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Question à Pierre Dinan, économiste
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Question à Pierre Dinan, économiste
Il y a eu de nombreuses réactions, notamment des syndicalistes et membres de la société civile, contre l’écart entre les gros et les petits salaires de la fonction publique, dans le dernier rapport du « Pay Research Bureau » ( PRB). Quel est votre point de vue sur la question ?
Quand on parle du PRB, on a tendance à trop mettre l’accent sur la question des salaires, et non sur les principes sur lesquels il repose.
Pour faire justice au rapport, certains points méritent d’être relevés.
Par exemple, le ratio entre les plus hauts salaires et les plus bas est passé de 1 pour 8,6 à 1 pour 7,7.
De plus, si nous faisons la comparaison avec le privé, les petits salaires, dans la fonction publique, sont toujours mieux rémunérés, alors que ceux en haut le sont moins. Ce qu’il faut surtout retenir de cet exercice, c’est qu’il encourage un meilleur management.
Parlons de ce management. Les augmentations consenties aux cadres uniquement garantissent- elles de meilleurs résultats ?
Non, elles ne les garantissent pas. Elles font surtout que ces messieurs dames sont conscients des attentes à leur égard. Et puis, en toute objectivité, ils sont nombreux, les hauts cadres, à justifier leur salaire. De plus, en remettant sur le tapis la question de performance, le rapport va dans le bon sens. Maintenant, est- ce que tout cela est mis en pratique, c’est une autre question. Tout le monde ne peut pas avoir le même salaire.
C’est impossible. Le principe du salaire est de rétribuer selon les compétences, l’ancienneté, les qualifications académiques ou encore le contenu du poste.
Sans compter qu’il y a un aspect concurrentiel pour certaines compétences pointues, qu’il faut retenir parce qu’elles peuvent être convoitées aussi bien par le secteur privé que par l’étranger.
Pourtant la perception est que les bas salaires auraient mérité davantage de générosité… Il faut se rendre à l’évidence, il y a trop d’employés au bas de l’échelle dans la fonction publique.
C’est compréhensible qu’ils demandent une meilleure rétribution.
Mais voyons la chose autrement.
S’il y avait moins d’employés dans cette catégorie, avec un niveau de compétences plus élevé, on aurait pu mieux les rétribuer. Au dernier rapport, en 2008, les salaires de la fonction publique ( Public Sector Pay ) comptaient pour 8,2 % du Produit intérieur brut et ce pourcentage devrait, selon les estimations, passer à 8,8 % en 2013. Et puis, on parle d’une perte du pouvoir d’achat de 5 % pour les petits salaires depuis 2008, mais celui des hauts salaires a baissé de 22 % durant la même période.
Et, au lieu de se focaliser sur la fonction publique, les questions, comme le taux élevé du chômage chez les jeunes ou la promotion de l’entrepreneuriat, méritent davantage notre attention. Il est légitime de voir ces augmentations pour les hauts cadres comme étant importantes, mais il faut aussi se dire qu’elles surviennent au bout d’une période de cinq ans. Est- ce vraiment nécessaire d’attendre cette période pour réviser ces salaires ? Non, c’est trop long.
Propos recueillis par Ludovic AGATHE
 
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