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Vijay Makhan: «Pas grand-chose accomplie par l’UA pour faire respecter les règles»

18 mars 2009, 14:07

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Vijay Makhan est un passionné de la cause africaine. Aujourd’hui, il s’interroge sur le rôle que joue l’Union Africaine dans les conflits qui minent le continent. Il a déjà occupé les fonctions de secrétaire général de l’Organisation de l’Unité Africaine, ensuite commissaire de l’Union Africaine après avoir été secrétaire aux Affaires étrangères à Maurice. Analysant la situation à Madagascar, il met l’accent sur l’incapacité de l’Union Africaine à faire respecter les règles que ses Etats membres ont signées.


Que vous inspirent les événements à Madagascar?

Je trouve que c’est vraiment regrettable. Dans un pays comme Madagascar, la vie démocratique aurait dû être déterminée par les urnes et non par la rue. Or, il me semble que Madagascar soit prédestiné par ce genre d’instabilités politiques.

Prédestiné? Qu’est-ce qui vous fait dire cela?

C’est un grand pays et il y a toujours eu une tension entre les côtiers et les gens qui vivent sur les collines. Je ne peux pas affirmer que ce soit cela la source du problème. Mais je constate une sorte de schisme géographique. Sans aucun doute, il y a aussi une certaine façon de gérer qui mène à des soulèvements populaires. Les gens attendent un mieux-être de leurs vies au quotidien. Lorsque cela ne vient pas, tenant en compte le fait que nous connaissons une période de crise économique mondiale, les attentes déçues peuvent se transformer rapidement en révolte.

Quelle peut être la fonction de l’Union Africaine dans une telle situation?

En effet, il faudra voir quelle va être la réaction de la communauté internationale et, en particulier, de l’Union Africaine (UA). Est-ce que l’UA va appliquer ses règlements, auxquels ses Etats membres ont souscrits, sans tergiversation? Est-ce qu’elle va prendre la décision de ne pas reconnaître le nouveau régime? On sait que le rival de Marc Ravalomanana, Andry Rajoelina, n’a même pas l’âge requis pour être président de la République de Madagascar. On sait que la Constitution de la Grande Ile précise que pour être candidat au poste suprême, il faut être âgé d’au moins 40 ans.

Que fera l’UA dans ce cas?

On vous sent sceptique par rapport à l’UA. Y a-t-il une raison à cela?
Je suis effectivement sceptique. Lorsqu’on fait le tour de l’Afrique, on se rend qu’il n’y a pas grand-chose accomplie par l’UA pour faire respecter les règles. Certes, en Mauritanie, on a pu ramener le pays sur les rails de la démocratie en 2007. Mais, depuis, il y a eu un autre putsch. Probablement parce que l’accompagnement a été insuffisant. Pourtant, j’avais fait des recommandations en ce sens. Avec le nouveau président de l’UA qui demande que les sanctions soient levées contre la Mauritanie, je deviens encore plus sceptique. On est en train de brouiller le signal. Si les Etats membres signent des textes, il faut qu’ils soient amenés à respecter ces textes! Je déplore aussi le rôle des partenaires de l’UA. Soit l’Union Européenne, les Etats-Unis, la Chine, l’Inde… Ce sont des partenaires qui prennent des décisions qui vont à l’encontre des dispositions de la Commission. Des décisions qui reposent sur des considérations économiques et commerciales.

La situation à Madagascar va accroître la perception d’une Afrique incapable de se mettre au diapason du jeu démocratique…

C’est dommage que cette perception existe. Mais il importe de préciser qu’il y a des pays qui ont une tradition démocratique. Des pays comme le Botswana, le Kenya, le Sénégal, la Tanzanie, le Ghana… Mais on ne parle pas de ces pays. Les pays qui attirent l’attention de ceux qui n’ont des préoccupations qu’économiques et commerciaux sont ceux où jaillissent le pétrole…