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Les Libyens désignent leurs députés dans un climat tendu
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Les Libyens désignent leurs députés dans un climat tendu
Les Libyens ont participé, le samedi 7 juillet 2012, avec de la joie et parfois des larmes d''''émotions aux premières élections libres après quatre décennies de régime autocratique de Mouammar Kadhafi.(Légende :Des Libyens dans un bureau de vote à Tripoli, le samedi 7 juillet )
Tandis que l''humeur était plutôt à l''allégresse à Tripoli, le vote a été perturbé dans l''est du pays par des manifestants hostiles aux élections et un protestataire a été tué.
Malgré les troubles, les autorités libyennes ont annoncé que 98% des bureaux de vote avaient fonctionné correctement.
La Commission électorale a annoncé par ailleurs qu''1,2 million d''électeurs sur près de 2,8 millions d''inscrits avaient voté à 16H00 (14H00 GMT).
Les bureaux de vote ont fermé samedi à 20h00 (18h00 GMT) mais les premières tendances ne sont pas attendues avant dimanche et les résultats complets lundi.
Les Libyens étaient appelés à élire une assemblée de 200 membres, qui désignera à son tour un gouvernement et un Premier ministre et rédigera une nouvelle Constitution afin de permettre l''organisation d''élections législatives en 2013.
Après la Tunisie et l''Egypte, la Libye pourrait à son tour porter des islamistes à sa tête dans la foulée du "printemps arabe". Beaucoup parmi les plus de 3.700 candidats à la députation défendent en effet des programmes d''inspiration religieuse.
Dans une école du centre de Tripoli transformée en bureau de vote, une dizaine de femmes faisaient la queue samedi pour voter et certaines avaient les larmes aux yeux.
"Je suis un citoyen libyen dans une Libye libre", s''est réjoui Mahmoud Mohamed al Bizamti, à l''extérieur de ce bureau de vote.
"Je suis venu aujourd''hui pour pouvoir voter démocratiquement. Aujourd''hui, c''est comme un mariage pour nous", a-t-il ajouté.
ATTAQUES
La principale menace pesant sur les élections vient de la province orientale de Cyrénaïque, berceau du soulèvement contre Mouammar Kadhafi début 2011. A Benghazi, la capitale provinciale, et dans sa région, s''est développée une hostilité à l''égard des autorités intérimaires installées à Tripoli, dans l''ouest.
Un manifestant hostile aux élections a été abattu samedi à Ajdabiya, à environ 160 km au sud de Benghazi, alors qu''il tentait de dérober une urne dans un bureau de vote, a annoncé un responsable local de la sécurité.
Au moins quatre bureaux de vote ont également fait l''objet d''une attaque, selon des témoins. Des manifestants ont mis à sac l''un d''entre eux. Cherchant à jeter le discrédit sur les élections, ils ont mis le feu aux registres électoraux.
Un homme a par ailleurs été touché d''une balle dans le bras et transporté à l''hôpital après un affrontement entre partisans du boycott et partisans des élections.
"Le bureau n''était pas assez sécurisé pour les empêcher d''agir", a explique un témoin de la scène à Reuters.
La Cyrénaïque sera représentée par 60 élus contre 102 pour l''ouest du pays. Les manifestants avaient annoncé leur intention de boycotter le scrutin.
Mais ces troubles n''invalident pas pour autant les élections aux yeux des Occidentaux. "Je pense que la meilleure chose pour la Libye est que Mouammar Kadhafi ne massacre plus son propre peuple. Jusqu''ici, tout montre que ces élections ont été libres et équitables", a déclaré le sénateur américain John McCain à Tripoli.
"Je pense que nous pouvons déjà constater que les problèmes rencontrés se sont produits dans un nombre suffisamment restreint de bureaux de vote qu''ils ne vont pas remettre en cause la crédibilité générale de l''élection", a déclaré quant à lui Ian Martin, émissaire de l''Onu en Libye.
VERS UN SUCCES ISLAMISTE?
A Syrte, la ville de Mouammar Kadhafi sur les rives de la Méditerranée, les élections ne suscitent guère d''enthousiasme.
"Ils devraient d''abord s''occuper de nous, regardez nos maisons", déclare Abed Mohamed, un habitant du quartier n°2, dévasté par les combats de 2011. Mouammar Kadhafi se serait caché dans ce quartier avant d''être débusqué et tué en octobre.
"Nous ne sommes pas contre des élections à l''avenir, mais faisons les choses dans l''ordre", ajoute-t-il.
Beaucoup de Libyens sont toutefois impatients de pouvoir désigner enfin par eux-mêmes leurs dirigeants et il est quasiment impossible de prédire l''issue du vote.
Le Parti de la Justice et de la Reconstruction, aile libyenne des Frères musulmans, et Al Watan, de l''islamiste Abdel Hakim Belhadj, devraient recueillir de nombreux suffrages.
Un certain nombre de sièges sont réservés aux femmes, ce qui suscite des tensions, comme l''illustrent les gribouillages sur les affiches électorales des candidates à Tripoli.
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