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Obama en Israël pour une offensive de charme

18 mars 2013, 15:23

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Obama en Israël pour une offensive de charme

Près de quatre ans après le début de sa relation souvent houleuse avec Benjamin Netanyahu, Barack Obama, attendu mercredi à Jérusalem, s’apprête à adopter une nouvelle approche en s’adressant directement aux Israéliens plutôt qu’à leur premier ministre.

 

S’il n’est pas question de bouder son hôte, le président des Etats-Unis, qui ne s’était encore jamais rendu en visite officielle dans l’Etat hébreu, s’efforcera probablement de dissiper les réserves de l’opinion à son égard en soulignant son attachement à la sécurité d’Israël et à la défense de ses intérêts.

 

Le locataire de la Maison blanche espère ainsi accroître ses moyens de pression sur un Netanyahu sorti affaibli des élections du 22 janvier pour l’amener à chercher une solution pacifique au conflit avec l’Iran et à relancer un processus de paix israélo-palestinien au point mort depuis octobre 2010.

 

Barack Obama aura toutefois fort à faire pour séduire des Israéliens soupçonneux depuis son appel en faveur du gel des mises en chantier dans les colonies juives de Cisjordanie et de sa main tendue à Téhéran, à son arrivée aux affaires, en janvier 2009.

La tâche sera d’autant plus ardue qu’il n’affiche pas volontiers la compassion d’un Bill Clinton, qui avait su charmer à la fois Israéliens et Palestiniens.

 

Le président, qui effectue le premier déplacement à l’étranger de son second mandat, pourrait toutefois tirer parti de la situation. Avec l’aggravation de la crise iranienne et de la guerre civile en Syrie, qui menace la stabilité de toute la région, les intérêts stratégiques des Etats-Unis et d’Israël ont rarement été aussi convergents.

 

«Il est impossible en fin de compte de ne pas aller là-bas», souligne Dennis Ross, ancien conseiller du président pour le Proche-Orient. «C’est une chance pour lui de se connecter à la pensée israélienne», poursuit-il.

 

Le risque d’une déconnexion totale est toutefois loin d’être écarté.

 

Beaucoup d’Israéliens attendent de Barack Obama davantage de fermeté, en particulier sur le plan militaire, pour dissuader l’Iran de se doter de l’arme atomique. Or, il ne semble pas prêt à aller plus loin, bien que Benjamin Netanyahu lui demande avec insistance de fixer «une ligne rouge» à la République islamique.

 

S’il ne cesse de rappeler que rien n’est exclu, y compris le recours à la force, le président américain a toutefois jugé inutile de «bomber le torse» exagérément, selon ses propos rapportés par des représentants de la communauté juive américaine qu’il a rencontrés la semaine dernière.

 

A la Maison blanche, on estime que les moyens à mettre en œuvre pour amener Téhéran à renoncer à ses ambitions nucléaires toujours inavouées ne font pas consensus dans l’opinion israélienne, ce qui devrait écarter pour le moment la perspective d’un recours à la force, dit-on de source proche du dossier.

 

Obama plaidera donc la patience auprès de Benjamin Netanyahu, ajoute-t-on. L’administration américaine espère toutefois qu’un nouvel engagement ferme en faveur de la sécurité d’Israël fera basculer l’opinion du côté de la diplomatie, plutôt que d’une option militaire lourde de conséquences.

 

L’Iran est devenu le principal point de friction entre les deux hommes, dont la relation est la plus «dysfonctionnelle» que l’ancien négociateur Aaron David Miller ait jamais vue entre un président des Etats-Unis et un Premier ministre israélien.

 

Le diplomate n’exclut toutefois pas un réchauffement, à condition que Barack Obama trouve les mots justes. «Il va devoir leur dire: ‘Je comprends que le voisinage est rude et que votre histoire est sombre. Je ne sous-estime pas vos craintes’. Cette administration ne l’a pas assez dit», souligne-t-il.

 

Lorsqu’il s’est rendu au Caire en 2009 pour proposer «un nouveau départ» au monde musulman, le président n’a pas fait étape en Israël. Beaucoup d’Israéliens le lui reprochent encore et ne comprennent pas pourquoi il a attendu si longtemps avant de réparer l’affront.

 

«Il doit faire appel aux émotions de la population parce qu’il y a eu une crise de confiance dans nos relations avec les Etats-Unis», estime lui aussi Itay Bar, étudiant à l’université Ben Gourion.

 

Barack Obama se rendra également en Cisjordanie et en Jordanie.