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From Plaine-Corail to Thomas de la Rue
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From Plaine-Corail to Thomas de la Rue
Si le chef-lieu de la République de Maurice est bien secoué actuellement par les séquelles fâcheuses du démantèlement de la BAI, nos autres îles ont été elles aussi bien dans l’actualité ces derniers jours.
À Rodrigues, Serge Clair a actionné un détonateur qui risque de provoquer des fracas dans l’île principale de la République aussi, à moins que le Premier ministre ne joue à l’artificier pour désamorcer la bombe.
À Agalega, un très vilain événement s’est produit quand des écoliers ont jeté des fleurs au passage de deux Mahen ministres comme si des autochtones hawaiiens accueillaient leurs futurs maîtres venus des États-Unis. Ou dans une tradition bien indo-mauricienne, des jeunes mariés étaient bénis par les invités. Ce spectacle qui humilie les Agaléens est fortement condamné sur les réseaux sociaux.
Les ministres Mahen Jhugroo et Mahen Seeruttun ont allègrement participé à cette cérémonie de bénédiction. Jhugroo a poussé l’arrogance aussi loin que d’affirmer que les Agaléens lui témoignaient de la reconnaissance pour service rendu. On a expliqué à sa décharge que la cérémonie avait été organisée par des instituteurs. Mais les deux ministres sont-ils tellement naïfs à ne pas réaliser le côté hautement sensible de ce geste ? Ne savent-ils pas qu’on parle de plus en plus d’une prise de contrôle de cette île par les Indiens ? Avec tout ce que cela comporte en termes du positionnement des acteurs sur la scène géopolitique de l’océan Indien ? Fallait-il apporter de l’eau au moulin de ceux qui se spécialisent dans l’India-bashing ?
Autre événement majeur dans la vie de nos îles: la cause de notre archipel des Chagos a connu une nouvelle dimension avec l’engagement du Vatican dans notre légitime lutte de faire respecter notre souveraineté sur une partie de notre territoire. Après les maladresses diplomatiques du gouvernement aux Nations unies en se laissant mener en bateau par les Britanniques pour toute une année, le facteur Vatican vient offrir à la cause chagossienne un soutien au poids éminemment énorme.
À Rodrigues, la décision de l’équipe de Serge Clair de redonner le nom de PlaineCorail à l’aéroport qui honore le leader historique du PMSD ouvre une véritable boîte de Pandore, à moins que Port-Louis n’étouffe dans l’œuf cette singulière démarche. En effet, si l’aéroport de Rodrigues est déduvalisé, bien vite la demande pour enlever le nom de sir Seewoosagur Ramgoolam de l’aéroport de Plaisance gagnerait en ampleur. Mais, à Rodrigues même, le fait de dé-mauricianiser l’aéroport devrait connaître une suite logique avec plusieurs autres revendications de Serge Clair, qui pourraient finalement déboucher un jour sur l’indépendance même de cette île. Après le changement du nom de l’aéroport, Serge Clair pourrait réclamer une rodriganisation plus poussée de la police, de l’administration, même le remplacement de l’anglais par le français.
En bon opportuniste, Serge Clair a réalisé que le PMSD ne partageant plus le pouvoir avec le MSM, l’animosité politique entre le PMSD et le gouvernement connaît une escalade, surtout avec la nomination de Xavier-Luc Duval comme leader de l’opposition. Pravind Jugnauth et son allié ML voulant combattre le PMSD pourraient être tentés de soutenir Serge Clair dans sa demande de changement de nom. Sir Anerood Jugnauth, Paul Bérenger et Navin Ramgoolam n’auraient jamais sanctionné une telle décision de Serge Clair. Tout comme Plaine-Corail réhabilité pourrait déclencher de nouvelles revendications à Rodrigues, dans l’île principale aussi des demandes de changement de nom n’épargneraient aucun symbole. Après Plaisance, on ferait la même demande pour l’hôpital du Nord et une avenue centrale de Port-Louis jadis honorant un certain Desforges. Mais qui était Desforges ?
Un colonisateur? On pourrait même voir naître un mouvement de jeunes révolutionnaires réclamant l’élimination de tous les noms de colonisateurs, furent-ils hollandais, portugais, français ou anglais. Un peu à la manière du MMM de 1969. Ce mouvement pourrait même proposer de nouveaux noms pour remplacer PortLouis, Triolet, d’Epinay, Stanley, Maingard. Bien que Triolet soit devenu Tiryole en bhojpuri, ce grand village du Nord pourrait inciter certains à remplacer son nom français. Mais le nom même du pays n’honore-t-il pas un prince hollandais? Tout comme Rodrigues tire son nom du pilote portugais Diégo Rodriguez, qui «découvrit» cette belle île un 4 février 1528.
Le plus grand bouleversement à Maurice pourrait voir l’élimination des billets de banques et de pièces de monnaie frappés à l’effigie de sir Gaëtan Duval, sir Seewoosagur Ramgoolam, Sookdeo Bissoondoyal, sir Abdool Razack Mohamed, Maurice Paturau et Jean Ah-Chuen. Au fait, cette revendication pourrait être soutenue par des décideurs et leurs courtiers car le remplacement des billets de banque et pièces de monnaie coûterait des centaines de millions et prendrait la forme d’un nouveau jackpot.
Finalement, Plaine-Corail pourrait être le point de départ d’une grande aventure qui finira par une frénétique chasse au trésor dans la capitale britannique qui abrite le grand imprimeur de billets de banque Thomas de la Rue, très connu des Mauriciens. Ou encore en Australie, si on va tout plastifier. Mais quelle que soit la technologie adoptée, que le fournisseur soit britannique ou australien, le business s’annoncerait alléchant pour les décideurs et leurs courtiers.
Sans le vouloir, Serge Clair aura finalement roulé pour des vautours basés dans l’île principale de la République.
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