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Rajiv Rajcoomar :« Que chacun se tienne à sa place »
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Rajiv Rajcoomar :« Que chacun se tienne à sa place »
Après une année 2012 nuancée, c’est avec la même verve que l’AMB démarre le nouveau cycle olympique. Grâce à sa pépinière, la fédération espère renouveler son équipe première. Pour remotiver ses troupes, le président de l’AMB, qui entame la fin de son mandat, espère compter sur le soutien de ses partenaires, en particulier le ministère de la Jeunesse et des Sports.
Quel est votre bilan pour l’année 2012 ?
– Le bilan est positif. Nous avons respecté notre calendrier avec les moyens qui ont été mis à notre disposition. Nos efforts ont été récompensés avec deux médailles d’or décrochées lors de la 4e édition de la Coupe d’Afrique des Nations par Richarno Colin et Olliver Lavigilante. Le dernier nommé a même été élu meilleur boxeur du tournoi. Nos deux médaillés à cette compétition ont aussi représenté le pays aux Jeux de Londres. Cependant après les JO, on a dû ralentir le rythme faute de fi nance.
L’AMB avait souhaité qualifi er au moins quatre boxeurs pour cette édition 2012. Qu’est- ce qui a manqué à l’équipe ?
– Nous avions préparé huit boxeurs mais la partie n’a pas été facile. Le niveau du dernier tournoi de qualifi cation était tout simplement très élevé. Une trentaine de pays était en lice à cette compétition. Il n’y a pas de regrets à avoir car on a fait de notre mieux. Pour Rio 2016, les places seront encore plus chères avec de nouveaux critères de qualification.
Après avoir créé la surprise en 2008 avec la médaille de bronze de Bruno Julie, les boxeurs laissent le pays sur sa faim pour l’édition 2012. En avez- vous des regrets ?
– Non. On avait pour objectif de faire mieux que Beijing 2008 car on croyait fermement en nos chances d’être sur le podium. Malheureusement, on a dû se plier à la dure réalité du haut niveau. Et même si les deux boxeurs qualifi és sont revenus des Jeux sans médaille, il n’y a pas matière à polémiquer.
Ce n’est pas parce que la boxe mauricienne compte une médaille olympique que ses boxeurs sont condamnés à remporter des médailles à chaque déplacement.
La star de la discipline, Bruno Julie, a raccroché ses gants cette année. Quel regard jetez- vous sur sa carrière ?
– Bruno Julie est un exemple. Il est jusqu’ici l’unique Mauricien à compter une médaille olympique. Il a aussi eu une carrière très mouvementée.
Mais il a su revenir de très loin.
Après une longue suspension, il a fait des efforts titanesques pour retrouver sa place. Nous avions développé une certaine complicité et nous sommes toujours en contact. Je garde de bons souvenirs de son parcours.
Aujourd’hui, il espère endosser le rôle d’entraîneur. Que pensez- vous de cette transition ?
– Cette transition devrait bien se passer car son expérience du haut niveau devrait lui servir. Il a suivi une formation pour entraîneur fi• octobre 2012 sous la férule du directeur technique national, Jean- Claude Nagloo. L’ancien boxeur a aussi participé à un stage de la Solidarité olympique à travers le CNO animé par un expert de l’Association internationale de boxe, Joseph Diouf, le mois dernier.
Plusieurs autres grands noms de la discipline comme Ludovic Bactora, John Colin ainsi que Kennedy St- Pierre semblent s’être éloignés du ring. Y aurait- il un manque de motivation ?
– L’absence de compétition après les JO pourrait bien être à l’origine de certaines absences.
Et puis les boxeurs ont aussi des préoccupations fi nancières et professionnelles. Il ne faut pas oublier que la bourse de haut niveau qu’alloue l’Etat ne suffi t pas à faire vivre un sportif.
Ludovic Bactora en est, malheureusement, l’illustre exemple. Il est revenu à la compétition après un grave accident.
Durant sa convalescence de deux ans, il n’a pu compter que sur une petite aide financière de l’AMB. Malgré son certifi cat médical, son nom avait été retiré de la liste des boursiers de la HLSU. Malgré tout à son retour, il décroche trois médailles d’or en 2011 ( Championnat de la Zone 4, Championnats d’Afrique et les JIOI). Depuis, on lui a fait des promesses d’emplois qui ne se sont pas concrétisées. Ce père de famille a donc pris du recul pour trouver un boulot. Mais il reste en contact avec la boxe et exerce comme entraîneur régional pour aider les jeunes.
Quant aux autres boxeurs, on souhaiterait qu’ils soient plus réguliers. Pour prétendre à la bourse de la HLSU, il faut respecter les critères.
L’actuel leader de la discipline, Richarno Colin, semble également avoir ralenti le rythme. Il a même retardé un éventuel déplacement en France…
– Il est libre de partir ou pas.
Au niveau de l’AMB, on a fait ce qu’on jugeait le mieux pour son épanouissement. Il avait été reçu à l’INSEP en septembre 2012. Son intégration au centre devait se faire début octobre 2012, le mois au cours duquel débute le nouveau cycle olympique jusqu’aux Jeux de Rio en 2016. Cependant, il n’a pas voulu partir à la date proposée.
Une nouvelle intégration nécessitera une nouvelle procédure.
