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Questions à Irène Alessandri, Présidente d’Inclusion (Mauritius)
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Questions à Irène Alessandri, Présidente d’Inclusion (Mauritius)
Hormis une semaine d’activités pour marquer le lancement d’Inclusion ( Mauritius) en 2007, cette fédération a été assez silencieuse. Pourquoi ?
Inclusion ( Mauritius) n’était pas silencieuse mais travaillait tranquillement. Cette idée de fédération regroupant les associations s’occupant de personnes présentant un handicap mental, datant de 2004, s’est concrétisée en 2007 avec 14 associations.
Nous avons effectivement organisé un carnaval et une semaine d’activités pour marquer notre lancement mais nous ne nous sommes pas arrêtés là. Notre deuxième projet, soutenu par la Fondation Joseph Lagesse, a été la tenue d’une formation à l’enseignement académique pour personnes ayant un handicap intellectuel, animée par les experts du Centre International d’Etudes Pédagogiques de la Réunion. Cette formation étalée sur trois ans et reconnue par le ministère de l’Education nationale français, était destinée à une quarantaine d’éducateurs et à une vingtaine de cadres responsables d’associations à Maurice. Il y a une dizaine de jours, nous avons mené à bien notre troisième projet, à savoir une formation de trois jours sur les auto- représentants., financée par Inclusion International à laquelle nous sommes affiliés.
Qu’est- ce que ce projet d’auto- représentants?
Le concept d’auto- représentants est né durant les années 60 en Suède et a mis une quarantaine d’années pour gagner les pays en voie de développement.
Ce concept repose sur l’idée qu’une personne ayant un handicap intellectuel est une personne à part entière, que son handicap n’est qu’une partie d’elle. Qu’elle a des droits, notamment à l’éducation, qu’elle pense et est capable de parler en son nom. Ce concept figure dans la Convention relative aux Droits des Personnes Handicapées, ratifiée par Maurice en 2010. Trop de gens croient que parce qu’une personne a un handicap intellectuel et qu’elle a des difficultés à s’exprimer, qu’elle ne pense pas. Or, cette formation d’auto- représentants, c’est former les personnes handicapées intellectuelles à exprimer ce qu’elles ressentent et veulent pour elles. Lors d’un dernier congrès d’Inclusion International à Berlin, j’ai vu des auto- représentants prendre la parole et exprimer des choses les concernant et c’était formidable.
Bien sûr, elles ont besoin d’avoir une support person pour les encadrer et les aider à surmonter les barrières mais pas pour parler à leur place.
Comment se sont déroulés ces trois jours de formation ?
C’était étonnant de voir des personnes handicapées intellectuelles qui n’ont pas l’habitude de s’exprimer dans leur association respectives, le faire sous l’impulsion d’une auto- représentante libanaise, Mia Farah et de sa mère Fadia, qui est sa support person et formatrice pour les parents. Les personnes handicapées intellectuelles mauriciennes ont exprimé leurs rêves, leurs désirs, leurs espoirs, leurs envies que l’on peut résumer à qu’on les voient, les entendent, les respectent comme tout le monde et spécifi quement, avoir accès à des formations professionnelles leur permettant d’être autonomes financièrement. J’ai été très heureuse de voir cela, d’autant plus que je travaille sur ce projet depuis deux ans.
A terme, sur quoi souhaitez- vous que débouche cette formation ?
A Maurice, le ministère de la Sécurité sociale, a un comité national chargé de l’application de la Convention relative aux Droits des Personnes Handicapées.
Mais il n’y a aucune personne handicapée intellectuelle qui y siège. L’objectif est d’amener les auto-représentants à participer à des plateformes telles que celle-ci ou à des souscomités pour qu’elles aient voix au chapitre dans l’application de mesures les concernant directement.
Cela constituerait un signal fort et permettrait d’amener un changement de regard social par rapport à elles.
 
 
 Propos recueillis par Marie- Annick SAVRIPÈNE
 
 
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