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Rama Poonoosamy : « La société mauricienne actuelle a connu un recul »

6 juillet 2013, 04:48

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Rama Poonoosamy : « La société mauricienne actuelle a connu un recul »

Le Festival de théâtre organisé par l’agence Immedia se tiendra du 20 au 31 juillet. D’autres événements tels que le Festival du rire et la pièce «Le Prénom» sont également prévus dans les mois à venir. L’occasion de faire le point sur la situation de cet art à Maurice avec Rama Poonoosamy.

 

Le Festival de théâtre, événement qui avait lieu tous les ans de 2001 à 2007, fait son come-back. La dernière représentation liée à cette manifestation s’était tenue au théâtre de Port-Louis, avant la fermeture de ce lieu. Le bâtiment n’ayant pas rouvert ses portes depuis, c’est le théâtre Serge Constantin à Vacoas qui accueillera cette année, du 20 au 31 juillet, le Festival de théâtre version 2013.

 

«Nous n’avons eu que ces jours-là», fait remarquerRama Poonoosamy, directeurd’Immedia et producteurde la manifestation.Des reprises des pièces présentéesseront toutefois proposéesau public du 10 au17 août prochains. En fait,cinq productions inéditesseront proposées par cinqtroupes, soit, Tizan Lerwa de la Troupe Favory, Letiket de Sapsiway, Pou enn pwanié boner de la Mauritius Drama League, 1695 de CarpeDiem et Donn lazeness so sans de la Troupe théâtralede Rodrigues.

 

Pourquoi avoir choisi de revenir avec ce festival en 2013 ? «Immedia n’a pasvoulu attendre que le théâtre dePort-Louis et le Plaza soient denouveau opérationnels. Nousavons pu constater un désird’exprimer leur talent chez lesdramaturges et ceux qui les entourent,incluant les personnes associées à la création théâtrale.C’est notre devoir de les aider», partage Rama Poonoosamy.

 

Celui-ci rappelle que de 2007 à ce jour, Immedia n’a pas cessé de produire des pièces de théâtre même si elles étaient peu nombreuses. «Le train de vie mauricienme pousse à dire qu’il estimportant de donner l’occasion aux jeunes et aux moinsjeunes de pratiquer une activitéartistique. Il y a une nécessitéde bien canaliser l’énergieet la créativité des jeunes versdes activités saines. Non seulementen profiteront-ils eux-mêmesmais ils contribuerontaussi au rayonnement cultureldu pays», poursuit-il.

 

PÉRIODE PROLIFIQUE

 

Revenant sur les années 1970 à 1980, Rama Poonoosamy rappelle qu’à cette période, l’activité intellectuelle et créative était à son summum. Aujourd’hui, il trouve que la société mauricienne a régressé d’un certain point de vue. «La société a ‘évolué’, certes mais cetteévolution est avant tout matérielletandis qu’à d’autres niveaux, je constate un recul,surtout en ce qu’il s’agit de l’intelligentsia et de la créativité», explique-t-il. Le directeur d’Immedia est en outre d’avis que les jeunes sont désormais moins idéalistes que ceux des années 70-80. «Dans les années 70,il y avait un théâtre engagé prolifique, avec Dev Virahsawmy, Henri Favory etbien d’autres.» Poursuivant son analyse de la jeunesse actuelle, il met l’accent sur le fait que l’attention de celle-ci est fortement centrée sur les nouvelles technologies.

 

«Il faut dire qu’avant, il y avait moins de loisirs. Aller au théâtre était aussi l’occasion de se rencontrer et de discuter.»Une intelligentsia moins nombreuse serait également due, observe Rama Poonoosamy, à une éducationqui devrait être remise enquestion. «On étudie la littérature à l’école, des pièces de Molière et de Shakespeare, entre autres, mais malheureusement, certains élèves du secondaire de même que des étudiants n’ont jamais vu de représentations de ces pièces. Je suis aussi triste de constater que depuis des années, les jeunes délaissent l’histoire et la littérature au profit de la technologie ou de la comptabilité. Nou sertenman pa bizin ennation contab», constate-t-il.

 

Afin que l’île Maurice retrouve son éclat culturel et intellectuel d’antan, notre interlocuteur propose quelques suggestions. «On doit s’inspirerde l’histoire pour améliorerl’avenir tout en tenant comptedu fait que la société a changé.Par exemple, pour promouvoirle théâtre, il faudrait pouvoirtransmettre l’amour de la littératureet de l’histoire. Cela est très important quand on seretrouve dans une société qui setransforme de manière ultrarapide.Les oeuvres littéraireset historiques nous aident àmieux comprendre les autres età développer une certaine maturitéhumaine et un esprit critique.Je crois en la formation etje suis également pour les écolesde théâtre», fait-il entendre.

 

Avant que l’intérêt pour le théâtre ne se transforme en enthousiasme, il reste encore du travail à faire, mais à en croire Rama Poonoosamy, tout serait entre les mains de la jeune génération.

 

Les billets pour le Festival de théâtre seront mis en vente à partir du 27 juin. Ils seront disponibles à Rs 200 à travers le Rézo Ôtayô, tel. : 466 9999 et chez Immedia, tel. : 208 1030.

 

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