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Retenez bien ces noms !

25 novembre 2012, 00:00

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Mamade Khodabaccus, Norbert Froget, Ariane Oxenham, Nooranee Allyboccus et Sunil Beedassy. Retenez ces noms car ils sont susceptibles de vite disparaître des journaux, du moins de la rubrique où ils ont fi guré ces derniers mois. Ces personnes sont toutes des maires sortants mais, étonnamment, du fait d’une décision inédite d’en haut, aucune d’entre elles n’a été investie pour le scrutin municipal du 9 décembre prochain, aucune n’aura le privilège de défendre son bilan, si tant est qu’il en existe bien un. Au fait, à l’exception d’une petite douzaine de rescapés, à Port- Louis et à Vacoas- Phoenix, une très large majorité des conseillers rouges- bleus sortants n’ont pas été retenus pour un tour de piste supplémentaire. Cela en dit long sur l’estime que les dirigeants de la majorité gouvernementale ont conservée à ces équipages qui, voici sept ans, étaient présentés comme les sauveurs de l’administration locale.

Avons- nous un projet pour nos villes ? Si l’on en juge par les fl ots d’investissements, notamment pour la création d’infrastructures de convivialité, force est d’admettre que le modèle qui s’impose va fi nir par rejeter la plupart de nos collectivités locales à la lointaine périphérie de nos espaces de socialisation. Du moins de ceux accessibles au prix d’un droit d’entrée dans une enclave à l’écart de notre tiers- monde usuel et quotidien. On se demande parfois si le pouvoir d’achat effectif de nos compatriotes sera en mesure de rentabiliser les infrastructures commerciales qui sont en train d’être créées un peu partout à travers l’île.

Mais ces dernières ne sont- elles que des lieux de commerce et de restauration ? Ne sommes- nous pas en train de voir apparaître un nouveau schéma, disons, d’agglomération, pour ne pas dire d’urbanisation ? En prenant pour référence un pays proche qu’un grand nombre d’entre nous connaît, l’Inde, on peut dire que ses grandes métropoles présentent deux modèles d’urbanisation. Le premier est celui de Mumbai, que l’on retrouvera dans de nombreuses villes européennes, soit un espace bâti très dense et concentré, d’architecture assez harmonisée et régulière, le résidentiel et le commercial cohabitant dans les mêmes quartiers.

L’autre est celui de Delhi ou de Chennai où de longues voies traversent des quartiers d’habitation soit très populeux soit déserts en apparence, ces avenues convergeant vers des marchés qui, eux, sont les centres nerveux de l’activité urbaine. De Cascavelle à Phoenix, de Bagatelle à Kendra, de Forbach à Mon Choisy, de La Croisette à Centre de- Flacq, n’est-ce pas cette structure constituée de météorites isolées qui est en train de s’imposer ? D’autant plus que nous trouverons aisément, chez nos voisins d’Afrique du Sud, des marques, des savoir- faire et des franchises qui ont trouvé leur salut économique en se mettant à l’abri de la violence et de la dégradation des villes.

Cette requête n’est pas la nôtre, fort heureusement, même si nous avons, hélas, atteint le point de rupture du désir de convivialité entre nos diverses strates de pouvoir d’achat. Nos municipalités seront- elles capables de reconstruire ce lien social ? Pourquoi les centres commerciaux arrivent- ils à attirer un public qui, en revanche, ne se déplacera pas pour la prochaine animation musicale devant leur semblant d’hôtel de ville ? Assisteronsnous, en 2017, à une nouvelle purge des effectifs municipaux, cela comme sanction pour péché d’impéritie et d’incurie ? Plutôt que de faire des élections du 9 décembre une battle à mort et sans règles entre Kid Copé et Frankie Fillon, pourrait- elle être l’occasion d’une réflexion sur le rôle de la ville – de la mise en réseau de voisinage, de la concentration de ressources, de la requête culturelle – dans le processus global de réinvention de l’avenir ? Puisqu’il ne s’agit pas uniquement d’attendre qu’Athènes consomme à nouveau.