Et pour qu’il ait le soutien de la fédération, il faudra que le staff technique soit satisfait de sa performance à l’entraînement.
L’équipe nationale de boxe aurait- elle des problèmes à se renouveler et à se motiver ?
– Pas du tout. Les entraînements ont repris le 7 janvier, nous avons notre équipe Jeunes et Pôle Espoir. Cette grande pépinière est le résultat de notre volonté et au travail abattu par les comités régionaux.
Didier Cornet et Richarno Colin sont des boursiers du Trust Fund for Excellence in Sports. Comment se passe cette collaboration ?
– Pour que cette collaboration soit sans anicroche, il faut simplement que chacun se tienne à sa place. C’est à la fédération de s’occuper de la prise de contact avec les instances internationales et de faire le suivi technique des boxeurs.
Les Championnats d’Afrique se tiendront chez nous à la fin de juin. Pensez- vous que l’équipe aura trouvé d’ici là son équilibre ?
– Tout à fait. Nous avons un staff technique performant qui travaille sans expertise étrangère depuis juillet 1996. Et l’équipe produit de bons résultats. D’ailleurs, les cadres de l’AIBA ont apprécié la prestation de l’équipe lors du stage pré- olympique de 40 jours à Cardiff.
Où en êtes- vous au niveau organisationnel ?
– Le comité organisateur sera institué dès qu’on signera le contrat d’objectif pour le budget 2013 que le ministère de la Jeunesse et des Sports allouera à notre comité exécutif.
Cette année, votre mandat de président de l’AMB prend fi n. Quelles sont vos plus belles réalisations ?
– Je suis à l’AMB depuis le 5 juin 2005 et depuis, beaucoup de choses ont changé. Beaucoup de performances ont été réalisées. Les différents résultats parlent d’eux- mêmes. C’est aux observateurs de faire le bilan.
Et vos plus grosses déceptions ?
– La mentalité des gens qui s’autoproclament nobles défenseurs de la boxe mauricienne.
Et il y a aussi des pseudos dirigeants sportifs qui ne ratent pas une occasion pour essayer d’usurper la place du calife. Et pour arriver à leurs fins, ils n’hésitent pas à semer la zizanie au sein de la fédération.
Même si vous libérerez le fauteuil de président de l’AMB, vous resterez une figure clé de l’organisation en tant que son représentant au bureau exécutif de l’instance internationale…
– Effectivement. Je garderai ma place au sein du comité directeur de l’AMB car je reste un membre exécutif de l’Association internationale de boxe ainsi que des bureaux africains et de la Zone 4. Je suis aussi un délégué technique de L’AIBA.
L’AIBA a suspendu plusieurs fédérations internationales en 2012 dont huit fédérations africaines. Que cachent ces sanctions ?
– Ces suspensions ne touchent pas seulement l’Afrique. L’AIBA ne tolère tout simplement pas de manquements de la part des pays membres. L’instance suprême veut faire respecter ses statuts qui priment sur les lois du pays en tout ce qui concerne la pratique de la boxe.
L’AMB est- elle à l’abri d’une suspension ?
– Tant qu’il n’y a pas d’ingérence et de pression politique et que le comité directeur local respecte les statuts de l’AIBA, on est à l’abri.
Il y a quelques mois, vous fustigiez les cadres du ministère de la Jeunesse et des Sports. Les relations se sont- elles améliorées ?
– Je dénonçais la lenteur administrative. Les dossiers sont toujours approuvés à la veille d’un départ. Cela cause pas mal de stress aux boxeurs, entraîneurs, dirigeants, agents de voyage et au comité organisateur de l’événement. Rien ne reste statique dans une organisation.
Les choses peuvent évoluer.
Avec plus de professionnalisme, les relations MJS - fédérations s’amélioreront.
Lors de la dernière réunion exécutive à Bangkok en juillet 2012, l’AIBA a listé les Jeux des îles de l’océan Indien parmi les rendez- vous d’Etats ne respectant ses règlements. Votre point de vue ?
– Les JIOI sont des Jeux gouvernementaux et la confédération africaine recommande que cette manifestation se passe sous l’égide de la fédération internationale. Les JIOI n’étaient pas les seuls Jeux mentionnés.
Les Jeux de la SADC, CEDEAO et OSMA devraient également se faire selon les règlements internationaux.
En 2011 aux Seychelles, l’équipe de Maurice avait souffert de ce manque d’adhérence aux règlements internationaux…
– Effectivement et cela malgré les recommandations du président de la confédération africaine, le Dr A. Bessalem, faites en février 2011. Le comité organisateur des Jeux des îles les avaient ignorées. Il est important que les membres du Comité international des Jeux fassent valoir les lois des fédérations internationales. Il ne faut pas oublier qu’en 2007 à Madagascar, on avait, également, souffert de cette situation.
Les fédérations devraient bientôt prendre connaissance de leur budget pour l’année 2013. Quelles sont vos attentes ?
– Nous souhaitons ne pas revivre la mauvaise surprise de l’an dernier où nous avions eu un budget inférieur à celui de 2011. Nous espérons une majoration de la somme qui nous sera allouée. Pour nous, le travail pour les JO de Rio en 2016 a déjà commencé. Et dans l’immédiat, nous avons plusieurs projets pour relancer les compétitions au niveau des collèges et nous souhaitons donner plus de support aux différents comités régionaux.
 
 
 
 
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