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Dernier sondage d’Afrobarometer

Baisse de confiance dans la justice et la police

17 septembre 2024, 21:00

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Baisse de confiance dans la justice et la police

Cette incursion dans le creux même de la justice et de la police mauriciennes, deux institutions incontournables dans toute démocratie, a été réalisée entre avril et mai de cette année auprès d’un échantillon de 1 200 adultes. «Toute perception est colorée par l’émotion», disait le philosophe allemand Emmanuel Kant. Faut-il avoir cette citation derrière l’esprit en analysant les résultats du dernier sondage d’Afrobarometer portant sur la perception des membres du public par rapport à la justice et à la police ? La raison est que, toujours selon ce sondage, ces deux institutions ne semblent pas avoir bénéficié d’un niveau de confiance dû à l’importance qu’elles occupent dans une démocratie.

Quels sont les principaux enseignements de la dernière édition du sondage d’Afrobarometer réalisée par son représentant local StraConsult entre avril et mai de cette année auprès d’un échantillon de 1 200 adultes. Le rapport sur l’enquête intitulée «In Mauritius, courts and police confront weakened public trust amid persistent perceptions of corruption», portant sur la justice et la police, a été réalisé auprès d’un échantillon de 1 200 adultes assorti d’une marge d’erreur de +/-3 points de pourcentage avec un niveau de confidentialité autour de 95 %. Il met en évidence, entre autres : le niveau de confiance dans le système judiciaire a enregistré une chute de 23 % depuis 2012, seulement 56 % des Mauriciens interrogés disent qu’ils font une quelconque confiance ou une grande confiance à cette institution, et la catégorie de citoyens dont le niveau de confiance dans la justice est le plus bas est celle de ceux qui vivent dans la pauvreté, seulement un quart, soit 27 %, des personnes qui vivent dans une pauvreté extrême ou modérée ont manifesté leur confiance dans la justice.

La police n’est pas mieux logée par rapport à la justice selon ce dernier exercice d’Afrobarometer car, comparativement à un exercice réalisé en 2012, la police a enregistré une perte de 15 %. Seulement 52 % des personnes interrogées disent avoir confiance dans la force policière. Sur ce plan, le rapport d’Afrobarometer avance que les personnes aisées sont environ trois fois aussi susceptibles que les personnes pauvres de faire confiance aux officiers de police.

La corruption, pratique omniprésente

Par rapport au niveau de la perception de l’existence de la corruption, le score réalisé par ces deux institutions n’est encore une fois pas du niveau qu’on aurait cru qu’elles devraient jouir. Seulement un cinquième, soit 21 %, des personnes interrogées croient que la corruption n’existe pas parmi les juges et les magistrats. Par contre, deux tiers, soit 57 %, des personnes interrogées disent que certains le sont ; 8 % des personnes interrogées disent que la plupart de ces représentants de la justice sont corrompus, alors que 2 % des personnes interrogées disent croire que tous les juges et les magistrats sont corrompus.

Deux sur dix citoyens interrogés, soit 21 %, disent que la corruption est une pratique omniprésente au sein de la force policière. 73 % des personnes disent croire que certains membres de la force policière sont corrompus. Par contre, toujours selon les observations recueillies dans le cadre du sondage d’Afrobarometer, la perception que la corruption est un phénomène qui fait partie des moeurs propres à la force policière est autant présente chez les personnes pauvres que chez les personnes aisées.

Toutes les données publiées dans le cadre du rapport d’Afrobarometer s’articulent autour d’un même principe. Il s’agit de voir l’envers du décor par rapport à ce que font ceux qui sont chargés de rendre justice, et d’assurer la paix et la sécurité publique. Ces données reflètent ce que bien de personnes pensent tout bas et n’ont pas toujours la possibilité ou le courage de dire tout haut. C’est ainsi que procède Afrobarometer en vue d’effectuer un état des lieux du mode de fonctionnement de la démocratie dans le but de vérifier si celle-ci sert avant tout l’intérêt du peuple. C’est une méthode d’évaluation qui permet de mettre en lumière les points faibles et les manquements du système politique en place afin que les personnes chargées de gérer le service visé puissent prendre les mesures appropriées pour l’améliorer.

Depuis 1999, celle de 2024 étant la dixième incursion d’Afrobarometer au coeur du mode de fonctionnement du système politique en place dans 42 pays, les partenaires locaux d’Afrobarometer et la firme StraConsult à Maurice, effectuent des échanges en face-à-face avec les personnes ayant librement accepté de participer à un exercice de questions-réponses sur une thématique.