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Ravin Dajee: «Le relèvement du cash ratio des banques va éponger Rs 2,8 milliards»

30 juin 2010, 10:21

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? Quel va être l’impact du relèvement du «cash ratio» pour les banques et pour leurs clients ?

La hausse du cash reserve ratio va certainement éponger une partie de l’excès de liquidités. Pour le secteur bancaire, ce sera d’environ Rs 2,8 milliards.

L’impact sera ressenti à plusieurs niveaux : premièrement la Banque de Maurice détiendra environ Rs 2,8 milliards à taux zéro. Certains diront qu’étant donné que les banques ont déjà cette somme auprès de la Banque centrale, il n’y a aucun attrait en termes d’opportunity cost. Mais le coût, exprimé sous forme de taux d’intérêt annuel, peut être compris dans la fourchette de 0,06 % et 0,15 %, en fonction de l’opportunity cost des banques et de comment elles peuvent utiliser au mieux ces liquidités. Pour les banques, il existe quatre possibilités : premièrement laisser le taux d’intérêt tel qu’il est deuxièmement, réduire le taux d’intérêt à l’épargne troisièmement, augmenter l’intérêt sur les emprunts, et quatrièmement, combiner la réduction du taux à l’épargne et la hausse du taux à l’emprunt. Chaque banque commerciale a une strategie qui lui est propre, d’autant plus que l’environnement économique est marqué par une competition sévère. Mais les offres promotionnelles en ce qui concerne les emprunts sont nombreuses, et les banques n’iront donc vraisemblablement pas dans le sens d’une majoration du taux d’intérêt à l’emprunt, d’autant plus que le Cash Reserve Requirement est considéré comme un frais sur les dépôts.

? Compte tenu de la faible rémunération sur les valeurs du Trésor, faut-il réduire la rémunération des comptes épargne ?

Le rendement sur les bons du Tresor ont été très faibles, et ont même atteint 3,16 % durant trois mois.

Le taux d’intérêt payable sur les comptes d’épargne est d’environ 4,65 %, et le rendement des bons du Tresor est bien moindre ce qui veut dire que les banques paient davantage d’intérêts qu’elles n’en reçoivent de leurs portefeuilles de clients. La demande et les dépôts sur les comptes d’epargne par le secteur bancaire est d’environ Rs 135 milliards et, normalement, 20 % de cette somme est investie dans les bons du Trésor. Comme les rendements sur les derniers sont plus faibles que les taux payables par les banques sur l’épargne, la perte est d’environ Rs 445 millions par an. Selon les analystes, cette baisse au niveau du rendement a été engendrée par un excès de liquidités au sein du secteur bancaire et, au cours des semaines écoulées, la Banque de Maurice a pris des mesures pour absorber ces liquidités.

Il y a quelques années de cela, nous avons vu des banques baisser leur taux d’intérêt eu egard  aux faibles rendements sur les bons du Trésor. Etant donné le coût élevé que cela represente pour les banques, il est possible que le taux d’intérêt chute, si l’excès de liquidités persiste et / ou si les bons du

Trésor sont maintenus à un niveau inferieur a 5 %.

? On parle beaucoup d’une contraction du crédit. Comment en est on arrivé là ?

Il faut souligner que la crise de l’euro peut, à court terme, susciter une volatilité sur le marché des changes, et qu’en cas d’exacerbation de la perte de la valeur de l’euro sur le marché, le secteur de l’exportation et du tourisme en feront les frais. A moyen terme, si la crise persiste, le pays sera affecté au niveau du commerce avec la zone euro.

La demande de crédit de la part des enterprises exportatrices a déjà diminué, et cela a commencé bien avant la crise de l’euro. Nous pourrions nous attendre à une baisse encore pus marquée de la demande de crédit. Mais si les enterprises ne remboursent pas, cela aura alors un très fort impact sur les banques… Pour ajouter une note positive, je crois fermement que nous sortirons de cette crise tout comme nous l’avons fait lors de la précedente.

? Vous venez de lancer «Barclays Premier Life». Pourquoi avoir adopté cette stratégie qui cible les clients haut de gamme ?

Toutes les banques fonctionnent selon une logique, qui est de répondre aux attentes de tous les segments du marché. Pour la Barclays, un client est tout aussi important que l’ autre.

C’est la raison pour laquelle notre stratégie commerciale et nos produits couvrent tout le spectre du marché. Nous avons d’ailleurs dans nos cartons d’autres produits qui seront bientôt lancés, et qui ne ciblent pas que les individus à revenus élevés. En ciblant le haut de gamme, la Barclays vient simplement étoffer sa panoplie de produits, car c’est justement une clientèle qui, de par ses revenus et son mode de vie, a besoin d’un service hors du commun. Premier Life, avec l’attrait de sa plateforme internationale et ses services uniques, vient combler une lacune, en proposant au marché un package de services, qui se veut aussi un mode de vie qui, comme le souligne la devise de Premier Life, permet «à des gens extraordinaires de bénéficier de services bancaires extraordinaires.» Premier Life est un produit novateur sur tous les plans, tout d’abord au niveau du concept lui-même. Il est le seul qui englobe à la fois services bancaires de premier ordre et bénéfices uniques, tout en apportant d’autres services dont le client ciblé a souvent besoin... L’accès à 470 salons aéroportuaires VIP à travers le monde ou encore l’assistance à domicile, le service de dépannage, un package d’assurances personnelle et médicale pour ne citer que ceux-là, sont des services qui, vous le conviendrez, répondent à une demande émanant d’une clientèle précise.

? On vous a reproché de ne pas jouer le jeu dans certains dossiers gérés dans le cadre du «Stimulus package». Que répondez-vous à ces acusation ?

La Barclays a toujours adopté une approche rationnelle, professionnelle et éthique concernant toute demande de soutien sous le plan de Stimulus Package. Toute demande reçue par la Barclays fait l’objet de la même attention en termes d’analyse impartiale de la capacité financière, de solvabilité et de viabilité. Toute décision prise par la Barclays dans le sillage d’une demande de soutien est uniquement basée sur des faits et des considérations financières. Je tiens à préciser que, depuis la mise en place du Stimulus Package fin 2009, la Barclays a apporté son soutien à plusieurs entreprises mauriciennes et non des moindres. Aux yeux de la Barclays, le financement octroyé sous le Stimulus Package est précieux et il est important que ce financement soit dirigé vers des entreprises qui effectuent une demande légitime de soutien financier. Nous croyons dans les entreprises mauriciennes et faisons le maximum possible pour soutenir les entreprises qui demontrent une ferme volonté de se restructurer.