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PATRIMOINE : Ce beau gâchis qu’est Port-Louis
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PATRIMOINE : Ce beau gâchis qu’est Port-Louis
C’est une ville qui peut faire rêver mais qui est en train de vivre un cauchemar.
Pourtant, avec les développements concernant les marchands ambulants et les routes qui se construisent, Port-Louis pourrait retrouver de ses splendeurs. extraordinaire. C’est normal de perdre certaines choses. Mais, ça ne l’est pas lorsqu’on ne fait pas l’effort de préserver ce qui reste», lance Lorraine Lagesse, membre de la Société de l’histoire de l’île Maurice.
C’est paradoxal. Port- Louis fait encore rêver. Nostalgiques ? Non, simplement des personnes qui connaissent la valeur de la capitale et qui ne comprennent pas qu’on laisse Port-Louis dans un tel état d’abandon. C’est, entre autres, le cas de Lorraine Lagesse qui a sillonné la ville dans ses moindres recoins, découvrant des trésors patrimoniaux qui disparaissent les uns après les autres.
«Port-Louis est une ville qui a été la plus belle de l’hémisphère sud. On peut en faire la plus riche en termes de patrimoine dans cette partie du monde», affirme, pour sa part, Thierry Lebreton de SOS Patrimoine. «Une des grandes idées de sir Seewoosagur Ramgoolam a été de faire construire une autoroute.
Désormais, il faut avoir une vision globale de l’urbanisme », confi e un passionné de Port-Louis qui souhaite garder l’anonymat. Cette nouvelle vision de la capitale doit effectivement s’inscrire dans un projet à court et moyen terme. Avec une décision d’une cour de justice qui poussera à une relocalisation des marchands ambulants et les nouvelles routes qui se construisent autour de la capitale, voici l’occasion de repenser Port-Louis. «Ce serait une bonne chose que certains quartiers soient décrétés zones piétonnières», plaide, à cet effet, Lorraine Lagesse.
Port-Louis, ajoute-t-elle, perd graduellement de son âme. On détruit et on construit n’importe quoi et n’importe comment. Il y a comme une volonté de nuire à la beauté de Port-Louis. Or, ce n’est pas seulement pour des raisons patrimoniales et culturelles qu’il faut préserver le charme de Port-Louis. «Il y a aussi une raison touristique. On doit pouvoir proposer un circuit touristique à Port-Louis où nos visiteurs pourront voir les temples, les églises, les mosquées et aussi l’Aapravasi Ghat, le Grenier, le Fort Georges… Dans cette perspective, il est inévitable qu’on ait, dans certains quartiers, des rues piétonnières », fait ainsi remarquer Lorraine Lagesse.
C’est en errant dans les ruelles de Port-Louis qu’on découvre son esthétisme. Mais les autorités semblent ne pas s’en rendre compte. «Je pense qu’elles ne réalisent pas qu’il y a de telles beautés à Port-Louis. La question est de savoir ce qu’on peut sauver de ce qui reste. Il y a un tel métissage patrimonial à Port-Louis que ce serait dommage de ne pas préserver ce qui reste encore», insiste Lorraine Lagesse.
Cet héritage, explique Thierry Lebreton, participe d’une unité historique et architecturale. «Il y a une notion anthropologique du développement durable où on a un comportement inhérent qui consiste à donner de la valeur au contenu de ce qui est transmis. Il s’agit de préserver ce qu’on a reçu et de le transmettre aux générations futures. Ce n’est pas qu’on ne touche pas à ce qu’on a reçu. Mais lorsqu’on change, il faut proposer quelque chose de plus beau et de plus grand», assure, à cet effet, Thierry Lebreton.
Repenser Port-Louis est un impératif aujourd’hui. Il y a des décisions à prendre. Autant sur le plan de l’urbanisme que sur celui de l’aménagement du territoire. «Ce serait bien d’avoir un comité de sages qui conseille le gouvernement sur toute la question», suggère un Portlouisien.
Des solutions possibles
Il y a des solutions à court comme à long terme à trouver, avec une certaine vision du Port-Louis futur. Dans l’immédiat, les zones concernées par les camelots (marchands ambulants) sont identifiées dans les images Google en attache : (1) De la zone linéaire de la Gare du Nord au rond-point de Roche-Bois, comprenant la Place des Camions, l’Entrepôt UDL, la Place de la Chapelle St Antoine (2) De la zone du Rond-point de Roche-Bois.
Il s’agit de rendre la rue Farquhar entièrement piétonnière, avec passage central libre de 3.0 mètres de large entre les échoppes, pour les véhicules de livraison seulement entre 17 heures et 7 heures. De la Place d’Armes à la Place de l’Immigration, avec environ 200 solides et jolies échoppes de 50 (8.0 x 6.25) pieds carrés, construites côte à côte entre les carrefours (boxes jaunes) et passages piétons des rues transversales.
Rendre la rue Corderie semi-piétonnière, avec les échoppes sur le côté gauche seulement, en descendant. La même chose pourrait s’appliquer à la rue Desforges et à la route du Quai pour quelque 200 échoppes du même style. Les échoppes numérotées seraient offertes en location, tant aux commerçants existants (locataires du marché central, occupants des boutiques dans les immeubles) qu’aux Camelots avec licences, par vente à l’encan avec une mise à prix minimum de Rs 3 000 par mois, indexée sur le CPI et pour des périodes renouvelables de 3 ans. Un revenu total minimum de 600 x Rs 36 000 = Rs 21.6 M par an, permettrait largement à la mairie de Port-Louis de proposer une qualité d’équipement et d’environnement urbain de haut niveau, avec une garantie de bonne gestion, au moins dans la zone délimitée du plein centre-ville.
La gare d’autobus du nord pourrait, elle, être décalée vers le nord, sur toute la longueur de la Place des Camions. Un espace libre équivalent serait réservé sur la partie libérée de la gare d’autobus, côté sud pour les ventes à l’encan des maraîchers, tôt le matin.
Pour les camelots de Port-Louis sud, la rue Dumas ainsi que toute la Place Victoria pourraient être aménagées entièrement avec le même type d’échoppes, en sus de la foire Monneron jouxtant l’autoroute et la rue y accédant, à partir de LIC sur la rue John Kennedy… Tous les autobus du sud, devraient donc évacuer la Place Victoria et entrer uniquement par la Place Guy Rozemont, pour ressortir par l’autoroute, car la gare Victoria historique se doit d’être réhabilitée, pour abriter un Musée du Rail ou un autre espace culturel… Il ne faut donc pas que le complexe historique et classé de Decaen soit dépareillé. Bien au contraire, il devrait être restauré et mis en valeur, tant pour les touristes que pour les Mauriciens, avec un marché aux Fleurs et pépinière par exemple et des boutiques éventuellement.
A plus long terme, le métro léger devrait aboutir à l’entrée du «Dream Bridge» en devenir, avec une gare centrale pour le sud comme pour le nord, sur le terrain des Salines, à être desservi avec des petits autobus vers le centre-ville.
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