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Témoignages des frères Poulay : « Agaléga notre île oubliée de la République »
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Témoignages des frères Poulay : « Agaléga notre île oubliée de la République »
Ils sont deux frères agaléens qui militent pour le progrès de leur île. Franco et Arnaud Poulay considèrent Agaléga comme «l’oubliée» de la République. L’express.mu a profité de leur présence à Maurice pour découvrir le quotidien des habitants de cet archipel.
Une petite île encore à l’état sauvage et à l’allure paradisiaque. C’est ainsi que ces deux pères de famille, âgés de 36 et 28 ans, décrivent Agaléga. Et à en croire Franco Poulay, ses quelque 500 habitants vivent dans la plus grande simplicité.
«A Agaléga, on peut quitter sa maison ouverte et sortir avec l’esprit tranquille. Personne ne va voler quoi que ce soit et tout le monde se connaît», affirme Franco, employé de l’Outer Islands Development Council. Les principales activités de l’île se résument à la pêche, à l’extraction de l’eau de coco et à la fabrication de l’huile de coco.
Pourtant, sur cette île paradisiaque sur laquelle brille un soleil agréable, la vie n’y est pas toute rose… Les deux frères Poulay habitent le petit village «Vingt-cinq» qui se trouve sur l’île du Nord, une partie d’Agaléga séparée de l’autre par la mer. Ce village tient son nom de l’ère coloniale.
«Les esclaves connaissaient l’endroit sous ce nom parce que c’est là qu’ils recevaient vingt-cinq coups de fouet en guise de punition», raconte Arnaud Poulay en ironisant : «De nos jours, nous recevons toujours les coups de fouet… d’une autre manière».
Cette phrase traduit à elle seule le dur quotidien des Agaléens. C’est sur l’île du Nord que se situe le seul collège d’Agaléga. «C’est la galère pour les enfants de l’île du Sud qui doivent venir à l’école. Quand la marée est basse, les enfants ne peuvent pas effectuer la traversée entre les deux îles en bateau et souvent, ils doivent quitter l’école très tôt pour rentrer chez eux», raconte Arnaud Poulay.
Mais la plus grande inquiétude des habitants c’est le service de santé très rudimentaire. Les femmes ne peuvent pas accoucher dans l’île et doivent obligatoirement se rendre à Maurice. Mais ce qui agace le plus les habitants c’est que les autorités évoquent le manque de fonds à chaque fois que les habitants demandent un développement. «Il y a un hôpital et des salles spécialisées… sans matériel. Les médecins ne peuvent pratiquer aucune intervention. Si vous avez le bras cassé, vous allez à Maurice…», déplore Arnaud Poulay.
Un autre souci : il n’y a pas de lumières sur les routes… puisqu’il n’y a même pas de route à Agaléga. Les quelques véhicules qui s’y trouvent, traversent des tracés sablonneux. Les maisons sont, quant à elles, en béton avec un toit en bois. En ce qui concerne les loisirs, c’est encore une fois la pêche qui constitue la distraction la plus populaire.
«Nous pêchons pour nourrir nos familles et non pas pour vendre du poisson. Si la mer est mauvaise, nous passons par des temps très difficiles. Pour les légumes et autres produits, nous comptons sur le bateau qui vient nous approvisionner tous les six mois…», témoigne Franco.
L’élevage de bétail à Agaléga
Mais il faut l’avouer, les temps sont bien meilleurs qu’auparavant. Surtout depuis l’an dernier, quand Emtel a décidé de lancer un projet pilote sur l’île : l’élevage de bétail. C’est à travers son initiative de responsabilité sociale que la société a offert 12 cabris et 13 moutons à cinq familles agaléennes. Ce projet a été très bien accueilli par les habitants. Emtel a donc réitéré son initiative cette année. L’entreprise a décidé d’envoyer 100 poules sur pattes, 20 canards, dix cabris ainsi que 30 moutons supplémentaires dans l’île.
Les Amis d’Agaléga
Dans cet archipel, situé à 1 070 km au nord de Maurice, un petit groupement de personnes s’est décidé à faire bouger les choses. Il s’agit de l’Association des Amis d’Agaléga. Son président, Laval Soopramanien, affirme avec satisfaction que les autorités sont parvenues à offrir sept enseignants supplémentaires pour les deux écoles primaires de l’île. Mais le combat de l’association ne s’arrête pas là. «Il ne faut plus qu’Agaléga soit négligée par la République. Car, tout comme Maurice et Rodrigues, elle en fait partie», affirme-t-il.
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