pour légitimer leur demande, les Palestiniens mettent en avant les progrès réalisés dans la construction des institutions de leur futur Etat. Dans un récent rapport, l''Onu estime que l''Autorité palestinienne (AP) a obtenu des résultats satisfaisants dans la construction de ces institutions. Les Palestiniens s''appuient également sur le discours prononcé par le président américain Barack Obama à l''Assemblée générale de l''Onu en 2010. Le chef de la Maison blanche avait réitéré son soutien à l''objectif "de deux Etats, Israël et Palestine, vivants côte-à-côte en paix et sécurité". Les autorités américaines ont depuis minimisé la portée de ces déclarations, affirmant que Barack Obama ne faisait qu''exprimer un souhait.
Pourquoi un Etat reposant sur les frontières de 1967 ? L''Autorité palestinienne souhaite un Etat basé sur les frontières de 1967, avant la guerre des Six-Jours et avant l''occupation par l''Etat hébreu de la Cisjordanie et de Jérusalem-Est. Par cette revendication, les Palestiniens espèrent qu''Israël ne sera plus en mesure de qualifier ces territoires de "terres disputées".
Israël redoute qu''une telle reconnaissance ne permette aux Palestiniens de saisir la Cour pénale internationale (CPI) contre Israël pour contester la présence des 500 000 Israéliens vivant à Jérusalem-Est et en Cisjordanie, deux territoires revendiqués par les Palestiniens.
Vont-ils obtenir cette reconnaissance à l’ONU ? Les Etats-Unis ont prévenu qu''ils feraient usage de leur veto pour bloquer toute demande de reconnaissance à part entière d''un Etat palestinien au Conseil de sécurité de l''Onu. L''Autorité palestinienne dispose actuellement d''un statut d''"entité non membre" participant à titre d''observateur aux travaux de l''Onu. Si Washington met sa menace à exécution, l''Autorité palestinienne pourrait demander un statut d''Etat non membre - à l''instar du Vatican - qui requiert un simple vote à la majorité à l''Assemblée générale. Ce statut lui permettrait de contester devant la CPI les colonies juives implantées sur son territoire et le blocus de la bande de Gaza.
Quelles sont les éventuelles conséquences négatives pour les Palestiniens ? Israël pourrait porter plainte contre les Palestiniens devant la CPI concernant les missiles tirés de la bande de Gaza, territoire administré par le mouvement islamiste Hamas.Certains détracteurs de l''initiative palestinienne affirment que la reconnaissance d''un Etat indépendant à l''Onu pourrait mettre en péril les droits des réfugiés palestiniens et le statut de l''Organisation de libération de la Palestine (OLP). Le rejet de l''initiative palestinienne à l''Onu ne devrait pas changer grand-chose sur le terrain, mais certains Israéliens redoutent que la déception des Palestiniens ne se traduise pas des actes de violences et ne déclenche une nouvelle intifada.
Quelles sanctions américaine ou israéliennes contre l’Autorité palestinienne ? Les autorités israéliennes ont annoncé leur intention d''adopter des mesures de représailles, comme une limitation des déplacements des dirigeants palestiniens hors de Cisjordanie ou une annexion des colonies implantées en Cisjordanie pour contourner la CPI. Certains élus américains ont également indiqué qu''ils pourraient réduire l''aide américaine versée à l''Autorité palestinienne, qui s''élève 450 millions de dollars par an. Priver l''Autorité palestinienne de financements pourrait entraîner un effondrement de l''économie et engendrer de l''instabilité.
Les Palestiniens pourraient-ils renoncer au dernier moment à solliciter l’ONU ? De hauts diplomates américains sont attendus dans la région cette semaine pour tenter de relancer les négociations de paix israélo-palestiniennes et de convaincre l''Autorité palestinienne de renoncer à son initiative. Pour que cette dernière revienne éventuellement sur sa décision, Israël devra faire des concessions, en acceptant notamment de promulguer un nouveau moratoire des constructions de colonies et de prendre les frontières de 1967 comme base des négociations. Ces concessions semblent à l''heure actuelle inenvisageable.
Source : Reuters.
 
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