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Satish Boolell : «L’avenir passe par une informatisation des services de santé»

7 avril 2011, 11:03

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Quels sont les enjeux de santé pour le pays dans les années à venir ?

Il nous faut un plan directeur, une vision de la santé. Lorsqu’on est dans un système d’Etat providence, la qualité du service commence à baisser dans une certaine mesure. Que ce soit au niveau du personnel où il n’y pas d’homogénéité dans la formation ou au niveau des produits dont nous nous servons. De plus, il faut tenir compte du vieillissement de la population, sans oublier les nouvelles épidémies qui font surface.

Enfin, il faut mettre en contexte les traitements coûteux de la médecine de pointe. Nous ne pouvons pas continuer à gaspiller de l’argent dans des services parallèles où la même personne, qui n’est pas satisfaite d’un service, se rendra dans un autre. Cela augmente la demande concernant les services de l’Etat avec trois fois plus de soutien logistique pour un même malade. Beaucoup de personnes ont des cartes de rendez-vous dans pratiquement chaque hôpital. Il y a aussi des patients qui suivent le spécialiste à travers ses différentes assignations.

Comment sortir de ces habitudes ?

Pour moi, l’avenir doit forcément passer par une informatisation des services de santé. Il faut un code barres pour chaque personne de ce pays. On pourrait ainsi retracer nos antécédents médicaux sans exercer une pression excessive sur le service.

L’informatisation provoquera, en outre, une moindre demande des médicaments. Cela permettrait, parallèlement, au personnel pharmaceutique de pratiquer une pharmacovigilance.

Nous n’avons pas inventé la roue. Je suis toujours surpris qu’il y ait 80 médicaments sous surveillance en France à la suite de l’affaire Mediator alors qu’à Maurice rien n’est sous contrôle.

Disposons-nous d’un personnel formé pour garantir le service public ?

Une réduction du nombre de malades permettrait au personnel de réfléchir un peu plus au lieu d’agir en automate. Lorsque les statistiques de la santé sont publiées, l’impression générale, c’est qu’il y a au moins trois millions de personnes malades. C’est dû à ces visites des malades hors de leur catchmentarea.

Aurait-on des malades imaginaires à Maurice ?

Il y a beaucoup de malades imaginaires.

Si les hôpitaux veulent améliorer la qualité de leurs services et se hisser un peu au niveau de la médecine privée, il faudra bien considérer un service de médecins de famille.

Cela ferait que les malades consulteraient, en premier, leur médecin de famille avant d’être référés à un spécialiste, exception faite des urgences.

Le problème de la qualité de la santé à Maurice se situe au niveau du nombre de malades, du manque de lits, d’un personnel trop souvent appelé à assumer des responsabilités hors de ses compétences et d’une politique financière qui consiste, presque aux trois quarts, à payer les salaires.

Quels autres axes de modernisation peut-on identifier ?

Dans le contexte d’une nouvelle vision de la santé dans les années à venir, il nous faudra incorporer le concept de la Corporate Social Responsibility (CSR) médicale. L’employeur dans le privé a besoin d’un soutien pour ces personnes ne pouvant pas tout le temps faire les frais d’un séjour en clinique. Il faudrait également une contribution conséquente du privé, à travers la CSR, qui nous permettrait d’avoir de nouvelles salles dans le public. Et pourquoi pas utiliser une partie du CSR Fund pour ajouter des salles dans les hôpitaux dans un premier temps ?

Nazim ESOOF