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Serge Rivière :Animé par le devoir de mémoire

7 mars 2010, 11:40

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Le professeur d’université parle de l’ouvrage de référence intitulé « Codes noirs et autres documents concernant l’esclavage » qu’il vient de publier.

Dans quel but les codes noirs ont-ils été rédigés ?

Les codes noirs réglementaient l’esclavage. Ils autorisaient les châtiments corporels mais essayaient de limiter la violence des maîtres. En pratique, il n’y avait cependant pas de contrôle de la part des autorités locales et les maîtres avaient les mains libres. Ils se montraient cruels et pratiquaient la torture comme le montrent les illustrations reproduites
dans mon livre.

Votre livre rassemble trois codes, où vous êtes-vous procuré ces manuscrits très rares ?

J’ai trouvé un ouvrage extraordinaire, appartenant à la famille d’Epinay, à la bibliothèque Carnegie de Curepipe. Inédit dans l’océan Indien, il rassemble le Code noir des Antilles datant de 1685 et celui de la Louisiane de 1724. Ensuite, j’ai complété mes recherches avec une visite aux Archives nationales de Coromandel. Sur place, j’ai retrouvé le Code noir de l’Ile Bourbon et de France, datant de 1723.

Grâce à votre livre, ces textes historiques majeurs ne dormiront plus dans les tiroirs.

Cela fait partie de votre devoir de mémoire ?

Tout à fait. Pour vous donner un exemple, la version manuscrite du Code noir conservée à Coromandel était dans un état assez lamentable. En plus comme ce texte était rédigé en français du XVIIIe siècle, il était difficile à lire. J’ai donc traduit les 445 pages de cet ouvrage en français moderne et aujourd’hui, je le mets à la disposition des chercheurs
et des lecteurs, avant que le manuscrit d’origine ne soit réduit en poussière.

Dans votre livre, vous proposez également votre analyse sur le silence du siècle des Lumières à l’égard de l’esclavage.

Oui, cela me paraissait étonnant que de grands humanistes comme Voltaire n’aient pas dénoncé l’esclavage plus tôt, alors qu’ils prêchaient le bonheur, la démocratie, les droits de l’Homme… Je crois qu’ils n’ont d’abord pas compris les conséquences de ce système inique, ensuite ils étaient gênés.

Et l’esclavage va perdurer pendant plusieurs siècles, comme vous le montrez dans une chronologie mondiale.

Oui, par exemple au Pakistan, il faut savoir que l’esclavage n’a été aboli officiellement qu’en 1992 !

Vous avez écrit 26 ouvrages en 20 ans. A quels sujets allez vous consacrer à l’avenir ?

J’aimerais pouvoir écrire des livres pour les collégiens et les lycéens, car l’histoire est un aspect essentiel de l’éducation, mais il est négligé. J’admire les auteurs qui savent rendre l’histoire populaire auprès des enfants, car cela requiert beaucoup de talent et d’autres qualités que le travail d’historien.


 

Marie-Laure Ziss