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Loi sur l’avortement : Mgr Maurice Piat en faveur du principe de « double effet »

28 mai 2012, 00:00

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Loi sur l’avortement : Mgr Maurice Piat en faveur du principe de « double effet »

L’évêque de Maurice présuppose le recours à une décision médicale dans le seul but de sauver la vie d’une femme enceinte au péril du fœtus. La disparition du fœtus devient ainsi l’effet secondaire mais non  pas le principal objectif de l’intervention médicale.

Le débat public provoqué par le projet du gouvernement d’apporter un amendement au code pénal afin d’autoriser l’interruption volontaire de grossesse dans quatre cas continue de plus bel. Il a été au cœur d’une rencontre à 11 heures ce lundi 28 mai entre Mgr Maurice Piat, évêque du diocèse de Port-Louis, et Yatin Varma, ministre de la Justice.

Lors de la célébration de la fête de la Pentecôte au Thabor, le dimanche 27 mai 2012, Mgr Maurice Piat a précisé la position de l’Eglise catholique par rapport au phénomène social qu’est l’avortement. Il a tenu à faire ressortir que l’Eglise catholique n’a jamais changé sa position par rapport à l’avortement considéré d’ailleurs comme un crime.

C’est pourquoi l’Eglise catholique, a-t-il indiqué, rejette les propositions contenues dans le projet d’amendement au code pénal. Par contre, l’évêque de Port-Louis se dit favorable à la clause qui prévoit de permettre l’avortement dans le cas où la femme enceinte est en danger de mort dans la mesure où on applique rigoureusement le principe moral traditionnel, connu comme celui du ‘double effet’.

La proposition d’inclure le principe de ‘double effet’ a été formellement faite le 9 mai 2012 dans le cadre d’une lettre conjointement signée par Mgr Maurice Piat lui-même, Mgr Alain Harel, évêque du Vicariat apostolique de Rodrigues, et Mgr Ian Ernest, évêque de Maurice et archevêque de la Province de l’océan Indien.

Selon les signataires de cette lettre, l’amendement au code pénal en vue d’autoriser l’avortement devrait, par conséquent, s’articuler uniquement autour de ce principe. « L’acte médical engagé par le médecin pour sauver la vie d’une femme enceinte peut avoir comme conséquence la mort du fœtus. Celle-ci est l’effet secondaire et non pas le but visé. Il n’a pas pour but d’éliminer le fœtus mais de sauver la mère. Les exemples connus où ce principe s’applique sont la grossesse extra-utérine et les cancers, plus particulièrement celui de l’utérus ou du col de l’utérus. »

Dans cette lettre, les évêques ont interpellé les parlementaires sur les amendements que le gouvernement se propose d’apporter au code pénal concernant l’avortement. Les signataires y ont indiqué que leur seule préoccupation est de mettre en garde contre le risque que la condition évoquée par cette clause puisse être interprétée très largement ouvrant ainsi la voie de nombreux abus.

Leur souhait est que le gouvernement introduise un amendement au code pénal qui « répond aux besoins de la femme enceinte en danger de mort tout en respectant les critères fondamentaux d’éthique et de conduite morale ».

Dans cette lettre aux parlementaires, les trois dignitaires religieux ont expliqué leur opposition au recours à l’avortement dans les autres cas préconisés par le texte d’amendement au code pénal déjà présenté en première lecture à l’Assemblée nationale.

Les trois situations où cela devrait être possible, selon les dispositions de l’amendement qui fait débat, c’est premièrement lorsqu’il y a un risque d’atteinte à la santé physique ou mentale de la maman, deuxièmement lorsque les risques potentiels d’une malformation du bébé ont été pronostiqués et troisièmement lorsqu’interviennent des grossesses en cas de viols et de relations sexuelles avec mineure de moins de 16 ans.

« Ces trois cas ne sont pas acceptables et doivent être complètement enlevés du projet d’amendement au code de loi. La raison fondamentale de cette objection est que selon un large consensus d’hommes scientifiques, la vie humaine commence dès la fécondation. Devant une vie qui apparaît, nous n’avons pas de droits mais seulement des responsabilités. Qui sommes-nous pour décider qui a le droit de vivre et qui ne l’a pas ? » précise l’évêché.

Par ailleurs, une rencontre entre Mgr Piat, Mgr Ernest et l’Attorney General, Yatin Varma, tenue ce lundi 28 mai, n’a abouti à aucun progrès entre les deux parties. Dans une déclaration à la presse, Mgr Ernest a indiqué que « c’est le statu quo » tandis que Yatin Varma s’est contenté de dire que « la réunion a été positive ».