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Sur le littoral : de plus en plus d’hôtels et de villas avec les murs pieds dans l’eau

29 janvier 2012, 00:00

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Sur le littoral : de plus en plus d’hôtels et de villas avec les murs pieds dans l’eau

De Poste-Lafayette à Trou-d’Eau-Douce, le paysage a bien changé ces quinze dernières années. La nature sauvage et belle de Maurice a peu à peu laissé place aux hôtels et aux villas de luxe. De riches étrangers viennent ici se calfeutrer dans leur espace privé, à l’abri des regards. Le problème, c’est que ces constructions pieds dans l’eau profitent d’un flou juridique pour s’installer dans des zones souvent à la limite de la légalité.

A Maurice, le libre accès aux plages est garanti par la Constitution. La limite du domaine public est le High Water Mark, défini comme le niveau atteint par la mer pendant la marée haute. Logiquement, aucune structure n’a le droit d’obstruer le passage dans le domaine public.

Pourtant, dans certains coins, on se demande si c’est vraiment le cas. Le long de la plage de Belle-Mare, promoteurs hôteliers, locaux et étrangers, se livrent une guerre sans merci quant à celui qui bâtira le plus près possible de la mer.
Certains habitants de Trou-d’Eau-Douce ont porté plainte auprès de la Beach Authority afin de dénoncer les constructions illégales. Mais sans succès. C’est le cas des pêcheurs du débarcadère pour l’Île-aux-Cerfs. Résignés, ils affirment que « ceux qui résident ici ont beaucoup d’argent, et par conséquent, ils peuvent tout se permettre ».

La Beach Authority déclare ne pas avoir entendu parler de ces plaintes, et rappelle que celles-ci « doivent être adressées aux autorités concernées, soit le conseil du district, le ministère de l’environnement ou le ministère du logement ».

Les réglementes prévoient que chaque 500 à 1 500 mètres, il doit y avoir un point d’accès à la plage. Ici encore, rien n’est moins sûr. Aux alentours de Poste-Lafayette, il est désormais bien difficile de se frayer un chemin entre les nombreuses villas et hôtels. Et quand on parvient enfin à trouver un morceau de lagon, les employés et agents de sécurité des hôtels dissuadent vite les « intrus » de s’y installer.

La Beach Autority tente progressivement d’améliorer les accès à la mer. Sur la plage de Belle-Mare, quatre emergency accesses ont été récemment aménagés pour permettre aux secours d’agir rapidement en cas d’urgence en mer.

Cela relance la vieille polémique concernant l’accessibilité, ou plutôt l’inaccessibilité, aux plages de Maurice. Les promoteurs immobiliers profitent d’un flou juridique pour s’approprier des zones côtières et construire des infrastructures de plus en plus à la limite de la légalité.

Sur certaines plages où l’on tente de conserver les roches noires, des murs sont construits jusque sur la plage et font corps avec les rochers. Une initiative du gouvernement pour ralentir l’érosion de la plage. Mais on se demande si une étude poussée a été menée pour analyser l’impact de ces constructions sur l’environnement côtier.

Sur ce point, les autorités mauriciennes ont encore des progrès à faire. Néanmoins, certains sites ont été intelligemment aménagés, comme à Poudre-d’Or. Ici, le vieux monument du St-Géran côtoie les nouveaux aménagements. Tables de pique-nique, bancs et toilettes publiques, le gouvernement a bénéficié de fonds de l’Union européenne pour agencer l’endroit. Yakat et Subash, deux Mauriciens venus se détendre en bord de mer, assurent que « l’endroit a bien changé ». « C’est désormais bien entretenu et il y a beaucoup plus de touristes. Le gouvernement devrait reproduire cela ailleurs. »