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Vu pour vous : La parole selon Godspell
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Vu pour vous : La parole selon Godspell
Des airs qui vous restent dans la tête. Des taches de couleur qui vous restent au fond des yeux. Des ratés qui vous restent en travers de la gorge. Godspell, une comédie musicale mise en scène et traduite par le tandem Gérard Sullivan-Dev Virahsawmy, est un divertissement coloré, enthousiaste, où le fun et la gravité ne sont pas incompatibles. Godspell est à l’affiche au Indira Gandhi Centre for Indian Culture jusqu’au dimanche 25 août.
Le metteur en scène a choisi de confi er le rôle principal – Zezi – à un comédien tout neuf : Stéphane Lebon. Son défi : bouger un peu comme un automate sans être clownesque. Porter le maquillage, le pantalon à rayures et les bretelles, sans susciter le gros rire. Si la simplicité et la fraîcheur de Stéphane Lebon paient, il gagnerait à travailler sa présence scénique.
D’autant plus que Godspell est à la fois une oeuvre chorale et une pièce qui fait la part belle à de fortes individualités. Comme Jean Michel Ringadoo, en Judas mi-biker, mi-amiral. Sauf que déplacer une grosse moto – et un motard – pour les faire rouler sur à peine quelques centimètres sur scène, qui plus est derrière un grillage, ressemble, à s’y méprendre, à des efforts gaspillés.
Justement, en termes d’utilisation d’espace, la mise en scène a placé comédiens et musiciens sur scène. Donnant l’impression que les musiciens sont entassés les uns sur les autres, eux aussi derrière un grillage. Ceci dit, jouer cette comédie musicale au Indira Gandhi Centre for Indian Culture a le mérite de remettre en lumière une salle à la fois confortable et relativement discrète.
Qui dit comédie musicale dit bien évidemment maîtrise du chant. Les différences de niveau sont d’un contraste saisissant. S’il fallait une échelle des valeurs, il y aurait à une extrémité les voix d’opéra : Ringadoo, qui fait attention de ne pas trop en faire, et Katrin Caine, qui donne de l’amplitude aux refrains, mais qui, en solo, est un ton trop nasal. Au milieu : Didier Marcel, avec le timbre le plus adapté à ce genre exigeant qu’est la comédie musicale. À l’autre extrême : Aurélie Thomas qui confond puissance vocale et crier-à-casser- les-oreilles.
Qui dit comédie musicale dit pas de danse. La chorégraphie ne dépasse pas le basique. Assortie de grimaces, de tirages de langue, de «guzi guzi», pour bien nous faire comprendre que nous sommes dans un jardin d’enfants, un kids’ kingdom.
Un royaume où le «morisien» savoureux à la manière si caractéristique de Dev Virahsawmy est roi. On sent que dans le jardin d’enfants, il a pris plaisir à jouer avec le langaz Madam Sere. On sent qu’il s’est amusé à glisser des clins d’oeil à l’actualité, exemple, «lazistis enn ti pe aveg, ena Zachée gate», allusion au «Varma gate». Le dramaturge en lui n’a pas résisté à l’ironie en faisant dire à deux personnages : «To le get teat ? Plas tro ser ta.» Et quand il s’agit de «madja», il ne se fait pas prier pour «tous sali».
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