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Vidya Charan «L’éducation sexuelle est fondamentale»

9 août 2011, 10:51

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Quel état des lieux faites-vous de la question de la santé sexuelle et reproductive en Afrique ?

La situation est très préoccupante. Il y a différents aspects de la santé sexuelle et reproductive qui affectent lavie quotidienne des individus, que ce soit les hommes, les jeunes et surtout les femmes. Il y a, à cet effet, un gros problème de santé maternelle et nous avons constaté que, sur le continent africain, les femmes souffrent beaucoup parce qu’elles n’ont pas accès à un service de qualité et à la contraception. Ce qui a pour conséquence un certain nombre de grossesses non-désirées et l’utilisation de moyens de contraception qui ne sont pas appropriés.

Beaucoup de pays africains n’ont pas le même niveau de services que Maurice. On y relève un manque d’informations et d’éducation par rapport à la santé sexuelle et reproductive.

Dans certains pays, le taux de mortalité maternelle peut s’élever à 13 %. Dans d’autres, comme le Kenya et l’Ethiopie, il peut même atteindre 30 %. Cela prouve que ces pays ne disposent pas de services de qualité et l’accès aux services existants provoque des complications de santé.

L’Afrique n’est pas non plus épargnée par d’autres problèmes comme le VIH/sida…

Effectivement. Le VIH/sida affecte surtout la partie subsaharienne du continent. Il y a aussi beaucoup de cas de maladies sexuellement transmissibles (MST). Il y a des pays où l’on continue à enregistrer des cas de mutilation génitale. Tout cela est dû au fait qu’il y a trop de tabous et les informations qui circulent sont incorrectes. Il faut aussi mentionner le fait que dans des pays où il y a des conflits, on retrouve de larges tranches de population qui sont en migration continuelle. Cela ajoute un fardeau additionnel aux pays qui les accueillent. Il faut donc créer de nouvelles structures pour répondre aux besoins de ce type de migrants, que ce soit en termes de santé ou de sécurité. Tout cela a un impact direct sur la santé sexuelle et reproductive de millions de gens.

Est-ce que la communauté internationale fait ce qu’il faut en de telles situations et Maurice a-t-elle un rôle à jouer ?

La communauté internationale fait une partie du travail.
Mais il reste beaucoup à faire pour accompagner ces personnes qui vivent en situation d’insécurité permanente.

Dans la région de l’Afrique, Maurice est l’un des rares pays à avoir atteint les Millennium Development Goals. L’expérience acquise dans le domaine du contrôle des naissances et de la planification familiale est une richesse qu’on peut partager avec d’autres pays de la région pour les aider à avoir une politique de population adaptée. De manière générale, beaucoup de partenaires apportent leur contribution.

Toutefois, celle-ci doit aller de pair avec des décisions politiques nationales afin d’être effective. L’aide externe seulement ne règle pas les problèmes.

Il est beaucoup question de grossesses précoces à Maurice. Est-ce une perception ou y a-t-il un réel problème en ce sens ?

Lorsque l’on parle du dynamisme de la population, l’on relève le phénomène du vieillissement de la population et celui du taux de fertilité en baisse. L’on voit aussi des problèmes surgir tels que les maladies et les infections qui affectent la population. Parallèlement, apparaissent les cas d’avortement et de grossesse précoce chez de jeunes filles de même que les cas d’agression sur des enfants. Ce sont des problèmes de société qui sont là et qu’il faut régler.

Comment ?

Il faut qu’il y ait des programmes concrets. L’éducation sexuelle est fondamentale. Oui, il y a beaucoup de cas de grossesse prématurée à Maurice. Par exemple, au Drop in Centre de Bell Village, on accueille, entre autres, des enfants victimes d’abus. Et, dans 50 % des cas, ce sont des fi lles en situation de grossesse précoce. Pour 2010, on compte 231 cas d’enfants victimes d’agressions sexuelles et 136 cas de grossesse chez des adolescentes. Le taux de fertilité, chez ces dernières, atteignait, en 2009, 31,4 %. Ce problème existe aussi à Rodrigues.

* Egalement vice-présidente de l’Association of Chief Executives of Member Associations of the Africa Region (ACEMAAR), sous l’égide de l’International Planned Parenthood Federation (IPPF).


 

Nazim ESOOF