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Satteeanand Peerthum: «Personne ne veut être le PM des minorités ou d’une seule majorité»
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Satteeanand Peerthum: «Personne ne veut être le PM des minorités ou d’une seule majorité»
L’historien comment l’actualité politique et le fait que Bérenger se présente comme candidat au poste de Premier ministre pour le MMM.
L’actualité politique a évolué depuis que Paul Bérenger a annoncé qu’il se présentera comme le candidat de son parti au poste de Premier ministre. Quelle est votre analyse de cette évolution?
D’abord, je tiens à dire que, Bérenger se présentant au poste de PM, c’est quelque chose de logique. Il est le leader de son parti. Il est le leader de l’opposition. Il est le Premier ministre alternatif. C’est, en fait, une bonne chose pour la démocratie et pour la politique. C’est également une bonne chose dans le combat contre le communalisme. Je dis bien communalisme et non sectarisme.
Quelle différence faites-vous entre les deux?
Il faut savoir que lorsqu’un politique dit qu’il défend les intérêts d’une communauté, en réalité, il veut seulement leur vote. En fait, le politique défend les intérêts économiques d’un groupe. Prenons le cas de Gaëtan Duval. Il se faisait passer pour le champion des Joe. Dans les faits, il était le défenseur de la bourgeoisie traditionnelle. Lorsqu’il perd les élections d’août 1967, c’était la défaite de ses bailleurs de fonds que sont, entre autres, les banques et les assurances. Ces derniers vont ainsi faire pression pour que leur représentant, Gaëtan Duval, soit un partenaire du gouvernement afin que leurs intérêts soient protégés. C’est ce qui explique qu’après 1968, les Joe vont graduellement rejoindre les rangs du MMM. Je tiens aussi à dire qu’on n’est pas communaliste lorsqu’on affirme appartenir à une communauté. Le problème surgit lorsque certains sèment la zizanie pour diviser les communautés. Et c’est toujours au bas de l’échelon social qu’on aura des problèmes. A-t-on, en ce sens, vu les grands capitalistes avoir des problèmes entre eux à cause de leurs communautés? La masse des gens, elle, fait intervenir d’autres éléments. Deux exemples: les hindous achètent des voitures de la marque Toyota parce que l’importateur est un hindou et les musulmans boivent Pepsi parce que le fabricant est un musulman.
Pour revenir à Bérenger, certains, à l’image de Cassam Uteem, craignent que sa candidature n’exacerbe le sentiment communal. Partagez-vous cet avis?
Pour moi, ce serait céder à la pression communale. Certaines personnes voulaient à tout prix savoir si Paul Bérenger allait se présenter comme Premier ministre. C’est simplement pour qu’ils puissent mener une campagne à la 1983.
Ne craignez-vous que le pays soit divisé en deux avec cette candidature?
Du moment qu’on a des élections, on aura de la division. Politiquement, le pays est divisé depuis qu’on a des élections. Mais il est entendu, dès les élections terminées, que celui qui devient chef du gouvernement devient aussi Premier ministre de tous les Mauriciens.
Est-ce que cela a toujours été le cas?
Oui, les hommes devenus Premier ministre ont développé ce réflexe. Même s’ils ne le sont pas dans les faits, au plan de l’identification de certaines parties de la population à leurs personnes, ils souhaitent être le Premier ministre de tous les Mauriciens. Personne ne veut être le PM des minorités ou d’une seule majorité. C’est ainsi que certains militants, aux élections de 2005, avaient boudé le MMM parce qu’ils avaient l’impression que Paul Bérenger n’était par «leur Premier ministre». Car les deux ans qu’il a été Premier ministre, Bérenger s’est comporté comme le PM de tous les Mauriciens.
 
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