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Baisse possible des prix des produits pétroliers : Faire le plein avant le scrutin
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Baisse possible des prix des produits pétroliers : Faire le plein avant le scrutin
Les yeux seront particulièrement braqués cet après-midi sur l’issue de la réunion trimestrielle du Petroleum Pricing Committee (PPC). En cause, l’attente d’une baisse des prix pétroliers, tant souhaitée d’ailleurs par les automobilistes et autres gros consommateurs de carburants. Pravind Jugnauth réservera-t-il une nouvelle surprise à la veille des élections ?
La chute du cours mondial du Brent à US 72,83 le baril (cours du 17 septembre), une tendance observée ces derniers mois, plaide en faveur de cette baisse jamais atteinte depuis le déclenchement de la guerre russo-ukrainienne, en 2022, où il avait atteint un pic d’US 115 le baril. Pour autant, à la State Trading Corporation (STC), il n’est pas encore déterminé si la réunion d’aujourd’hui s’achèvera sur une baisse des prix.
Son General Manager, Rajiv Servansingh, est toutefois catégorique sur au moins une chose : il n’y aura pas de nouvelle hausse. Par contre, il ne peut garantir une éventuelle baisse, qui dépend, selon lui, de certaines variables : le résultat d’un exercice de comparaison effectué par les techniciens de la STC basé sur une moyenne des prix d’achat en dollar durant les trois derniers mois précédant la réunion et la projection des cours du marché pour les trois prochains mois. Mais aussi de voir les règlements à considérer quand le Price Stabilisation Account (PSA) est en situation déficitaire, ce qui est le cas actuellement, avec Rs 3,6 milliards. Tout compte fait, on peut comprendre que sur la base des explications de Rajiv Servansingh, les chauffeurs de taxi, les opérateurs industriels et les associations de consommateurs vont rester sur leur faim cet après-midi, les prix restant vraisemblablement inchangés, avec l’essence et le diesel à Rs 69,66 et Rs 63,95 le litre, respectivement. D’ailleurs, le General Manager remarque que si le ministre peut se prévaloir de ses pouvoirs pour annuler une augmentation, décidée par le PPC, il ne peut en revanche imposer une baisse.
Pour des observateurs, si la STC ne peut techniquement acter une baisse des prix, rien n’empêche que le gouvernement puisse, sur la base d’une «policy decision», proposer une décision dans ce sens en acceptant de compenser le déficit du PSA pour une période de trois mois, le temps de la prochaine réunion du PPC, en janvier 2025 et de la prochaine échéance électorale.
Or, c’est une des options privilégiées par le Sun Trust et une carte politique électoralement payante, la dernière peut-être avec le 14e mois, sur laquelle le Premier ministre pourrait s’appuyer pour séduire un électorat ébloui face à cette avalanche de cadeaux et qui ne fait que demander «what next». Bien entendu, il choisira le bon timing pour perpétuer un sentiment de «feel good factor» dans le pays. Ne parlons pas du financement. On est dans une économie de gratuité, comme l’économiste Eric Ng le décrypte si bien dans son analyse plus loin.
60 Dollars le baril
Jusqu’où ira cette chute vertigineuse du cours du pétrole à l’échelle mondiale, qui devrait impacter positivement la balance commerciale des pays insulaires comme Maurice, un gros importateur d’énergie fossile, avec une note pétrolière pesant lourd, presque un tiers des importations totales ? Aujourd’hui, les analystes semblent dire que le prix du pétrole pourrait encore baisser dans les mois à venir. Raison avancée par l’Agence internationale de l’énergie (AIE) : la surproduction de pétrole qui dépasse largement le niveau de la demande mondiale. Son analyse est que les capacités de production mondiale devraient augmenter de 6 millions de barils par jour d’ici à 2030, pour atteindre 114 millions de barils quotidiens, alors que la demande ne se situerait qu’autour de 106 millions de barils par jour, soit un surplus de près de 8 millions. Aujourd’hui, la consommation mondiale est de 104 millions de barils quotidiennement.
Face à ce scénario, les experts de Citi, une grosse pointure financière mondiale, prévoient une chute significative des cours du pétrole d’ici 2025, avec un baril descendu à 60 dollars, ce qui constitue une diminution de plus de 20 % par rapport aux prévisions initiales.
«Depuis plusieurs mois, le prix du pétrole brut a chuté de manière significative sur les marchés internationaux. Cette baisse est en grande partie due à l’affaiblissement de la demande, notamment en raison des craintes d’une récession mondiale. L’économie chinoise, traditionnellement un moteur important de la demande pétrolière, montre des signes de ralentissement. De plus, les efforts déployés pour accélérer la transition énergétique vers des sources d’énergie renouvelables réduisent peu à peu la dépendance au pétrole», analyse Imrith Ramtohul, spécialiste de la finance.
Parallèlement, il faut ajouter dans l’équation la décision de la Réserve fédérale (Fed) américaine d’abaisser demain ses taux pour la première fois depuis 2020. Ce qui mettra fin à une longue période de forte inflation aux États-Unis. La réunion de la Fed sera suivie de celle de la Banque d’Angleterre (BoE), ce jeudi, et de la Banque du Japon, le lendemain, toutes concernées par des décisions relatives à la politique monétaire.
En théorie, une baisse de 50 points ou 25 points de base de la Fed devrait entraîner un affaiblissement du dollar américain par rapport aux autres devises. «Si la roupie mauricienne se renforce à nouveau par rapport au dollar américain, comme noté depuis juin, où elle s’est appréciée de 2,65 %, et que le prix du pétrole baisse encore, conformément la tendance du jour, on pourrait s’attendre à ce que la facture pétrolière diminue de manière assez significative. Ce qui permettra de faire baisser les prix, voire le niveau d’inflation», insiste Imrith Ramtohul.
Plus largement, à en croire certains spécialistes, l’impact de cette décision monétaire américaine sur le marché du pétrole est beaucoup plus complexe. Le pétrole étant libellé en dollars américains, une baisse des taux d’intérêt a tendance à affaiblir le dollar sur les marchés mondiaux. Un dollar plus faible rend le pétrole moins cher pour les pays dont la devise n’est pas le dollar, augmentant ainsi leur capacité à importer. Cela pourrait théoriquement accroître la demande internationale et soutenir les prix du pétrole à court terme.
Au-delà des analyses des experts et des interprétations qu’on peut donner globalement à la chute des cours du pétrole sur les marchés étrangers, un fait s’impose : la gestion de la problématique des prix de l’essence et du diesel à Maurice, tant par la STC qu’au niveau de l’exécutif à l’Hôtel du gouvernement, reste pour le moins compliquée, socialement explosive et aujourd’hui politisée.
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