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Too close to call

11 novembre 2012, 00:00

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lexpress.mu | Toute l'actualité de l'île Maurice en temps réel.

A l’occasion de la précédente campagne présidentielle américaine, les dépenses atteignirent un niveau inédit, inégalé par la suite. Très largement en raison de l’âpre bataille des primaires entre Hilary Clinton et Barack Obama, les candidats déclarèrent, à la Federal Election Commission, pour les 18 mois entre janvier 2007 et juin 2008, des décaissements d’un peu plus d’un milliard de dollars. En 2012, pour le même exercice, quatre mois du scrutin, Obama, Romney, Santorum, Gingrich et Paul n’avaient déboursé que 407,9 millions de dollars. Au mois d’octobre dernier, le New York Times publiait un relevé des sommes engagées dans le fi nancement de la campagne, tant par les divers lobbies que par les candidats eux-mêmes. Ainsi, à un peu plus d’un mois de l’Election Day, Obama avait injecté 852,9 millions de dollars dans sa campagne, son rival républicain 752,3 millions.

Y a-t-il quelques leçons à tirer de ces chiffres ? Imaginez qu’un Financial Committee
de l’Electoral Supervisory Commission rende publics, toutes les semaines, les contributions faites aux partis politiques, ainsi que les montants dépensés par ces derniers, cela bien évidemment repris par les médias. Sans doute aura-t-il fallu
précédemment que nos législateurs se penchent sur la Financial Intelligence
and Anti-Money Laundering Act 2002. Pour voir quels éventuels loopholes ont pu permettre, si tel a bien été le cas, des financements politiques échappant aux
normes légales pour les transactions d’argent. Quoi qu’il en soit, nous pouvons
faire confi ance à nos parlementaires comme aux quelques experts fi nanciers
qui ont engineer notre réseau international de traités fi scaux pour mettre au point un
dispositif encourageant les bailleurs de fonds à fi nancer la démocratie… dans la
transparence…

Aux Etats-Unis, quand ils sont engages politiquement, idéologiquement pour ou contre un candidat, les lobbies se déclarent, de même que les individus.
Ainsi la National Rifl e Association fait savoir qu’elle a participé à hauteur de
7,4 millions de dollars à la campagne de Romney, Jeffrey Katzenberg, le CEO de Dreamworks, annonce 3 millions de dollars en faveur d’Obama.

Certes, à Maurice, certains joueurs au casino politique se couvrent, prennent des options des deux côtés, si ce n’est des trois, ce qui soustrait le financement partisan aux polarisations occasionnées quand les concurrents en affaires prennent parti pour des bords opposés. Dans ces cas-là, boire un soda plutôt qu’un autre devient un political statement. Reste que l’électeur mauricien a le droit de savoir qui paye les ballot papers qu’on lui distribue, qui finance la sono au meeting auquel il assiste, qui prête le conteneur qui sert de base à côté de chez lui. S’il doit y avoir une réforme de nos pratiques politiques, nul doute que les médiations de transparence
figureront on top of the agenda.

Presque un milliard de dollars dépensés par Obama pour se retrouver dans son bureau ovale et mesurer que la majorité à la Chambre des représentants lui échappe à nouveau. Et voilà l’homme perçu comme le plus puissant au monde - encore que dans quelques années cela pourrait être Xi Jinping - qui se voit contraint de négocier avec une majorité parlementaire qui lui est hostile. Qui que soit le prochain Premier ministre indien, que ce soit Rahul Gandhi ou Narendra Modi, qui que soit le prochain Premier ministre canadien, Stephen Harper ou Thomas J. Mulcair, ils seront pleinement chefs de gouvernement, tenant leur légitimité précisément duscrutin populaire qui constitue la majorité parlementaire.

Quand on dispose d’une telle merveilled’équilibre institutionnel - Westminster
-, pourquoi aller cauchemarder d’un président élu au suffrage universel, pourquoi s’embarrasser de deux sources de légitimité démocratique ? Quel pouvoir
peut-on souhaiter que Churchill, Nehru, Trudeau, SSR, Eric Williams ou Tony Blair
n’aurait pas obtenu ?

Par Gilbert Ahnee