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Hommage

Clarel Betsy: «Baré Ti Frer, ala li vini»

10 février 2024, 22:00

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Clarel Betsy: «Baré Ti Frer, ala li vini»

Il avait ce pétillement, mélange d’humour et d’autodérision. Il avait ce titillement, venu de son rythme intérieur, qui vibrait au son de la musique. De toutes les musiques. The fizz has gone. Le chanteur Clarel Betsy s’en est allé. Il est décédé dans la nuit du lundi 5 au mardi 6 février. Il avait 72 ans. Il aurait eu 73 ans aujourd’hui samedi 10 février.

Pour la postérité, Clarel Betsy, c’est deux titres-patrimoine. Deux tubes qui datent des années 70-80. L’hommage qu’est Ti Frer. Et le poignant Mo Amélie «ki finn pran so pake y-alé. Mama ti dir zamé li pou revini».

Mais sa discographie, c’est bien plus que ça. Non, Clarel Betsy ne chantait pas que du séga. Il faisait du rock, de la fusion, donnait de la voix en français, en kreol, en anglais. Des ballades mélancoliques aux guitares électriques endiablées, Clarel Betsy, installé en France, a une longue série de 45 tours à son actif.

Au cours de ces deux dernières décennies, il revient présenter ses nouveaux singles au pays natal. Pas artiste à rester dans son coin, il collabore avec de nombreux artistes. En 2006, il est en duo avec Ardé Williams, chanteuse née en Afrique du Sud de parents mauriciens. En 2007, ce duo est sur le podium officiel des célébrations de la Fête nationale, pour les 39 ans de l’accession à l’Indépendance, devant Marc Ravalomanana, alors président malgache, qui est l’invité d’honneur des célébrations.

En 2009, le musicien écossais Sean Jackson interprète «Mo Amélie» au festival Pianorama organisé par le Commonwealth. En 2011, il revient sur la scène locale avec deux chansons enregistrées dans le studio de Gérard Louis : Kot dilo et Bel rivaz. Il confiait alors : «Souvent, les gens que je rencontre me demandent la suite de Ti Frer. Kot dilo s’inscrit dans la même lignée que ce séga qui est resté dans la mémoire de bon nombre. Mais Mo Amélie est le genre de chanson qu’on ne fait que once in a lifetime.» L’année suivante, en 2012, sort le single réalisé avec le groupe Abaim, Kas kas nicola. Nouveau single encore en 2017, intitulé Ki ler ?

Même s’il vit loin de Maurice, le chanteur assure se tenir au courant de tout ce qui s’y passe. Il raconte volontiers: «Lorsque j’ai débarqué en France et que j’ai trouvé Paris horrible, agressif, dur, impersonnel, je me suis débrouillé pour aller à Londres. J’y ai passé trois ans. Je partageais un appartement avec un couple anglais. Le mari était preneur de son à l’Olympic Studio. Les Rolling Stones, Cats Stevens, Johnny Hallyday, Paul McCartney fréquentaient les lieux. Je ne me suis pas gêné pour aller les voir travailler et les rencontrer.»

Il se construit un solide réseau de contacts. Il fait de la radio, devient correspondant de presse, croise le tout-Paris sur des plateaux de télévision, rencontre l’abbé Pierre. Mais toujours, il revenait au pays natal. Disant : «Ma plus grande fierté, c’est d’être Mauricien.» Ses funérailles auront lieu le mardi 13 février en l'église Saint-Maxime d’Antony en France.