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Leurs mutuelles politesses

20 janvier 2013, 00:00

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Le plus vif atout du pouvoir est l’indigence de l’opposition officielle.

Cette dernière, depuis longtemps sous perfusion aux soins intensifs, ne s’alimente plus que du désarroi de la majorité. Si 2013 était bien, au plan économique, l’année de la sortie de crise, trouverait-on, en politique, les ressources requises pour dynamiser un pays qui ne peut se contenter d’aligner par dizaines des boutiques de prêt-à-porter ?

Bon nombre de Mauriciens restent convaincus que les deux principaux adversaires ne le seront pas indéfiniment.

Verra-t-on réellement Ramgoolam et Bérenger engagés à nouveau dans une surenchère de déférence, une inflation de prévenance, un nouveau brouillage d’allégeances ? Les deux partis et, surtout, les deux hommes, ont-ils quoi que ce soit à gagner de cela ? La dynamique des derniers mois n’encourage-t-elle pas davantage la recherche d’un impitoyable game over ? Quoi qu’il en soit, que le MSM soit finalement le dindon de la farce ou juste une farce prolongée au-delà de sa date de péremption initialement prévue, il ne suffira pas d’une alliance ou d’une autre pour que, d’un côté comme de l’autre, soient garantis le renouvellement et l’assainissement attendus.

Notre classe politique dispose-telle de nouveaux visages ? Celui le plus fortement révélé par les dernières élections municipales serait-il celui de la dame en rouge ? Mais cela n’est, peut-être, qu’un gag, qu’un coming-out outré, voire une demande d’investiture un peu plus appuyée que de coutume.

A bien voir, même s’ils furent nettement moins soulignés, bon nombre de jeunes visages sont apparus, tant rouges que mauves. Il faut vivement espérer que cette jeunesse, comprenant d’ailleurs de réels talents, ne soit pas rapidement désabusée, désenchantée, découragée.

Si les deux grands partis se présentaient séparément à l’électorat, cela aurait le mérite de laisser plus de place à ces jeunes Mauriciens qui veulent encore faire admettre - et cela est méritoire – la pertinence d’un engagement partisan.

Une alliance des rouges et des mauves, en revanche, aurait pour effet de favoriser le verrouillage des circonscriptions et, dans une très large mesure, la reconduction des élus actuels.

Les jeunes de tous nos partis seront-ils en mesure, dès la prochaine législature, d’imposer à leurs aînés un champ de priorités davantage en phase avec le pays, avec ses besoins urgents comme ses aspirations les plus tenaces.

L’Unesco vient de souligner l’indigence de notre politique culturelle. Depuis des décennies, depuis les premiers Composite Cultural Shows organisés par les services d’Armoogum Parsooramen, il y eut des mises en garde contre ce stérile amalgame maintenu entre culture et religion.

Egalement pour inviter à appréhender de manière large les diverses expressions de la culture contemporaine. Mais le politique s’est obstiné dans sa voie sans issue, celle de la répétition indéfinie du même. Les jeunes politiques pourront-ils faire valoir que la compétence requise à certains postes stratégiques ne peut se résumer au degré d’amplification des voix sectaires réclamant qu’on y place tel ou tel ?

Parmi ces futurs jeunes députés du MMM, du Parti travailliste, trouvera-t-on des convictions écologiques assez fortes, des hommes et femmes suffisamment convaincus de l’impérieuse nécessité d’une réelle sobriété énergétique, trouvera-t-on parmi eux, qu’ils soient mauves ou rouges, des Verts résolus ?

Ces hommes et femmes jeunes, eux mêmes scolarisés après le durcissement inhumain du CPE, auraient, sans doute, assez de souvenirs personnels pour se faire les avocats d’une réelle réforme de l’éducation, élément essentiel de ce saut qualitatif sans lequel nous ne resterons qu’un pays du tiers-monde un peu enrichi, un peu avachi. Ruminant quelques lointains souvenirs de croissance forte, l’oeil éteint, broutant des racines sèches dans un champ de canne abandonné, à côté du dernier centre commercial. Au pays des désirs marchandés.