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Somalie : la famine sera-t-elle fatale aux shebab?

17 août 2011, 00:00

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Si l’on compare les zones touchées par la famine en Somalie et celles gouvernées par les milices islamistes shebab ( photo), on se rend compte qu''''elles coïncident. Cette responsabilité de l''organisation proche d’al-Qaida dans la terrible catastrophe humanitaire qui touche le pays pourrait, selon un article du site britannique BBC News Africa, la déstabiliser:

«Ça ne montre pas une bonne image d''al-Shabab», explique Abdirahman Aynte, un journaliste américain d’origine somalienne qui écrit actuellement un livre sur le mouvement.

Les populations fuient massivement les secteurs les plus touchés par la famine pour chercher de l’aide dans la capitale du pays, Mogadiscio ou, pour ceux qui ont encore la force de s''y rendre, dans les camps de réfugiés voisins, au Kenya ou en Ethiopie, «ennemis jurés d’al-Qaida», précise BBC News.

«Les gens disent que la sécheresse dans la région a été causée par le manque de pluie, mais la famine a été provoquée par l’action de l''homme. []…] Pourquoi la famine s’est-elle limitée aux zones d''al-Shabab?», observe Fatuma Noor, une journaliste qui a voyagé en 2010 dans les territoires contrôlés par les rebelles.

De tels propos témoignent d''un profond retournement de l’opinion publique somalienne. Jusqu’à présent, la présence des shebab constituait un gage de stabilité dans un pays soumis à l’anarchie depuis la chute, en 1991, du président Siad Barre.

Aujourd’hui, les Somaliens blâment la milice islamiste pour avoir interdit en 2009 l’intervention du Programme alimentaire mondial et des organisations humanitaires dans les zones sous leur contrôle. Or, pour Fatuma Noor, le risque de famine avait été anticipé dès 2010 mais  aucune mesure n’avait été pour autant prise pour la prévenir.

L''attitude face aux humanitaires est d’ailleurs au cœur des dissensions qui agitent le mouvement islamiste même. A la différence d’Ahmed Abdi Godan, le leader général des shebab, deux autres dirigeants du groupe étaient prêts à accepter l’aide internationale: Muktar Ali Robow (issu de la région du Bas-Shabelle, touchée par la famine) et Sheikh Hassan Dahir Aweys (considéré comme le doyen des islamistes somaliens).

«Les gens de Robow sont directement touchés par cette famine. Alors il veut laisser venir les agences d''aide []humanitaire]. Mais Godan se méfie de l''ONU et ne veut pas d’eux en Somalie. Alors il a bloqué leur intervention», indique un journaliste londonien, qui a souhaité rester anonyme. Maintenant, Robow accuse Godan de laisser les gens mourir de faim.»

Ces frictions arrivent à un moment délicat pour al-Shabab, qui s’est retiré des secteurs nord  de Mogadiscio le 6 août 2011. Car les taxes qu''y prélevait la milice, «de 35 euros par mois pour les petits commerces jusqu’à des milliers d’euros pour les compagnies de télécommunications» représentaient une source de revenus importante, précise Abdirahman Aynte.

Il est néanmoins trop tôt pour conclure à la dissolution prochaine du mouvement qui, comme le souligne le journaliste somalien, «du point de vue organisationnel reste intact».

Sources : BBC News Africa ( SlateAfrique).

BBC News Africa ( SlateAfrique).