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Where the head is held high…

2 décembre 2012, 00:00

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« Where knowledge is free… Where the world has not been broken up into fragments by narrow domestic walls… Into that heaven of freedom, my father, let my country awake… » Ce sont des oeuvres provenant de plusieurs de ses recueils que Tagore traduisit du bengali à l’anglais, aboutissant aux 103 poèmes du Gitanjali . C’est la sélection qui fut rendue en français, par nul autre que le Prix Nobel André Gide et dont le titre, L’Offrande lyrique est une traduction presque littérale du mot gitanjali . C’est un autre Prix Nobel, le poète Juan Ramon Jiménez, qui traduisit une partie de Tagore en espagnol, alors qu’on doit l’édition allemande, Sangesopfer, à une historienne, Marie Luise Gothein.

Formidable réseau transfrontalier mis en place bien avant que n’apparaisse la notion même de globalisation.

Pour la version en kreol morisien du Gitanjali, initiative de notre compatriote Bhismadev Seebaluck, ce dernier a préféré un titre, très beau en l’occurrence, se détournant de la notion d’ offering pour privilégier le caractère éternel de ces chants : Lim pou leternite Quoi qu’il en soit, la contribution au patrimoine écrit en kreol est monumentale, la démarche culturelle on ne peut plus admirable.

Il y a eu, la semaine dernière, ont rapporté certains journaux, un festival kreol. Pour cela, M. Sik Yuen s’était coiffé d’une sorte de panama avachi et battant pavillon naufragé, alors que M. Choonee avait revêtu une chemise de King of Calypso du mardi gras 73 à Port- of- Spain. Ils étaient adorables, si délicieusement ringards. Et sans doute, dans leur esprit, si profondément kreol, au sens le plus profond, le plus culturel, le plus anthropologique du terme.

Imaginez ce que des décideurs un tant soit peu sensibles à la culture auraient pu imaginer dans un pays où un auteur vient de consacrer plusieurs mois à la traduction en kreol de Rabindranath Tagore. Dans un pays où, depuis déjà des années, un Mauricien d’adoption tel que Pratik Ghosh entraîne un groupe à chanter du Tagore. Dans un pays, bien sûr, où l’identité kreol est avant tout une ouverture dynamique et créatrice à toutes les composantes de ce qu’on pourrait appeler le Mauritian Narrative , le récit mauricien. Mais hélas, nous vivons au royaume de la répétition infi nie d’une sorte de médiocrité fondatrice.

Allez, préparons- nous déjà au festival 2013. Les consignes sont déjà connues : sofe ravann, amize kreol, atili- lehe- lala- he… ala Sik Yuen ek Choonee pou danse… « Where the mind is without fear… Where words come out from the depth of truth… Atili- lehe- lala- he… Where envoys behave as nations would hope… Where rights and dues maidservants claim… » Pas trop joli, hein, cette affaire de Son Excellence l’ambassadeur Soburun dans le New Jersey. Amende au tribunal ! Depuis 1708 en Grande- Bretagne, 1790 aux États- Unis, les représentants de pays étrangers ont bénéficié d’immunité diplomatique. Dans certains cas, lorsque les abus sont trop graves, des diplomates sont déclarés indésirables et rentrent rapidement chez eux. En revanche, on connaît peu de cas de représentant d’un pays se soumettant à un jugement de la justice du pays d’accueil. En l’absence de garanties quant à l’exhaustivité de la recherche, il vaut mieux ne rien affirmer mais il n’y aurait rien d’étonnant si nous devions apprendre que la condamnation de notre ambassadeur est une grande première dans le monde de la diplomatie.

Quand est- ce qu’il nous revient, notre monsieur Soburun ? Quand est- ce qu’une commission parlementaire examinera, lors d’audiences publiques, ceux qui aspirent à nous représenter à l’étranger ? On pourrait aussi évoquer la médiocrité des thèmes de campagne. De quoi débattraient- ils s’il n’y avait pas Gro Derek, Medpoint, MITD et l’IBA ? Tiens, de Tagore, peut- être.