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Madagascar: Confusion sur le calendrier électoral
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Madagascar: Confusion sur le calendrier électoral
En brandissant une lettre des Nations unies, Andry Rajoelina, président de la Transition, a démenti l’existence du feu vert de l’ONU pour le report des élections et le maintien de l’ordre des scrutins. Béatrice Atallah, présidente de la CENIT, maintient le contraire.
Un nouveau pavé dans la mare. Andry Rajoelina, président de la Transition, a semé le doute sur la position des Nations unies dans la prise de décision concernant le calendrier électoral. Or, la Commission électorale nationale indépendante pour la transition (CENIT) persiste sur l’existence de l’aval de l’ONU dans le report des scrutins et le maintien de leur ordre.
«Je viens de recevoir une lettre de Suzanna Malcora, directeur de cabinet de Ban Ki-moon. Je cite: Il doit y avoir un consensus entre les parties prenantes qui doivent toutes être consultées aussi bien sur les séquences que sur le calendrier des élections», a rapporté Andry Rajoelina au cours d’une interview télévisée, hier soir.
L’homme fort de la Transition a trouvé un argument supplémentaire pour fustiger la décision de la CENIT et les partenaires techniques et financiers, prise à Ivato le 5 février.
«La déclaration du SG des Nations unies est claire: il ne donne pas d’aval []sur l’initiative]», a-t-il soutenu. Andry Rajoelina a réfuté la déclaration de Béatrice Atallah, présidente de la CENIT, qui avait fait part de l’«aval du SG des Nations unies» concernant le report de l’élection présidentielle au 24 juillet et de la députation au 25 septembre ainsi que le maintien de l’ordre des scrutins arrêtés mardi.
Andry Rajoelina a reproché l’attitude de la CENIT et des représentants des partenaires techniques et financiers. «Pourquoi ne pas avoir attendu alors que le président de la Transition était en train de discuter avec le secrétaire général des Nations-Unies», a-t-il demandé.
CHOC FRONTAL
Il a sorti l’artillerie lourde pour remettre en cause la décision de repousser les consultations populaires et de maintenir l’ordre des scrutins, sur un terrain préparé par ses partisans depuis quelques jours. Celui qui «souhaite» la tenue des législatives avant la présidentielle a martelé le «risque de troubles» si le nouveau calendrier électoral est maintenu. «À mon avis, il ne devait pas y avoir d’ajournement des élections», a-t-il ajouté.
La déclaration présidentielle a constitué un choc frontal par rapport à la version de l’organe chargé de préparer et d’organiser les consultations populaires. Sa présidente, Béatrice Atallah, a maintenu sa position et sa version.
«Je n’ai pas vu la lettre évoquée par le président de la Transition. Je ne sais pas si celle-ci est la même que nous avons reçue le 5 février», a-t-elle rétorqué, faisant également allusion au feu vert des Nations unies pour les nouvelles dates des scrutins. Elle a persisté en insistant sur l’existence d’une autre intervention de New-York confirmant l’initiative au cours du conclave d’Ivato, officialisant l’ajournement des élections et le refus d’accéder au souhait présidentiel sur l’ordre de celles-ci.
Béatrice Atallah a rappelé le déroulement du processus qui a conduit à l’officialisation du calendrier électoral. «Nous avons consulté les signataires de la Feuille de route, y compris le Tanora mala­Gasy Vonona []fondé par Andry Rajoelina] le 1er février. Il n’y avait pas eu de consensus sur l’inversion de l’ordre des scrutins. Par contre, il y avait unanimité concernant le report des élections», a-t-elle dévoilé, laissant entendre l’existence d’une «consultation des parties concernées».
«Nous avons ensuite organisé un conclave pour examiner la situation. Selon la Feuille de route, c’est la CENIT, en collaboration avec les Nations unies, qui décide du calendrier électoral», a-t-elle rappelé avant de «remercier le Président pour avoir repris les arguments techniques pour ajourner les scrutins».
La balle se trouve dans le camp des Nations unies pour donner sa véritable position et pour clarifier la situation afin d’apaiser la tension politique. En attendant, un bras de fer se profile à l’horizon autour du processus électoral. Six des dix entités signataires de la Feuille de route étaient montées au créneau pour anticiper l’offensive présidentielle en défendant la décision de l’organe chargé de préparer et d’organiser les scrutins.
BERIZIKY TOUJOURS DANS LE COLLIMATEUR
Les divergences à la tête de l’Exécutif prennent un peu plus d’ampleur. Andry Rajoelina, président de la Transition, a engagé la responsabilité du Premier ministre Omer Beriziky dans le report des élections.
«À mon avis, le gouvernement a échoué dans sa mission», a-t-il avancé, reprenant le discours de ses partisans. Dans son intervention télévisée, il a laissé entendre qu’il est possible qu’il limoge le chef du gouvernement. «C’est moi qui l’ai consulté et nommé selon la Feuille de route», a-t-il lancé, faisant allusion à son pouvoir de démettre Omer Beriziky au nom du parallélisme de forme.
«S’il y a une décision, je ne vais pas l’annoncer ici», a-t-il conclu, alors que le chef du gouvernement avait déjà assuré, dimanche, qu’il ne quittera pas sa fonction.
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