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Les funérailles de Margaret Thatcher à Londres: imposantes et controversées

17 avril 2013, 14:03

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Les funérailles de Margaret Thatcher à Londres: imposantes et controversées

Les premiers invités, de nombreux fidèles mais aussi des opposants étaient à pied d’œuvre de bon matin mercredi à Londres, quadrillé par la police, pour les funérailles de Margaret Thatcher, imposantes et controversées, à l’image de «la Dame de fer».

 

«C’est l’hommage qui convient pour un grand Premier ministre, respectée à travers le monde. Et je pense que les autres pays de par le monde seraient fondés à penser que la Grande-Bretagne fait totalement fausse route, si nous ne marquions pas cet événement comme il se doit», a déclaré le chef du gouvernement conservateur, David Cameron, visiblement sur la défensive.

 

«Nous vivons tous dans l’ombre de Margaret Thatcher», a-t-il ajouté, dans une interview à la BBC dont la plupart des présentateurs arboraient une tenue sombre.

 

Au même moment, dans la foule encore clairsemée, parquée derrière des barrières métalliques, Katie McDonald, une femme médecin de 30 ans, portait le deuil des «victimes de la révolution libérale thatchérienne». Elle est déterminée à observer un mot d’ordre qui a prospéré sur Facebook, invitant à «tourner le dos» au passage du cercueil.

 

«En tant que contribuable, je suis très en colère d’avoir à payer pour ça», rage-t-elle.

 

«Elle a remis l’épithète Grand dans Grande-Bretagne» proteste au contraire Alan Southern, 53 ans, un vétéran de la reconquête des Malouines aux Argentins, en 1982, un fait d’armes abondamment mis en évidence lors des obsèques.

 

Scotland Yard, qui a déployé 4.000 policiers pour parer à toute éventualité, a fait savoir que la contestation serait tolérée, «pourvu qu’elle s’exerce dignement».

 

Plus de 700 militaires ont été déployés tout au long des 1,9 km de la procession, entre le Palais de Westminster, où Mme Thatcher a longtemps dominé les débats de sa voix haut-perchée et la cathédrale Saint-Paul.

 

Les premiers des 2.300 invités triés sur le volet sont arrivés peu avant 08H00 GMT dans l’imposant édifice mi-classique mi-baroque, pour un rituel immuable, mais un cran en-dessous des funérailles nationales accordées au duc de Wellington, à l’amiral Nelson ou encore à Churchill, le triomphateur du nazisme pleuré par la Nation unanime en 1965.

 

La reine, à titre exceptionnel, l’ensemble du gouvernement, tous les ex-Premiers ministres britanniques (dont Tony Blair qui revendique une partie de son héritage) ont annoncé leur participation.

 

Deux chefs d’Etat, 11 Premiers ministres et 17 chefs de la diplomatie en exercice, sont également attendus selon Downing Street.

 

Au total, 170 pays ont dépêché des représentants de plus ou moins haut rang, reflétant les usages protocolaires en cas d’adieux à un ex-dirigeant, mais aussi leur appréciation de l’héritage thatchérien.

 

L’Argentine et la Russie n’ont envoyé personne. A la surprise des commentateurs britanniques, aucun des anciens locataires de la Maison Blanche n’a répondu à l’invitation malgré «la relation privilégiée» anglo-américaine, chère au coeur de «Mrs T». Et deux des fossoyeurs de la guerre froide (le dernier président de l’URSS Mikhaïl Gorbatchev et le réunificateur de l’Allemagne, Helmut Kohl) se sont excusés, pour raison de santé.

 

Comme de son vivant, Mme Thatcher a régenté la cérémonie dans ses moindres détails: les hymnes méthodistes de son enfance, les extraits de compositeurs anglais qui attestent de son patriotisme jusque dans ses goûts musicaux.

 

Elle n’a pas voulu d’homélie. Mais le diacre de St Paul a suscité la controverse en évoquant «le creusement des inégalités entre riches et pauvres», sous le règne de Mme Thatcher.

 

Sous le dôme se presseront aussi des célébrités des années 80, dont Anya Hindmarch, la créatrice des redoutés sacs à main, centraux dans le look de «la Dame de fer».

 

Le cercueil de la baronne de Kesteven, née Margaret Hilda Roberts d’un père épicier, drapé dans l’Union Jack, a entamé sa procession à 09H00 GMT, dans un corbillard, puis sur un affût de canon tiré par huit chevaux noirs. Il a commencé à remonter les rues de la capitale au son des marches funèbres de Chopin, Beethoven et Mendelssohn, accompagné de soldats progressant à la cadence de 70 pas, la minute.

 

Le carillon de Big Ben a été réduit au silence, en signe de respect. Mais 19 coups de canon et une cloche unique, à St Paul, devaient rythmer l’approche.

 

Dans le Yorkshire (nord), les mineurs dont elle a brisé la grève d’un an ont prévu diverses festivités. A Belfast (ouest), les murs se sont couverts de graffitis vengeurs. «Rouille en enfer», proclame l’un d’entre eux, en mémoire de 10 grévistes de la faim de l’Armée républicaine irlandaise (IRA) morts à la prison de Maze, en 1981.

 

A l’approche des obsèques, les invitations à manifester se multipliaient sur les réseaux sociaux, avec pour cris de ralliement «la sorcière est morte», ou «bon débarras».

 

Les détracteurs dénoncent en vrac l’ampleur des obsèques, leur coût pour les contribuables soumis à l’austérité, et même leur nom de code jugé partisan: «Operation True Blue», la couleur du conservatisme pur et dur incarné par Mme Thatcher.

 

L’ex-Premier ministre devait être incinérée lors d’une cérémonie privée en présence de Carol et Mark, ses jumeaux.

 

Source : AFP