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Les médias indésirables pour l'inhumation de Mandela

14 décembre 2013, 07:39

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Les médias indésirables pour l'inhumation de Mandela

 

La venue d'une meute de journalistes, photographes et cameramen dans le village d'enfance de Nelson Mandela pour ses obsèques privées, dimanche, est un casse-tête pour les responsables de la sécurité sud-africains.
 
C'est en revanche une aubaine pour une population locale sans grandes ressources et avide de profiter de l'"effet Madiba".
 
Les forces de l'ordre ont bouclé le coeur du village des ancêtres de l'icône de la lutte anti-apartheid, Qunu, à 700 km au sud de Johannesburg, dans la province du Cap oriental.
 
Les médias venus du monde entier ont été cantonnés sur une colline distante d'un kilomètre du cimetière.
 
Conformément au voeu de la famille du défunt qui tient à une cérémonie "privée", les seules images officielles de l'inhumation de l'une des personnalités les plus éminentes du XXe siècle proviendront de la télévision publique sud-africaine SABC. Un seul photographe extérieur immortalisera la scène.
 
Dans le ciel de Qunu, les chasseurs de l'armée de l'air font respecter une zone d'interdiction de survol visant à la fois à assurer la sécurité des hôtes de marque étrangers attendus et à conserver le caractère privé de la cérémonie.
 
Un immense chapiteau installé sur une hauteur, pour la famille du défunt, les chefs coutumiers, les ministres et les invités officiels, bloque presque entièrement la vue sur le caveau familial où reposent déjà trois des enfants de "Madiba".
 
Cela ne devrait pas empêcher les photographes équipés d'immenses téléobjectifs de chercher à prendre à tout prix un cliché de la mise en terre du premier président noir de l'Afrique du Sud qui sera inhumé, selon toute vraisemblance, conformément aux rites traditionnels de son ethnie Xhosa et avec les honneurs militaires dus à son rang.
 
MISE EN GARDE DES AUTORITÉS
 
Des patrouilles militaires passent au peigne fin les collines alentour, interceptant des photographes à la recherche du meilleur point de vue pour "mitrailler" la sépulture de "Madiba" ou les participants à la cérémonie.
 
"Vous risquez l'expulsion si vous violez en quoi que ce soit l'intimité de la famille", a prévenu vendredi Neo Momodu, porte-parole du gouvernement, lors d'une conférence de presse.
 
L'arrivée de centaines de journalistes, photographes et techniciens fait toutefois des heureux parmi les propriétaires de maisons d'hôtes de Qunu et des environs qui, dès l'annonce de la mort de Nelson Mandela le 5 décembre, ont constitué un cartel pour multiplier par trois leurs tarifs.
 
La nuit dans une chambre au confort spartiate dans un bungalow en dur coûte désormais l'équivalent de 150 dollars, contre 50 auparavant.
 
Les vendeurs à la sauvette font eux aussi des affaires en assurant les repas des journalistes, des agents de sécurité et des simples curieux obligés de faire un détour sur la grande route reliant les cités portuaires d'East London et de Durban.
 
Partout, des jeunes gens assis sur des glacières installées sous des arbres proposent des canettes de boissons fraîches. "On est tous en deuil à Qunu mais c'est aussi notre façon d'aider", dit Anelisiwe Mqungu, qui vend des boissons non alcoolisées.
 
La météo prévoit des éclaircies ensoleillées pour la cérémonie de dimanche, qui se tiendra en plein air.
 
Si ces prédictions se matérialisent, cela contrastera avec les trombes d'eau qui se sont abattues toute la journée de mardi lors de la cérémonie solennelle d'adieu à Nelson Mandela au grand stade de Soweto.