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Seetabye Lollbeeharry, une des premières femmes pêcheur professionnel
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Seetabye Lollbeeharry, une des premières femmes pêcheur professionnel
Elle possède sa carte de pêcheur professionnel depuis plus de 65 ans. Seetabye Lollbeeharry a été l’une des premières femmes du village du Morne à exercer ce métier. Agée de 85 ans, elle continue à sortir en mer. Plus par passion qu’obligation.
Une dame pour le moins surprenante que Seetabye Lollbeeharry. Elle a été une des premières femmes à exercer le métier de pêcheur dans le village du Morne et probablement dans toute l’île. «Travay zame inn fer mwa per. Mo pann per ni lars, ni pagay. Selman lapes mo finn touzour consider li mo metye ziska aster la», dit Seetabye Lollbeeharry, qui possède toujours sa carte de pêcheur.
À son allure, à sa manière de parler, on a du mal à croire que celle qui nous accueille est âgée de 85 ans. Référence dans l’histoire du village, elle se souvient d’un temps que beaucoup connaissent mal. «Village le Morne ki nou kone aster la li pa ti abite sa ! Dimoun ti res Trou Chenille, Macaque et sa bout la pa ti develope mem. Sel fami ki pe res la se Pandoo et Lollbeeharry», relate-t-elle. Mariée à Lall dès l’âge de 12 ans, elle sera amenée à vivre au Morne en visitant une de ses tantes qui avait une plantation. En y venant pour aider cette tante, l’époux de Seetabye découvre le métier de pêcheur. Sa femme s’y initiera par la suite. «Kan mo bolom ale mo res tousel lakaz. Monn komans ale avek li e monn komans konn metye la», raconte Seetabye.
À 18 ans, dans les années 1940, elle est enregistrée comme pêcheur professionnel. Elle sait manoeuvrer la pirogue, à la voile et à moteur, pour entrer et sortir du lagon. Elle accompagnait chaque jour son mari. Elle pêchait à la ligne tandis que son époux utilisait le harpon ou le filet.
Elle se souvient particulièrement de cette carangue d’une centaine de livres qu’elle a prise un jour. Le poisson était si gros qu’il avait fallu utiliser «lafrang» et la gaffe pour le hisser à terre. «Sa lepok-la ti gayn drwa pik pwason ek omar. Par 100 liv pwason enn lekip trwa dimoun ti pe amene par zour et ti pe gayn Rs 2 000 à 3 000», se rappelle Seetabaye. C’est d’ailleurs ces revenus qui ont permis à cette famille d’assurer la scolarité des enfants, tout en continuant à développer le business de la pêche.
Elle fait peu à peu l’acquisition de cinq pirogues équipées de moteurs. La première pirogue, dit-elle, a coûté Rs 200 et la dernière Rs 35 000. En parallèle, la famille possédait un champ d’une superficie de cinq arpents. Et chaque jour, en revenant de la pêche, Seetabye s’occupait de 15 taureaux, d’une vache et de 150 cabris.
Cette grande dame a été très active au sein de la communauté des pêcheurs. Elle a été décorée par la présidence de la République pour services rendus à la communauté. Elle a ouvert la voie dans ce domaine à beaucoup de femmes.
Trois des quatre fils de la famille vivent toujours de la pêche. Souvent leur mère les accompagne. «Mo nepli ale mo tousel aster akoz laz», dit-elle ajoutant que la mer n’est plus aussi riche qu’avant. «Mem deor osi nepli gayn pwason. Tan ki kapav banla pou contiyn ladan mem, kot pou al sanze aster la ?»
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