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Un souffle mauricien à Nuremberg

13 octobre 2009, 00:00

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Un souffle mauricien à Nuremberg

Une soirée mauricienne rayonnante et empreinte de nostalgie pour la communauté mauricienne vivant à Nuremberg en Allemagne. Telle était l’ambition affichée par le collectif culturel mauriciano-allemand Initiatives culturelles de Nuremberg. A la vue des photos qui nous sont parvenues, on peut que ce collectif a réussi son coup. Ci-dessous le texte que l’on nous a fait parvenir:

«Une exposition photographique sur l’île Maurice, une initiation au séga et à la cuisine mauricienne ont réuni bon nombre de visiteurs dans le centre socioculturel Awothek, dans la ville de Nuremberg récemment.

Un concept tout simple, proposé par le collectif culturel mauriciano-allemand Initiatives culturelles de Nuremberg. A l’issue de l’expo, deux photographes allemands, Rainer Eggstein et Jürgen Drössler, devaient choisir une série de photos de leur collection qui ont été exposées et commentées en diaporama lors de la soirée de clôture, le vendredi 25 septembre dans la Maison de la culture.

Largement connu pour ses activités interculturelles, ce lieu, se trouvant au centre de cette ville, a ouvert ses portes aux images des exposants, du 14 au 25 septembre. C’est devant une salle comble et dans une ambiance conviviale que les deux Allemands ont disserté sur leur représentation de l’île Maurice.

Ainsi, ont-ils rendu hommage, entre autres, à l’hospitalité mauricienne et au sens des relations sociales à Maurice. Ayant à leur actif plus de sept visites dans ce pays, ils ont fait montre d’une bonne connaissance des facettes de l’île, dépassant même son cachet exotique pour raconter l’autre île Maurice. Celle des gens simples, laborieux et hospitaliers. Tandis qu’ici Eggstein enrobait Laxmi, la cueilleuse de thé dans la plantation verte de Curepipe, ou encore Devanand, le charretier et sa charrette à bœufs comme on n’en trouve plus dans nos contrées rurales, Drössler encadrait là-bas Shariff, coiffeur de Modern Square, Vacoas, connu pour ses talents de conteur, rasant le visage mousseux d’un sexagénaire sur fond sépia et aussi la majestueuse montagne Le Morne en relatant sa légende avec des points de suspension comme pour laisser le public sur sa faim.

Esquisses d’une invitation au pays où jadis Baudelaire, Twain, Toulet et Bernardin de Saint-Pierre ont séjourné. Etoffée esthétiquement d’une présentation simple et poétique, la soirée fut toute en couleurs. On a eu droit à l’ouverture au poème de Robert-Edward Hart "Le Pays Mauricien" traduit en allemand et dit par un jeune compatriote Guillaume Thorsten au son de la ravanne. "Séga de liberté" de Jean Erenne, prévu dans le même souffle, n’a pu être proclamé car le conteur s’était déclaré indisponible.

Qu’importe! Les chants de Cassiya et de TiFrere, repris par l’équipe musicale, ont servi de fil conducteur au rythme de l’incontournable ravanne. On ne résiste pas à l’appel de Lapo Cabri, tendu et chauffé sur le cercle en bois .Tout d’un jet, une partie de l’assistance se mêlait aux cadences des danseuses avec un enthousiasme qui a étonné plus d''''uns. Cette alchimie mauricienne, on l’a vue a maintes reprises, fonctionne à tous les coups en terres étrangères.

Parallèlement a l’expo, fût aménagé dans la salle un coin médiathèque où certains livres et objets symboliques du pays furent exposés. Puisque l’assistance comprenait également des Francophones, étaient également disponibles des ouvrages aux titres évocateurs, tels que "Trou-D’eau-Douce" de Lawrence Nairac, "Bord-La Mer" avec les images et interviews de nos dockers, réalisés dans le port pendant les années 80, "Ti Frere" de Cangy et Poinen ainsi que ceux de Baissac et De L’Estrac déjà traduits en allemand pour la nouvelle génération. Un livret d’info sur le film documentaire Venus d’ailleurs de Gentil et Constantin et sur le Musée de la Photographie ainsi qu’une copie du manuscrit des textes poétiques de Jean Erenne, retrouvée chez une Française, Marie-Madeleine Cazala, suscitait également l’intérêt des inconditionnels du tourisme culturel.

Du tourisme justement, une documentation variée attirait les villégiateurs des voyages lointains. Les plats mijotés, tels que les rotis, rougaille et autres «gato-piman», faisaient le reste en exhumant un avant-goût de la cuisine mauricienne pour le plaisir de tous.

Tout compte fait, ce cocktail culturel fût digestible à plus d’un titre. Jean-Clair Girofflé, coordinateur du collectif Initiatives Interculturelles Maurice- Allemagne parle de la nécessité du réveil culturel de la diaspora mauricienne à travers le monde et appelle à plus de solidarité entre ses composantes. «Exilés ou pas, s’intégrer et s’adapter au pays d’accueil ne doit nullement émousser notre identité mauricienne. Au contraire, la rencontre avec l’autre nous oblige à revoir notre culture, notre histoire avant d’assumer cette interculturalité avec la population du pays-hôte”, confie-t-il, à cet effet.

Plus loin, il parle de multiples possibilités et de la sous-utilisation des organisations-mauriciennes d’outre-mer. «Je pense qu’il est grand temps de dépasser les sempiternels bals annuels mauriciens et voir modestement, par exemple, ce que nous pouvons pour le tourisme et autres défavorisés sociaux. Nous pouvons faire mieux mais les autorités mauriciennes, par le truchement des ambassades, doivent être parties prenantes des projets proposés. Il faut que nous ayons un interlocuteur, valable et crédible, à l’île Maurice”, conclut-il.»

 

Auteur : J.M.

Photos: Ingeborg Ganzmeir