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Question de fonctionnement

16 août 2012, 00:00

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De notre balcon pétri d’un esprit de conservatisme, nous serions tentés d’être satisfaits du rythme de modernisation de notre Etat. Nous avons, d’ailleurs, cette propension à marteler que nous sommes «une jeune nation» et que, comparativement à des pays de la région et de l’Afrique, nous n’avons pas à nous plaindre. C’est entendu. Il y a des motifs de satisfaction. Mais il est temps de se  dire que le temps nous est compté, qu’il faut aller encore plus vite et que seul le réformisme nous garantit d’être en phase avec notre époque. Or, nous sommes loin de nous plier à ces impératifs.

Dans un entretien qu’il accorde à l’express en date du 15 août, Tim Taylor, Chairman-Designate de la CIM Financial Services Ltd, nous rappelle une grande vérité. «Le coeur de la fonction publique est resté le même que celui qu’il était en 1968, soit quelque 44 ans après», explique, à cet effet, Tim Taylor. Certes, on peut reprocher aux acteurs du secteur concurrentiel de continuellement critiquer la fonction publique mauricienne, accusée de lenteur et de bureaucratie entre autres. Mais le fait demeure que la fonction publique, alors que le pays se modernisait, s’est figée dans un mode de fonctionnement qui date de l’ère précoloniale. C’est une caractéristique des plus rétives des sociétés. Autant Maurice a su faire preuve d’un esprit d’adaptabilité à certains moments, autant elle s’est signalée par son immobilisme à d’autres.

Or, la fonction publique est l’un des moteurs de l’économie d’un pays. A Maurice, on a mis en place un fonctionnement qui a rendu l’Etat prisonnier de tout un système. Sacralisée par les syndicats et objet de lobbies multiples, la fonction publique mauricienne s’est sentie quelque part protégée et immunisée contre toute tentative de réformes. Les gouvernants, eux-mêmes, se montrent de plus pusillanimes et tatillons dans leur volonté d’intervenir pour changer le système. Les plus réformistes ont bien tenté d’élaborer des mécanismes d’évaluation et de contrôle. En vain.

Réflexion d’une dame devant un bureau de la fonction publique entendue récemment : «Dans sa pays-là bizin mett la queue tout le temps et lors tout bann comptoirs ki ena pou chaque service bizin ena trois quart ki fermé tout le temps.» Sous prétexte qu’un certain nombre de services sont gratuits, des fonctionnaires n’hésitent pas à traîner les pattes. C’est leur manière à eux de
nous faire payer ces services !

Pourtant, la réforme de la fonction publique est devenue, depuis fort longtemps, un impératif. Même si on ne recrute plus pour chaque poste libéré, même si le personnel a considérablement diminué au fil des années, il reste à y injecter un esprit de compétitivité et de productivité. Car le destin d’un pays repose en partie sur le bon fonctionnement de sa fonction publique.