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Un homme lynché à Bangui après une cérémonie militaire
6 février 2014, 09:06
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Un homme lynché à Bangui après une cérémonie militaire
Des militaires ont lynché mercredi à Bangui un homme qu'ils soupçonnaient d'être un ancien rebelle Séléka, quelques minutes seulement après avoir écouté la présidente Catherine Samba-Panza promettre le rétablissement de l'ordre lors d'une cérémonie consacrant la reconstitution d'une armée en Centrafrique.
Un journaliste de Reuters a ainsi vu une vingtaine de militaires en uniforme accuser un membre de l'assistance d'avoir appartenu à la Séléka, l'alliance rebelle composée essentiellement de musulmans qui avait pris le pouvoir par la force en mars 2013.
Ces militaires ont ensuite poignardé cet homme jusqu'à ce qu'il meure, puis un soldat a piétiné le corps sans vie, presque entièrement dénudé et traîné dans la rue sous le regard de curieux dont certains le prenaient en photo.
Responsable des situations d'urgence pour Human Rights Watch (HRW) à Bangui, Peter Bouckaert a diffusé sur Twitter des photos montrant selon lui le cadavre mutilé de la victime en train de brûler au milieu de la chaussée. Sur l'une des images, on voit un homme tenir un morceau de jambe au dessus des flammes, tandis qu'un militaire apparemment français effectue un geste dans sa direction à l'arrière-plan.
Dix minutes auparavant, à seulement une vingtaine de mètres de là, Catherine Samba-Panza s'était adressée à plus d'un millier de militaires lors d'une cérémonie censée montrer aux Centrafricains la reconstitution de leur armée, évaporée durant les neuf mois de pouvoir de la Séléka.
"D'ici un mois, j'aimerais sécuriser complètement la majeure partie du pays et je compte tenir parole", a déclaré la présidente par intérim, désignée en janvier dans l'attente d'élections censées avoir lieu au plus tard en février 2015.
Sa tâche essentielle consiste à ramener le calme dans un pays où les violences à caractère confessionnel ont fait plus de 2.000 morts, selon l'Onu, à la suite de l'émergence de milices chrétiennes "anti-balaka" ("anti-machette" en langage Sango) en réaction aux exactions de la Séléka.
LA SÉLÉKA SE REGROUPE DANS LE NORD-EST, DIT HRW
La présence de 1.600 militaires français de la force Sangaris et de 5.000 soldats de la Misca, la force de l'Union africaine, n'ont pas permis de briser le cercle des attaques et des représailles, qui ont amené environ un million de Centrafricains, soit un quart de la population du pays, à fuir leur domicile.
"A un moment, chacun sera tenu responsable de ses actes, je mets en garde les fauteurs de troubles qui continuent de semer le désordre dans le pays", a déclaré Catherine Samba-Panza au cours de la cérémonie de présentation de l'armée.
Elle a appelé tous les militaires à reprendre leur service. Ceux qui refuseront seront considérés comme déserteurs, a-t-elle dit.
La plupart des hommes de la Séléka ont fui Bangui après la prestation de serment de la présidente par intérim le 23 janvier. Human Rights Watch a cependant rapporté mercredi qu'ils étaient en train de se regrouper dans le nord-est de la Centrafrique, où ils ont lancé une nouvelle vague d'attaques contre des civils.
HRW accuse les soldats tchadiens de la Misca de faciliter les déplacements des chefs de la Séléka, dont beaucoup de combattants sont originaires du Tchad et du Soudan.
"Pour offrir aux civils en République centrafricaine une protection effective, l'Union africaine doit impérativement mettre un terme aux activités des troupes tchadiennes appartenant à la force de maintien de la paix, qui vont directement à l'encontre de leur mission", a déclaré Peter Bouckaert.
Les autorités tchadiennes démentent apporter le moindre soutien aux Séléka. Des responsables de l'armée tchadienne ont dit mercredi avoir arrêté et désarmé 262 rebelles en fuite ayant pénétré en territoire tchadien. Plus de 300 armes, des munitions et une dizaine de véhicules ont été saisis.
"Nous sommes partis parce que nous avions trois forces contre nous: les anti-balaka, (l'ancienne armée) et les Français qui voulaient nous désarmer", a dit Ahmat Abdelkérim Bahar, un colonel de la Séléka, à un journaliste de Reuters dans la ville de Doba, au Tchad.
"Nous ne voulions pas donner nos armes aux Français, nous avons donc franchi la frontière pour les donner aux Tchadiens."
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