Publicité

Musharraf fuit le tribunal qui voulait l'arrêter

18 avril 2013, 19:05

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Musharraf fuit le tribunal qui voulait l'arrêter

L'ancien président pakistanais Pervez Musharraf a été contraint de fuir jeudi la salle de la Haute Cour d'Islamabad où les juges venaient d'ordonner son arrestation, moins d'un mois après son retour d'exil pour préparer les législatives du 11 mai.

 

La sortie précipitée de l'ancien homme fort d'Islamabad, dont le 4x4 noir a été poursuivi mollement dans la rue par des avocats mécontents, symbolise la perte d'influence de l'ancien chef de l'armée qui dominait naguère le paysage politique au Pakistan, mais dont la tentative de retour triomphal au pays est tombée à plat.

 

En ordonnant son arrestation, la justice pakistanaise brise un tabou voulant que les hauts responsables de l'armée, qui a dirigé le pays pendant des décennies, restent intouchables.

 

La police n'a toutefois pas procédé à son arrestation au tribunal, dont l'ancien président est sorti entouré de ses gardes du corps. Pervez Musharraf s'est retiré dans un complexe résidentiel fermé des environs de la capitale.

 

"Je ne crois pas que l'élite militaire acceptera une quelconque mesure contre lui", juge l'éditorialiste Mehdi Hasan.

 

Mohammad Amjad, secrétaire général de la Ligue musulmane du Pakistan, le parti de l'ex-président, a déclaré que les avocats de Musharraf déposeraient un recours devant la Cour suprême dans la journée contre l'annulation de la liberté conditionnelle prononcée par la Haute Cour.

 


PLAINTE POUR TRAHISON

 

L'ancien militaire, qui a pris le pouvoir par la force en 1999 avant de renoncer à ses fonctions en 2008, est rentré le 24 mars dans son pays au terme de près de quatre années d'exil volontaire à Londres et à Dubaï afin de préparer les élections législatives, espérant gagner un siège à l'Assemblée nationale.

 

Mais son arrivée en territoire pakistanais l'a placé à la merci des juges qui gardaient en mémoire le bras de fer qu'il avait engagé avec les magistrats en 2007, au moment de la proclamation de l'état d'urgence.

 

Pervez Musharraf doit répondre d'une plainte pour trahison déposée devant la Cour suprême, qui porte sur cette décision jugée anticonstitutionnelle et sur le limogeage de magistrats. Il n'a en outre pas été autorisé à se présenter aux élections législatives en raison de ses problèmes judiciaires.

 

Outre la plainte pour trahison, Musharraf est accusé de ne pas avoir fourni de protection suffisante à l'ancien Premier ministre Benazir Bhutto au moment de son assassinat lors d'une meeting en décembre 2007.

 

Il est également accusé d'implication dans la mort d'un chef séparatiste du Baloutchistan. Il nie ces accusations.

 

Malgré l'attention portée à son retour d'exil, Musharraf ne bénéficie pas d'un vaste soutien populaire et ses démêlés judiciaires ne devraient guère avoir d'impact sur le scrutin à venir pour lequel l'ancien Premier ministre Nawaz Sharif, renversé par Musharraf en 1999, est le favori.