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MAK 2 à la prison : Le kreol permet à la créativité de prendre son envol
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MAK 2 à la prison : Le kreol permet à la créativité de prendre son envol
 
Le samedi 22 septembre dernier, le centre Lotus de la prison de Beau- Bassin a résonné de propos autres que ceux associés à la drogue et à la réhabilitation. C’était de la récitation de poèmes et d’extraits de fables, de propos en slam et de chants en kreol, composés à l’issue du cours de formation Morysien, Angle, Kontabilité ( MAK).
Ce cours dispensé à un groupe de 14 personnes, détenus( es) et gardiens confondus, a été animé par le linguiste Dev Virahsawmy et la comptable Saska Virahsawmy- Naidu, facilitateurs de la Media Watch Organisation . La première partie de cette formation a pris fin en avril dernier par une remise de certifi cats. Ce samedi de septembre marquait la fin de la deuxième session de formation et au cours de laquelle des certifi cats ont aussi été remis. Pour l’occasion, les détenus ont montré à quel point ils ont tiré profit de ce cours en proposant un mini- spectacle entièrement en kreol dont les temps forts ont été le témoignage bouleversant d’Ornella sur les raisons de son incarcération et les prestations remarquées de Giovani, qui a montré qu’il sait autant danser que composer des poèmes.
Outre le poème « Lavi enn trou » qui a fait rire l’assistance, sa composition la plus marquante intitulée « Lavi enn kontradiksyon » , a fait réfléchir, notamment la phrase qui dit que « parfoi enn sel aksyon kapav sanz to destination » . Dev Virahsawmy a enchaîné sur ce thème de vie qui est une contradiction et qui revient dans tous les livres sacrés des plus grandes religions au monde. « Rien n’existe sans son contraire. La fleur de lotus par exemple, fleurit hors de l’eau alors que ses racines poussent dans la boue. Il en est de même de la prison. Bien que privés de liberté, grâce aux cours que le commissaire des prisons met à la portée des détenus, ces derniers ont la possibilité de transformer leur vie » . Il a soutenu cet argument par son expérience personnelle. Les 11 mois qu’il a passés en prison en 1972 lui ont permis de réfl échir et de réaliser qu’il est possible de vivre avec peu de choses. C’est d’ailleurs dans cet univers clos qu’a germé son inspiration d’écriture d’un recueil de poèmes intitulé « Disik sale » et d’un monologue dramatique appelé « La- fime dan lizie » . Dev Virahsawmy estime qu’avec les formations dispensées à la prison, cette institution réformatrice se transformera en université populaire.
« Nou pa aprann kreol dan prizon, nou pe aprann lire ek ekrir e li pou pli fasil pou zot aprann lezot lang. Prison pou donn enn leson sosiete Moris . » Avant de remettre les certi- fi cats aux détenus ayant suivi le MAK2, Jean Bruneau, commissaire des prisons, qui était entouré des hauts cadres de la prison dont l’ACP Guneeta Aubeeluck, a salué le travail d’encadrement de Dev Virahsawmy et de sa fi lle aux détenus et a dit sa conviction qu’avec de telles formations, ces derniers retrouveraient leur dignité. « Je ne nie pas qu’il y ait des problèmes en prison. Mais tout en tentant de les régler, nous faisons aussi un travail productif auprès des détenus » . D’ailleurs, pour les valoriser, at- il ajouté, la Prison Training School qui n’était destinée qu’au personnel des institutions pénitentiaires, sera bientôt ouverte aux détenus. « Nous allons transformer ce centre en académie où l’on dispensera des formations aussi bien au personnel de la prison qu’aux détenus » . Son souhait le plus cher est d’étendre le MAK à toutes les institutions pénitentiaires de Maurice.
 
 
 
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