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Palestine : l’État terre à terre

4 décembre 2012, 00:00

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Accueilli comme «état non membre» des Nations unies par une large majorité des pays membres de l’organisation - 138 pour, 9 contre et 41 abstenus -, l’État palestinien a préféré la reconnaissance d’un large concert de nations à l’incertaine négociation d’un protocole d’entente avec le plus incontournable de ses voisins. Entre Gaza et la Cisjordanie, entre la poursuite de la lutte armée contre Israël et la recherche d’une solution diplomatique, les composantes du nouvel État ne sont légitimées que par le bout de territoire qu’elles occupent, le nouvel État imposant une souveraineté fort terre à terre.

Le droit peut être subtil : l’Organisation des Nations unies (ONU) n’est pas habilitée à reconnaître un État, à plus forte raison à en parrainer la naissance. Ainsi l’obtention du statut d’État non membre n’est pas une reconnaissance en tant qu’État au plan international, mais uniquement dans le cadre de l’ONU. Par ailleurs, la résolution a exprimé l’espoir que le Conseil de sécurité considérerait favorablement, à l''avenir, la candidature de la Palestine comme État membre à part entière.

Outre la portée symbolique et politique, que les Palestiniens ne manqueront pas d’exploiter, leur nouveau statut leur permet de saisir la Cour pénale internationale. Il leur autorise aussi l’accès à des organes tels que la FAO et l’Organisation mondiale de la Santé. Selon le site web des Nations unies, l’Assemblée générale de l’organisation a accordé le jeudi 29 novembre à la Palestine le statut d’État non-membre tout «en adoptant une résolution qui considère également urgent de reprendre et d’accélérer les négociations dans le cadre du processus de paix au Moyen-Orient».

Tout en restant ferme quant au refus de la colonisation, le président de l’Autorité palestinienne appelait, de New-York, à la reprise des négociations avec Israël, en vue d’arriver aux conditions, acceptables des deux côtés, de cohabitation de deux États, en paix l’un avec l’autre. «Nous ne posons pas de condition mais il existe pas moins de 15 résolutions de l’ONU  qui considèrent la colonisation comme illégale et comme un obstacle à la paix qu’il faut éliminer. Pourquoi ils []]]]les Israéliens] n’arrêtent-ils pas la colonisation ?», s’est-il interrogé.

A Gaza, du côté du Hamas, où l’on ne minimise pas le moindrement la portée de l’avancée diplomatique obtenue à New-York, le chef du gouvernement, Ismael Haniyeh, s’en tient au discours de non-reconnaissance d’Israël. Pour lui, le vote aux Nations unies est, selon ce que rapporte l’Agence France Presse, «une victoire politique et diplomatique considérable». Mais, poursuit M. Haniyeh : «Ce qui s’est passé à l’Assemblée générale de l’ONU est le couronnement de la persévérance, des luttes et des sacrifices du peuple palestinien et confirme la victoire remportée à Gaza. Pour traduire cette résolution dans les faits et en un Etat sur le terrain, nous devons poursuivre la résistance et le jihad et nous consacrer à l’unité palestinienne sur une stratégie de résistance. Nous saluons ce vote, cette annonce et cette étape, mais sur la base de l’attachement aux principes du peuple palestinien, de la non-reconnaissance d’Israël et de la non-renonciation à un pouce de la terre de Palestine».

Dans l''énonciation même de son idéologie, le Hamas pose un rapport à la terre qui semble relever de la plus exigeante des missions religieuses. Il faut toutefois se méfier des documents que l''on peut trouver sur l''Internet, présentés comme Charte du Hamas, car cela pourrait être produit par la propagande anti-palestinienne. En revanche, on peut davantage se fier aux documents associés à des travaux universitaires, comme ceux publiés par l''Institute for Palestine Studies de Washington. 

Et le Département d''État américain et la diplomatie israélienne ont exprimé de forte réserves quant au vote de l''Assemblée générale de l''ONU, postulant que cela ne servirait pas la cause de la paix. Mais cette posture est loin de rendre compte de toutes celles de l''opinion publique israélienne, notamment telle qu''elle s''exprime dans les journaux et médias sociaux. Par exemple, ces propos de l''ancien Premier ministre Ehud Olmert, rapportés par le blogueur Bernard Avishai : «La demande palestinienne []]]]...] est conforme au concept d''une solution à deux Etats. De ce fait, je ne vois aucune raison de s''y opposer []]]]…] nous, en Israël, devrons nous engager sérieusement dans un processus de négociations, afin de nous entendre sur des frontières spécifiques sur la base des frontières de 1967 et résoudre les autres questions».

Dans un éditorial intitulé Reconnaître un horizon diplomatique, le quotidien de centre gauche Haaretz (Le Pays) écrit : «Un Etat palestinien reconnu donnera à Israël un partenaire responsable, ayant un soutien international, qui va représenter l''ensemble du peuple palestinien et pourra prendre des décisions en son nom. Il n''y a aucun fondement à la peur d''Israël de la reconnaissance internationale de la Palestine».

Du centre droit que représente Olmert à la gauche incarnée par les grandes figures du Parti travailliste, dont l''actuel président, Shimon Peres, qui fait confiance à Mahmoud Abbas, il existe, en Israël, un large consensus quant aux concessions requises pour arriver à une paix durable. Reste à trouver la majorité de votants qui vaudra à la prochaine Knesset une majorité soustraite au chantage de formations extrémistes.